Date de sortie 14 janvier 2015

Réalisé par Damián Szifrón
Avec Ricardo Darín, Oscar Martinez, Leonardo Sbaraglia,
Erica Rivas, Dario Grandinetti, Julieta Zylberberg, Rita Cortese
Titre original Relatos salvajes
Genre Comédie dramatique
Production Argentine, Espagnole
Les Nouveaux sauvages remet au goût du jour les films à sketches que l'on pouvait voir dans les années 60, notamment en Italie avec Parlons femmes. Les Nouveaux sauvages a fait partie de la Compétition du 67ème Festival de Cannes en 2014. Fait intéressant, le festival n’avait sélectionné aucun film à sketch depuis Le Sens de la vie des Monty Python, qui obtint le grand prix spécial du jury en 1983.
Les acteurs du film sont tous en provenance de milieux différents et ont été réunis pour la première fois par Damián Szifrón dans le film. Ainsi, certains viennent du cinéma indépendant, d'autres du cinéma underground ou encore de la télévision.
Le film Les Nouveaux sauvages est nommé dans la catégorie
du Meilleur film étranger aux Oscars 2015.
Synopsis
L'inégalité, l'injustice et l'exigence auxquelles nous expose le monde où l'on vit provoquent du stress et des dépressions chez beaucoup de gens. Certains craquent.
Les Nouveaux sauvages est un film sur eux.
Six sketches au total qui n'ont a priori rien à voir les uns avec les autres. Un point commun cependant: aucune retenue dans le comportement des personnages. Ils poussent jusqu'au bout leurs réactions brutales face aux frustrations que leur suscitent l'absurdité et le cynisme du monde dans lequel ils vivent.
L'humiliation est le dénominateur commun à tous, du raté de la musique classique, le seul à n'apparaître jamais sur l'écran, à la serveuse de restaurant qui retrouve comme client l'agent immobilier dont le cynisme a provoqué le suicide de son père; du mal loti qui ne supporte pas l'arrogance du conducteur d'une Audi et rejoue à la lutte des classes sur le mode musclé et sanglant à l'ingénieur en explosifs qui fait sauter la fourrière municipale après s'être heurté plusieurs fois à un employé municipal borné; et enfin de l'industriel fortuné, lassé de voir son entourage profiter de la situation difficile qu'il traverse pour lui extorquer des millions, à la mariée découvrant au cours de la noce les infidélités de son jeune mari.
Ballottés par des bouleversements imprévisibles qui affectent leur vie, les personnages du film sont attirés par l’abîme et s’abandonnent au plaisir indéniable consistant à lâcher prise, finissant par franchir la frontière ténue entre civilisation et barbarie.

Et si le règne absolu de l'argent dans notre monde dit civilisé était la source essentielle de la frustration des personnages ? Car c'est bien lui qui a causé la mort du père de la serveuse et conduit à des représailles sanglantes sa fille et la collègue de cette dernière.
Lui aussi qui attise la colère des deux acteurs de l'épisode routier l'un envers l'autre et les transforme en deux représentants hystériques et caricaturaux de la lutte des classes.
Lui encore, par le refus de payer un simple PV de stationnement interdit, qui pousse l'ingénieur à exercer ses talents d'artificier contre le Léviathan administratif.
Et que dire de cette négociation sordide sur le montant et la répartition des bakchichs que l'industriel est prêt à verser à son jardinier, à son avocat et au procureur, pour sortir son fils de la situation difficile dans laquelle il s'est mis?
Sans parler du bouquet final de la noce où, derrière le vernis de la somptueuse réception et de l'ambiance conviviale autour des familles et amis des mariés, affleure la cupidité et les combines douteuses du marié et de ses parents.
Le message est clair: cet argent omniprésent est la source de notre incapacité à progresser sur le dur chemin de l'accession à l'humanité. Moïse l'avait déjà dit en condamnant les adorateurs du veau d'or. Une petite piqûre de rappel ne peut pas faire de mal.
Le préambule du film est un hommage au cinéma de l’espagnol Pedro Almodovar, qui coproduit Les Nouveaux sauvages avec son frère Agustin, via leur société de production El Deseo. Cette séquence relate l'expérience de rares passagers d’un avion de ligne qui se rendent compte, peu à peu, qu’ils ont tous un lien avec un des membres de l’équipage – lequel n’aspire qu’à se venger des peines, notamment sentimentales, dont il estime ses passagers responsables.
Une phrase, de Damian Szifron : "Je mesurais à quel point c'est satisfaisant de ne pas réprimer ses réactions; combien cela peut être frustrant si on ne réagit pas".

Avec un film à sketchs, il avait peu de chances de décrocher là bas la palme d'or.
Tous les sketchs des Nouveaux sauvages ont un thème commun : celui du "pétage de plomb" qui passe par la vengeance, la catharsis ou la destruction. Le réalisateur est en quelque sorte également passé par ces étapes lors de la fabrication de son film.
Les nouveaux sauvages a connu un vrai phénomène de société en Argentine où il a fini l’année en tête du box-office, devant les productions américaines. Vendu comme un film de crise, répondant à l’accumulation d’injustices par des vengeances jubilatoires, la comédie à sketchs de Damián Szifrón a traversé les frontières précédée d’un statut de film culte.
L’aspect politique est présent lors des premiers sketchs qui évoquent en toile de fond une société argentine étouffée par la corruption et les inégalités économiques. Mais cette critique sociale n’est qu’une vague toile de fond. Le propos du film, plus modeste, se rapprochant en réalité du sympathique God Bless America de Bob Goldwaith qui voyait un duo improbable embarqué dans un road-movie sanglant pour régler leurs comptes à tous les cons.
Les nouveaux sauvages s'offre une bande-son signée par Gustavo Santaolalla.
Sources :
http://www.atlantico.fr
http://toutelaculture.com - Gilles Hérail
http://www.cinenacional.com
http://www.avoir-alire.com - Terrence Baelen
http://www.imdb.com/





Mon opinion
Je ne connaissais pas Damián Szifrón. La plus grande partie des membres du casting m'étaient également totalement inconnus.
Une curiosité donc, largement récompensée par le plaisir ressenti du début à la toute fin du film . Une très grande et belle surprise. Un vrai coup en plein cœur.
L'intelligence du tout jeune scénariste et réalisateur lui permet tout. Mêler avec brio le démoniaque, la jalousie, l'amour aussi, un mariage mémorable, la bêtise, le pouvoir et les compromis qui vont avec, la prise de tête avec les méandres de l'administration sans oublier la corruption. Avec, comme trait d'union entre chaque séquence, l'exaspération et la violence, provoquées par des tracas quotidiens, qui paraissent dans ce long-métrage totalement démesurées.
Le tout mis en scène avec brio.
Derrière la farce se dessine une sévère critique de la société argentine, certes, mais également de nos sociétés libérales qui n'en sont que le parfait reflet. Avec ce détail, entre autres, celui de l'argent qui améliorerait les rapports entre coupables et la justice. Mais ça, on fait semblant de ne pas y croire !
Que dire des comédiens ? Il faudrait les citer tous. Un casting de premier ordre.
Damián Szifrón est un virtuose qui balaie tout sur son passage, un cinéaste argentin à suivre.
Ses Nouveaux sauvages vont vite, décoiffent et font un bien fou.
