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[Critique] L’INTERVIEW QUI TUE

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] L’INTERVIEW QUI TUE

Titre original : The Interview

Note:

★
★
★
½
☆

Origine : États-Unis
Réalisateur : Seth Rogen/Evan Goldberg
Distribution : Seth Rogen, James Franco, Lizzy Caplan, Randall Park, Timothy Simons, Anders Holm, Diana Bang…
Genre : Comédie/Action
Date de sortie : 28 janvier 2015

Le Pitch :
Un producteur et un animateur de talk show en recherche de reconnaissance, parviennent à décrocher une interview exclusive de Kim Jong-un, le dirigeant de la Corée du Nord. Les Services Secrets américains en profitent alors pour les charger d’une mission à hauts risques : éliminer le leader politique. Une mission que les deux hommes ne sont pas en mesure de refuser…

La Critique :
Le film de la dernière grosse polémique est enfin dans les salles françaises ! Après les menaces reçues par Sony et le monumental piratage dont la firme fut victime, après la rétractation du studio, l’intervention d’Obama qui affirma que ne pas sortir le long-métrage était une erreur, les multiples voix qui se sont élevés, et les déclarations à peine ambiguës du porte-parole de Kim Jong-un, L’Interview qui tue a pu se frayer un chemin dans les salles obscures. Aux États-Unis, le film fut le premier à être diffusé en simultané dans quelques cinémas, en VOD, sur YouTube, sur le Xbox Live, sur le site de Sony et sur le Google Play. Un tapage inédit pour une comédie qui sans ça, n’aurait véritablement intéressé que les fans de Seth Rogen, d’Evan Goldberg et de James Franco. En gros, ceux qui ont adoré C’est la Fin, la série Freaks and Geeks, ou Délire Express, et qui guettent chaque nouvelle sortie de l’un des membres de cette joyeuse équipe de comiques régnant depuis quelques années désormais sur la comédie américaine, chapeautés de près ou de loin par celui qui les a tous lancés (ou presque), à savoir Judd Apatow.
Au lieu de cela, beaucoup de spectateurs se sont procurés et on vu L’Interview qui tue. Tout ça pour déclarer par la suite que le film n’avait rien de vraiment polémique et qu’au fond, il ne s’agissait que d’un trip assez vulgaire et anecdotique. Le scandale en forme de grosse publicité offrit certes au film du duo Rogen /Goldberg une visibilité inespérée, mais aussi l’occasion de se faire descendre par des spectateurs d’habitude peu enclins à se laisser tenter par de telles œuvres. Il fut de plus largement piraté et aura bien du mal à rentrer dans ses frais…
On entend donc ici ou là que L’Interview qui tue n’est pas si violent que ça et qu’au fond, la charge politique à l’encontre de Kim Jong-un n’est pas si virulente qu’annoncée. Non en effet. Et pour cause : L’Interview qui tue n’est pas une fiction géopolitique. Il ne l’a jamais été et n’a jamais voulu l’être. Au départ, il n’était d’ailleurs pas question de la Corée du Nord mais d’un pays imaginaire, et si le fait d’aborder de front une personnalité aussi protégée et redoutée que Kim Jong-un prouve que Seth Rogen et Evan Goldberg ont une grosse paire de cojones, les deux amis n’ont en aucun cas voulu tomber dans une réflexion géopolitique teintée d’humour. Leur film est uniquement une comédie. Une comédie teintée d’action, avec pour toile de fond les tensions entre la Corée du Nord et les États-Unis. Rien de plus. Et les fans savent que c’est déjà beaucoup !

L'Interview-qui-tue

Mettons donc tout l’aspect « scandaleux » de toute façon galvaudé de côté, pour nous intéresser au film lui-même.
L’Interview qui tue, avec son outrance poussée dans ses derniers retranchements, et son méta-humour riche en références, s’inscrit dans la pure tradition des films avec (ou de) Seth Rogen. Dès le début, avec une fausse interview d’un célèbre rappeur américain, le long-métrage donne le ton et jamais il ne déviera d’un cahier des charges de toute façon fait pour ne pas plaire à tout le monde. Le cinéma de Rogen n’est pas de ceux qui se plient aux conventions si ce n’est aux siennes. L’Interview qui tue part dans tous les sens, et ne recule devant aucune blague bien grasse. Mais si il manie avec brio un humour qui tâche, le film de Seth Rogen et d’Evan Goldberg, à l’instar de leur précédent et excellent C’est la Fin, axe aussi sa dynamique sur l’amitié qui unit à l’écran et à la ville les deux acteurs principaux. Les films de cette génération de comédiens s’attachent depuis les débuts (à savoir la série Freaks and Geeks), à retranscrire à l’écran une émotion inhérente à l’attachement entre des acteurs qui évoluent et progressent ensemble hors caméra. Seth Rogen et James Franco, mais aussi Lizzy Caplan, se connaissent bien et offrent à cette œuvre frondeuse un naturel qui va au-delà de l’histoire qu’elle raconte. On peut y être allergique mais on peut aussi apprécier le fait que quoi qu’ils jouent, ces acteurs ne font finalement jamais semblant de bien s’entendre, conférant du même coup à leurs films, une authenticité prégnante des plus appréciables.
De quoi y aller franco quand il s’agit d’exploiter les moindres pistes d’un script assez souple. Celui-ci comme les autres autorise tous les délires, qu’ils se situent dans les dialogues ou dans l’action. Là encore, le film peut s’avérer excluant quand on n’apprécie pas particulièrement ce genre de trucs, mais aussi et surtout spécialement jubilatoire quand on aime. Du côté de l’action pure et dure, le délire aussi est de mise, avec un dernier quart complètement azimuté, durant lequel tous les enjeux explosent. Au propre comme au figuré.

Au final, L’Interview qui tue, avec son propos politique qui a déclenché la polémique, n’est rien d’autre qu’une comédie efficace et plutôt bien fagotée. En soi, c’est déjà beaucoup car le but ici est de faire rire. Ni plus excluant que les précédents films des réalisateurs, ni plus fédérateur, le film a bien sûr souffert du scandale qu’il a soulevé presque malgré lui. On est tout à fait en droit d’y préférer d’autres comédies emballées par le duo ou dans lesquelles figurent les mêmes acteurs. L’Interview qui tue n’apporte rien de plus qu’une bonne occasion de s’en payer une tranche. Il s’agit en somme d’un trip plutôt modeste, inutilement exposé aux critiques de personnes inexplicablement en demande d’un violent pamphlet politique. Une comédie réussie, parcourue de flamboyances notables, dotée d’un ardent désir de parler de son époque. Des États-Unis et de leur toute puissance principalement, sans non plus trop creuser son sujet. Dommage d’ailleurs que l’aspect satirique du film soit du coup passé inaperçu, tant ici, c’est avant tout l’Oncle Sam qui ramasse…

@ Gilles Rolland

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Crédits photos : Sony Pictures Releasing France

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