Quand je suis partie avec ma baguette sous le bras, je ne me suis même pas proposé de prendre le vélo, pour une fois. Parce que, de toute la journée d'hier, on n'avait déjà plus un poil de sec et que, avec cette étrange lumière jaune dans le plafond bas qu'on appelait hier le ciel, on pouvait déjà prédire que le temps n'allait pas s'arranger.
Une demi-heure plus tard, il devait être presque 19 heures, alors que les enfants de l'orchestre entonnaient un air connu, l'ouragan se déchaînait. Quelques parents retardataires (ou des personnes égarées pressées de s'abriter) se sont précipitées dans le préau, ruisselantes.
Là, tous réunis, dans une chaleur moite, l'atmosphère était à la fin du monde. Avec la musique de l'orchestre, on aurait pu se croire en plein naufrage du Titanic. Au mieux, transportés d'Indre en Inde pour la mousson...
(d'après Patrice, il est tombé hier à Saint-Maur plus de 38 mm d'eau en une heure !)Après le déluge, on attendait presque Noé et son arche, mais le rideau de pluie s'étant enfin éclairci, les enfants, libérés, ont découvert ébahis que leur terrain de foot s'était miraculeusement transformé en piscine et il a fallu insister vraiment pour qu'ils n'entament pas illico une partie de water-polo. De même, Arnaud Clément, venu assister à notre petite fête, a pu constater de visu qu'on ne lui racontait pas de blagues au sujet du mauvais drainage de la cour ...
La pluie continuait, moins drue. Mais c'est là l'avantage de choisir une école pour faire la fête des voisins : on peut au besoin se transporter à l'abri. Et pour se remettre de ses émotions, la joyeuse compagnie des parents et des enseignants a déployé les tréteaux de la Mairie sous le préau, sorti les sacs-glacières et saucissonné en choeur. Bien sûr, les sanitaires étaient un peu inondés, mais ça n'a pas représenté une trop grande gêne.
C'est un drame dans ces cas-là d'être un peu connu par les enfants, parce qu'on a dû goûter à tous les desserts appétissants de tous les parents, et du coup, je n'ai pas dormi de la nuit : le gâteau aux ananas faisant des reproches au fondant au chocolat, qui lui-même jalousait la charlotte aux framboises et le flan à la noix de coco, pendant que les fraises du jardin et les fraises tagada se tiraient la tronche dans mon estomac. Une vraie cour de récré avec moi dans mon lit, il a fallu ressouder les amitiés au bicarbonate...
Ni les voitures de pompiers qui sillonaient les rues, donnant à la Zup des airs d'après-catastrophe, ni les ordures déposées au milieu de la voie publique par le torrent, ni les affiches à la colle fondue sous les assauts de la tempête n'ont tout de même pu gâcher ma bonne humeur, au sortir de cette fête des voisins. Pour tous les participants, (je suis passée à toutes les tables pour poser la question... non, non, pas pour réclamer un surplus de dessert !), environ 150 à vue de nez, c'était leur première expérience.
Une expérience réussie et qui de l'avis de tous mérite d'être reconduite.
En espérant que, l'année prochaine, on puisse s'installer... à ciel ouvert.