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Men, Women & Children

Publié le 17 décembre 2014 par Cinealain

Men, Women & Children


Avec Ansel Elgort, Jennifer Garner, Adam Sandler,

Timothée Chalame, Olivia Crocicchia, Kaitlyn Dever,

Rosemarie DeWitt, Dean Norris

et la voix d'Emma Thompson


Genre Comédie dramatique


Production Américaine

Le scénario de ce sixième long-métrage de Jason Reitman est adapté d'un roman de l'écrivain américain Chad Kultgen, qui s'intitule également . Écrivain atypique et controversé, Chad Kultgen, a pour thème de prédilection la sexualité des Américains, qu'il décrit dans ses oeuvres sans détour et avec misogynie.

est le quatrième roman que Jason Reitman adapte au cinéma, après Thank you for smoking, et Last days of Summer.

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Jason Reitman est un passionné des écrits de Chad Kultgen, qu'il considère comme un visionnaire ayant parfaitement assimilé les nouveaux moyens de communications des jeunes à l'heure du numérique. "Chad s'est révélé sociologue : il a parfaitement su incarner chacun des personnages et rendre compte de leur rapport au web", ajoute-t-il.

Pour la première fois cependant, le réalisateur propose un film choral, qui suit cinq adolescents et cinq parents, dans leurs relations les uns avec les autres et dans leurs rapports aux nouvelles technologies de communication.

se fait le témoin d'une révolution dont on ne voit sans doute aujourd'hui que les prémisses, et qui actualise des questions intemporelles : comment se comprendre les uns les autres ? Comment rompre la solitude ?

"Ce film n'a pas pour ambition de donner des réponses à ce qui se passe actuellement [...] Le film n'entend que refléter son époque, ici et maintenant. Avec un peu de chance, il poussera le spectateur à réfléchir sur son identité, sur sa place dans la société et sur ses rapports à son entourage", explique Jason Reitman.

brosse le portrait de lycéens leurs rapports, leurs modes de communication, l'image qu'ils ont d'eux-mêmes et leur vie amoureuse.

Le film commence comme un conte, avec une voix off de circonstance qui pose l'intrigue sur la base d'une double métaphore. Le programme Voyager vient d'être lancé. Une sonde spatiale tourne autour de notre planète. Son mouvement traduit à la fois le recul que les hommes ne savent plus prendre et l'introspection qu'ils évitent

Le film aborde ainsi plusieurs enjeux sociétaux, comme la culture des jeux vidéo, l'anorexie, l'infidélité, la course à la célébrité et la prolifération de contenus illicites sur Internet.

Tandis que les personnages s'engagent dans des trajectoires, dont l'issue est parfois heureuse et parfois tragique, il est désormais évident que personne ne peut rester insensible à ce bouleversement culturel qui déferle sur nos téléphones, nos tablettes et nos ordinateurs.

Ce drame choral explore de manière intime les tourments qui gangrènent tous les âges, celui des parents frustrés dans leur couple, comme celui des ados à côté de leurs baskets.

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Patricia Beltmeyer pour elle. Une phobie qui la pousse à (Jennifer Garner) étouffe sa fille en voulant régenter sa vie d'adolescente. Elle est persuadée qu'internet est un danger "nettoyer" quotidiennement téléphone portable et page Facebook de son adolescente pour qui, l'idylle naissante avec Tim Mooney

Kaitlyn Dever et Ansel Elgort

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Il y a aussi ce mari et père éconduit (Dean Norris) qui n'arrive pas à attirer l'attention de son fils, réfugié dans les jeux vidéo et son idylle naissante. Ou encore la jeune fille anorexique qui trouve compassion et considération auprès de ses "cyber-copines" pro-ana.

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Dean Norris et Judy Greer

De leur côté, Don Truby (Adam Sandler) et sa femme Helen (Rosemarie DeWitt) englué dans un quotidien morose cherche réconfort et affection sur des sites de rencontre ou YouPorn...

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Ansel Elgort, l'interprète de Tim Mooney, est très sollicité par les studios hollywoodiens. Après un premier rôle dans le remake de Carrie, la vengeance, le jeune comédien est devenu très vite populaire et est apparu dans plusieurs productions (et non des moindres) en 2014.

est le troisième long métrage le mettant en scène cette même année.

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Ansel Elgort

Alors qu'il se rendait en avion à Cleveland pour y voir son père, Jason Reitman s'est aperçu que Jennifer Garner était installée juste devant lui. Il lui tendit alors son iPad en lui disant "Voici mon prochain film et j'aimerais que tu incarnes Patricia". Au moment de l'atterrissage, l'actrice rejoignit le casting de , huit mois avant le début du tournage.

