Jade a 30 ans. Elle est journaliste, vient de se séparer de Julien, un jeune homme avec qui elle a vécu 5 ans et leur avenir était en quelque sorte tracé. Mais Jade est une jeune fille vive, qui veut vivre à fond, être surprise par la vie alors elle décide de le quitter. En parallèle, sa grand-mère, sa Mamoune, celle qui sent la violette, celle qui l’a tant aimée petite, celle qu’elle ne connaît pour ainsi dire pas, est sur le point d’être transférée en maison de retraite par ses filles. Jade décide alors d’aller la chercher et de l’emmener dans son appartement parisien. Ainsi débute la curieuse histoire d’une jeune trentenaire qui héberge sa Mamoune de plus de 80 ans. Ensemble elles vont se découvrir. Jade va en apprendre bien plus sur la réelle vie de sa grand-mère qu’elle ne l’aurait pensé et cette dernière va l’aider à aller au bout de son manuscrit, à sa manière.
Retrouver l’écriture de Frédérique Deghelt fut un réel plaisir littéraire. Des mots, des phrases simples, sensibles, pleines d’affection permettent de mesurer à quel point cette petite-fille et cette grand-mère s’aiment. Le rapport à la vieillesse, que ce soit dans les yeux de Jade ou dans celui de sa Mamoune est à la fois doux et douloureux. Cela pose la question du rapport que l’on a, selon nos âges, au temps. Cette vie que l’on croit si longue à 20 ans, ce temps qui file à vive allure, ce temps qui marque la peau, le mouvement, ce temps qui est un allié dans la douleur et qui est à la fois si précieux et douloureux. J’aime profondément les livres qui traitent de cela, de la vieillesse, du temps car ils nous aident à prendre conscience que nous ne sommes pas éternels. J’ai un peu moins été embarquée par l’histoire du manuscrit de Jade, ces questionnements de l’écrivain que je n’arrive pas à apprécier à sa juste valeur me sentant très loin de ces considérations. C’est la raison pour laquelle parfois le roman m’a moins « tenu ». Pourtant j’ai continué car l’alternance des voix de Jade et de Jeanne, sa Mamoune, donne un bon rythme de lecture. J’ai cru que Frédérique Deghelt était tombée dans la facilité avec des protagonistes presque parfaits. On aurait envie d’avoir cette grand-mère, de connaître ce bel indien, d’avoir la vie de Jade…c’était bien mal connaître le talent de cette auteure et le coup de massue du chapitre final qui a envoyé valser tout ce que je voulais écrire sur ce livre. Ce chapitre m’a rattrapé, bien au-delà de ce que je ne pensais. Je ne peux en révéler plus mais c’est à lire, indéniablement…