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Billet de Maestitia, par Myriam Ould-Hamouda…

Publié le 27 janvier 2015 par Chatquilouche @chatquilouche

« On s’était juré de ne jamais vivre ailleurs que dans une maison avec des taschat qui louche maykan alain gagnon francophonie d’fenêtres, et d’y laisser pousser nos rêves de mômes à la lumière du jour. Mais à cracher chaque soir dessus pour sceller des promesses qui ont trop bu, les fenêtres finissent pas se prendre pour des murs ; et à tenter de franchir le seuil de la porte blindée, les rêves de mômes se couvrent de bleus. Et ils ont beau crier, s’époumoner jusqu’à manquer d’oxygène, s’évanouir sur le tapis ; si les murs ont des oreilles, les voisins, eux, ont la télé. La solitude ne se mesure pas au nombre d’amis sur ton compte Facebook. La solitude, c’est une histoire qui commence dans la foule et le bruit – sauf que tu ne reconnais aucun visage, sauf que tu n’as pas pris brouhaha LV1 – et qui finit au fond de ton nombril et d’un verre à moitié vide. La solitude, c’est une histoire de silences qui font trop de bruit et de sourires qui montrent les dents. Une histoire qui commence sur un canapé – à côté d’une bouche qui mâche depuis mille ans déjà la même feuille de salade – et qui termine de l’autre côté de la porte blindée. Des fois que l’air y soit plus respirable, des fois qu’ailleurs on y soit encore un peu. Mais là-bas les pots d’échappement ont pris le pas sur le parfum des lilas, et les carrefours ont été nappés d’un macadam froid. Derrière chaque choix, y’a toujours mille et un peut-être qui crèvent. Au milieu d’une bande de potes, certains arrivent encore à sentir la rosée du matin. Mais quand ta jambe de bois cogne un peu trop fort contre le bitume, t’as beau poker du mieux que tu peux, le goût du sang dans la soupe tiède ne s’oublie pas. L’enfance ne se soigne pas toujours à coup de mercurochrome, de bonbons guérisseurs ou de bisous esquimaux. Les rides ne camouflent pas les cicatrices, et les grosses colères ne sont jamais bien loin. Prêtes à éclater n’importe où. Dans une église ou un hôpital, devant Monsieur le Curé qui s’impatiente ou la sage-femme qui crie que, vraiment, c’est pas le moment. Mais sur le carrelage de la salle de bain, ça fait encore plus de bruit que la télé des voisins. La colère, c’est une passion qui a mal tourné. La même qui donne envie dans les romans ou les films – parce que même le mec qui chiale devant son verre de scotch ça rend bien. Mais dans la vie, t’as jamais un réalisateur pour te dire comment hurler juste, pas même un éclairagiste pour apporter un peu d’intensité à ton regard vitreux, et c’est toujours ton meilleur profil qui s’écrase contre les lames de ton plancher. Et puis la passion, à vingt ans on trouve ça mignon, mais au fil des années ça finit par rimer avec névrose

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crédit photo macadam-addict.fr

– le temps a ses raisons que le poète ignore. Un index qui pointe, des pouces qui tombent, des majeurs qui se dressent et des mineurs en cavale. On était des gosses en sursis. On s’était juré de ne jamais vivre ailleurs que dans une maison avec des tas d’fenêtres, de garder un œil sur ce monde qu’on voulait bouffer jusqu’à plus soif. On a laissé la maison aux huissiers, nos rêves à un mec qui faisait la manche dans la rue, on a troqué l’horizon contre une bouteille de whisky, le quotidien contre un asile de fortune. On a laissé les bonnes intentions à l’enfer et l’enfer aux autres, on a tourné le dos à nos serments et nos nuits d’insomnie ; et dans le lit des sans-papiers, on s’est aimé plus loin que l’alphabet et le bout de son nez. »

Notice biographique

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Myriam Ould-Hamouda (alias Maestitia) voit le jour à Belfort (Franche-Comté) en 1987. Elle travaille au sein d’une association pour personnes retraitées où elle anime, entre autres, des ateliers d’écriture.  C’est en focalisant son énergie sur le théâtre et le dessin qu’elle a acquis et développé son sens du mouvement, teinté de sonorités, et sa douceur en bataille — autant de fils conducteurs vers sa passion primordiale : l’écriture. Elle écrit comme elle vit, et vit comme elle parle.  Récemment, elle a créé un blogue Un peu d’on mais sans œufs, où elle dévoile sa vision du monde à travers ses mots – oscillant entre prose et poésie – et quelques croquis,  au ton humoristique, dans lesquels elle met en scène des tranches de vie : http://blogmaestitia.xawaxx.org/

(Une invitation à visiter le jumeau du Chat Qui Louche :https://maykan2.wordpress.com/)


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