Jennifer Garner

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Pour structurer le film et tisser un lien entre les divers personnages en intrigues, Jason Reitman a fait appel à une narratrice. Pour l'incarner, le réalisateur avait une voix en tête : celle d'Emma Thompson. La scénariste Erin Cressida Wilson ajoute : "Il a toujours été question d'avoir une voix-off dans le film. Tout au long de l'écriture, j'entendais la voix d'Emma, et j'ai donc écrit pour elle."

C'est au Texas, à Austin précisément, que Jason Reitman et son équipe se sont rendus pour le tournage de . Le coup d'envoi des enregistrements a été donné le 16 décembre 2013.

"Ce film raconte très bien comment les relations pathologiques s'expriment dans le numérique", explique . "Comment, en particulier, cette mère inquiète qui tente de juguler sa peur par un contrôle toujours plus grand de sa fille, grâce aux outils numériques. Toute la question est de savoir ce qu'est cette peur".
Pourquoi certains parents cherchent-ils autant à maîtriser les actions numériques de leurs ados ?

Michael Stora "Cette femme tente de faire le deuil de sa position de mère. Elle cherche à garder une emprise sur sa fille ce qui a comme souvent l'effet inverse : elle la pousse à la transgression... La question reste de savoir ce que cette fille venait colmater chez sa mère. L'un des moments forts du film est quand cette femme découvre, à l'hôpital, l'amour véritable des deux adolescents. Elle est renvoyée, sans doute, à son propre vieillissement et à son moindre pouvoir d'attractivité, à son impuissance."
Les outils augmentent-ils les pathologies ou sont-ils juste un vecteur neutre ?


"Les outils sont anxiogènes. Ils reculent les limites du possible, dans les deux sens. Dans le jeu du gendarme et du voleur, on peut surveiller plus loin, tricher plus loin. L'anxiété croît avec le champ des possibles. Les outils amplifient et reflètent des positionnements psychiques moins visible avant : la jalousie d'une mère pour sa fille, ou le fait qu'elle veuille au contraire vivre au travers d'elle... "
Qu'est ce que ces parents ratent, eux qui sont plutôt bienveillants et inquiets pour leurs ados ?


"Il leur faut accepter que leurs ados "adviennent", se réalisent en tant qu'adultes, sans eux. Ils doivent donc refuser la facilité du voyeurisme des écrans. Il faut se méfier des complicités mal placées et malsaines avec ses enfants. Chacun doit connaître sa place pour continuer à exister près de l'autre. Être là avec quelqu'un, et ne pas être à côté tout en parlant à quelqu'un d'autre, et même - comme le film le montre aussi, en disant du mal de lui... Le sentiment d'ubiquité avec lequel nous sommes désormais familiarisé (je peux être présent dans plusieurs endroits à la fois) confine parfois à la duplicité (je ne suis pas sûr d'être loyal dans tous les plans de mes actions). Mais il renvoie à un sentiment d'inexistence, de vide, de mort. En fait, à un profond sentiment de solitude. Nous sommes un point dans l'univers. Le film le rappelle régulièrement. C'est sa conclusion. "

Propos recueillis par Anne Pichon et relevés sur psychologies.com

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Internet et ses addicts.

Mais aussi, une mère trop protectrice. Une autre qui veut pour sa fille, une carrière dont elle rêvait pour elle-même. Des adolescentes anorexiques. Un couple en panne qui tente de se libérer via des sites libertins ou carrément pornographiques. Quantité de jeunes qui ne communiquent plus que via sms. Autant de sujets qui sont bien le triste et pâle reflet de notre monde d'aujourd'hui, de nous-mêmes, aussi.

Le réalisateur plonge le spectateur au milieu toutes ces nouvelles technologies, dont la dernière annihile toutes les précédentes. Plus toujours plus, mais dans le même temps un grand saut dans la solitude. Dans le vide.

Est-ce l'effet miroir que le film renvoie à notre propre existence qui dérange ? Peut-être un peu. Pas toujours facile de reconnaître que toute cette technologie pénètre dans l'inimité de nos vies personnelles.

Jason Reitman n'impose pas son point de vue. Le film n'est en rien moralisateur et reste un constat. Aux spectateurs de se situer, dans le réel ou le virtuel. Exercice difficile.

En tête du casting, Ansel Elgort confirme, après Nos étoiles contraires, un talent certain.

Le réalisateur a déclaré : "Avec un peu de chance, ce film poussera le spectateur à réfléchir sur son identité, sur sa place dans la société et sur ses rapports à son entourage".

Puisse son message passer et remettre, pour certains, les pendules à l'heure.


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