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« Le crowdfunding permet d’injecter des millions d’euros dans l’économie réelle »

Publié le 29 janvier 2015 par Pnordey @latelier

Qu’il repose sur un système de don ou de prêt rémunérateur, le crowdfunding prend de l’ampleur. Vincent Ricordeau, fondateur de la première plateforme française KissKissBankBank, fait état de l’évolution du phénomène.

L'Atelier : Quand avez-vous lancé KissKissBankBank et qu’est-ce qui vous a inspiré ce projet à l’époque ?

Vincent Ricordeau : KissKissBankBank a été lancé en 2010, mais nous avons commencé à réfléchir au projet en 2007, et avons quitté nos emplois respectifs pour nous y consacrer pleinement en 2008. L’univers du crowdfunding n’existait pas à l’époque, nous étions donc très loin d’imaginer qu’il remporterait un tel succès aujourd’hui… L’idée de départ nous est venue en observant le succès de MySpace : nous qui étions de grands fans de culture indépendante, nous réalisions que la scène était bien plus fournie que ce que nous pensions, et que le net était pour les artistes un formidable moyen de se faire connaître. Nous avons tenté d’imaginer l’étape suivante : si la sphère internet permettait aux artistes indépendants de gagner en renommée, pourquoi ne pourrait-elle pas aussi les financer ? C’est ainsi qu’est né KissKissBankBank : de l’idée de financer la culture autrement.

« Le crowdfunding permet d’injecter des millions d’euros dans l’économie réelle »

Les statistiques de KissKissBankBank depuis sa création en 2010. © KissKissBankBank

L'Atelier : Vous avez ensuite créé une seconde plateforme de crowdfunding…

Vincent Ricordeau : Très vite, nous avons constaté que ce système de financement des artistes par une communauté élargie à l’aide des réseaux sociaux fonctionnait, mais qu’il était adapté à tout projet créatif. Nous avons ainsi commencé à accepter des projets scientifiques, technologiques, humanitaires… KissKissBankBank est devenue une plateforme de crowdfunding pour projets culturels ou technologiquement innovants. Puis nous avons monté une seconde plateforme, Hello Merci, destinée aux micro-entreprises.
Peu à peu, en voyant que le système fonctionnait, les politiques ont commencé à s’y intéresser…. De très nombreuses entreprises peinent à trouver des financements, et le crowdfunding permet d’injecter des millions d’euros dans l’économie réelle. Ils ont donc construit un cadre règlementaire.

L'Atelier : En quoi consiste ce dernier ?

Vincent Ricordeau : Encore très récemment, seules les banques avaient le droit de prêter de l’argent contre rémunération. Sur KissKissBankBank et Hello Merci, les pourvoyeurs de fond ne gagnent pas d’argent, ils font des dons pour financer des projets qui leur tiennent à cœur. Le décret de loi sur le financement participatif, signé par Emmanuel Macron et entré en vigueur le premier octobre 2014, fait sauter le monopole bancaire et permet aux particuliers de prêter aux entreprises avec taux d’intérêt. L’étape suivante, ce serait d’autoriser les entreprises à prêter aux entreprises.  Ce projet figure dans la loi Macron actuellement examinée à l’assemblée.

« Le crowdfunding permet d’injecter des millions d’euros dans l’économie réelle »
« Le crowdfunding permet d’injecter des millions d’euros dans l’économie réelle »

Le taux de projets réussissant leur collecte sur KissKissBankBank a largement augmenté depuis ses débuts, tout comme le nombre de projets lancés. © KissKissBankBank

L'Atelier : Cette ouverture réglementaire vous a permis d’ouvrir une troisième plateforme de financement participatif …

Vincent Ricordeau : Le 18 novembre dernier, nous avons lancé Lendopolis, qui permet aux patrons de PME de chercher des financements auprès des internautes. Contrairement à nos deux plateformes précédentes, celle-ci permet aux particuliers d’obtenir un retour financier. Les prêts sont rémunérés par des taux de 5 à 12% par an. Pour l’heure, c’est un succès puisque sur quinze projets lancés, neuf ont obtenu leur financement en moins d’une semaine.

L'Atelier : Le crowdfunding ne se cantonne donc plus à un système de dons, il devient rémunérateur… ne craignez-vous pas qu’il perde ainsi une partie de son âme ?

Vincent Ricordeau : Il faut à tout prix respecter l’ADN du financement participatif, qui implique de passer du temps, de créer un climat de confiance. L’expérience prouve que l’intelligence collective est plus forte que celle des experts : en Angleterre, le taux de défaut des plateformes de financement participatif est ainsi plus performant que celui des établissements bancaires…


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