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7 années d'acquisitions du Musée d'Orsay

Publié le 28 janvier 2015 par Mpbernet

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Pas besoin de réservation préalable pour participer à une visite guidée au musée d'Orsay. Il suffit de consulter le programme et de se pointer au guichet n°6 avec son billet et d'acquitter les 4,50€ de redevance supplémentaire pour bénéficier des compétences éminentes d'une conférencière, dans le calme d'écouteurs très confortables, qui vous permettent d'aller musarder autour des autres oeuvres exposées sans perdre une miette de son discours.

Yvonne Lerolle

Ainsi n'étions nous que 10 à visiter l'exposition consacrée à une sélection des oeuvres d'art acquises par le musée au cours des exercices 2008 - 2014. C'est à la fois un cours d'histoire de l'art, d'économie, de droit ... et de fiscalité. Une manière aussi de comprendre comment une institution culturelle est aussi une entreprise, et qu'elle se doit d'investir pour assurer l'intérêt continu de ses visiteurs.

En 7 ans, le Musée d’Orsay a acquis 4000 œuvres supplémentaires, dont 2000 qu’il qualifie d'« importantes » et 200 de « majeures ». « Acquis » ne veut pas dire « acheté ». Le musée dispose certes d’un budget de 3 millions, financé par 16% du prix des billets. Ce montant est abondé par les donations (legs, mécénat, contribution de la SAMO (Société des Amis du Musée) et de l'AFMO (American's Friends of Musée d'Orsay), ainsi que par les « dations en paiement » (règlement des droits de succession par remises d’œuvres exceptionnelles).   

Beaudelaire

Parmi les acquisitions les plus représentatives, ne figure pas que la peinture mais aussi des objets d'art et des meubles caractéristiques de la période - l'Art Nouveau - pieusement restaurés. Il n'y a pas que des pièces françaises, car le musée s'attache à compléter ses collections par des objets provenant d'Europe de Nord (Saarinen) et Centrale (une merveilleuse chaise de Koloman Moser), d'Italie (Zecchin, Bugatti), des Etats-Unis (mobilier d'Herter-Brothers).

Le musée n'a pas la capacité à se porter acquéreur en vente publique d'oeuvres majeures d'impressionnistes qui à elles seules exploseraient son budget. Cependant, il a la possibilité d'en bloquer le départ de France et de négocier, puis de trouver un mécénat adéquat.

cercleroyale

Il est intéressant aussi de savoir aussi combien ont coûté certaines oeuvres caractéristiques de la période, comme ce grand format de James Tissot représentant le Club de la rue Royale, qui montre une équipe de dandys sur la terrasse devant la place de la Concorde, acquis pour 3 millions d'euros. C'est grâce au succès de l'exposition Monet de 2010-2011 que cette oeuvre a pu être achetée. Quelques pas plus loin, on admire la merveilleuse tapisserie conçue par Edward Burne-Jones représentant l'adoration des mages, donnée au musée par Pierre Bergé à l'occasion de la dispersion de la collection Saint-Laurent.

Mes coups de coeur ? La danseuse en maillot, l'un des derniers pastels d'Edgar Degas, toute cernée de noir, qui annonce furieusement Picasso, le cabinet doré et les petites chaises dans le goût Louis XVI de Follot, la somptueuse "Symphonie pastorale" de Pierre Bonnard dans la salle 1, quelques toiles et études de Vallotton, la photographie "volée" de Charles Beaudelaire apparaissant furtivement derrière le papier de fond de celle d'un certain Monsieur Arnauldet, Les Mille et une nuits de Vittorio Zecchin qui ressemble à un Klimt, le curieux petit bureau à cylindre de la reine Marguerite de Savoie, des toiles de Maurice Denis et en particulier le grand triple portrait d'Yvonne Lerolle - Madame Eugène Rouart) sur la terrasse de Saint-Cloud.

Burne-Jones

toilette vallotton

zecchin

Ce tableau a une histoire. Il a été acquis grâce à la participation, d'abord un chèque anonyme de 300 000€ puis des dons réguliers de Georges D. Havas, un canadien né en Moravie en 1929, rescapé d'Auschwitz et rapatrié par la gare d'Orsay. En souvenir de ce lieu qui fut celui de sa libération, il a ensuite légué tous ses biens au musée. Il vînt une fois à Paris pour vérifier que son nom figurait bien sur le quartel du tableau qu'il avait contribué à accrocher sur ses cimaises .... Ecouter cette  histoire le jour de commémoration de la libération du camp d'Auschwitz était aussi un clin d'oeil ...

Degas

7 ans de réflexion, exposition au 5ème étage du Musée d'Orsay, jusqu'au 22 février, à partir de 9h 30, fermé le lundi.


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