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Je me suis fait à l’idée que c’était pour la vie…

Publié le 30 janvier 2015 par Lana

Des précisions de l’auteur du témoignage « Je voudrais donner un peu d’espoir aux schizophrènes » sur ses symptômes:

Je pense que dans les précédents paragraphes, j’ai dû faire une erreur sur le début de ma maladie. Une chose est sur elle à commencé bien avant mes quarante ans.
En fait cela ne fait que huit ans que je n’ai pas fait de rechute, que je suis stabilisé.
La dose de Risperdal quotidienne que je prend le soir, me rappelle que j’ai une épée de Damoclès au dessus de la tête, comme tous les gens qui sont condamnés à prendre des médicaments à vie… Je me suis fait à l’idée que c’était pour la vie…
Je voudrai décrire quelques symptômes que j’ai eu dans mes délires.

Comme je le disais dans le paragraphe précédent, je pensais être harcelé par des voix télépathiquement. Voix que j’attribuaient à mon voisinage proche.
Les voix la plupart du temps n’avaient rien d’empathique.
C’était comme si j’étais harcelé par des gens sans cœur, des coquilles vides, un peu comme des pervers narcissiques.
Ces voix me dévalorisaient. Elles faisaient référence souvent à la sexualité, me culpabilisait. Elles voyaient aux travers des murs. Je n’étais jamais seul, elles surveillaient mes moindres faits et gestes.
Le plus souvent une voix féminine prenait ma défense, se faisait mon avocat pendant que d’autres plutôt masculines me dévalorisaient, m’insultaient.
J’en étais arrivé à tomber « amoureux » de la voix féminine à qui j’avais donné un prénom.
Les voix méchantes aussi avaient leur nom, à ma façon je les dévalorisais, les ridiculisais. Je me défendais comme je pouvais, j’essayais de leur faire entendre raison et tout ça par la pensée.
Je parlais rarement tout seul comme beaucoup de schizophrènes.
Ces voix communiquaient rarement directement avec moi. Elles ne s’adressaient jamais à moi personnellement.
Elles parlaient entre elles sur moi, débattaient de ce qui était bien, se disputaient entre elles.
C’était infernal ça ne s’arrêtait que dans mes périodes de sommeil. Quand elles se manifestaient la nuit c’était pendant mes phases de réveil. Je dormais peu dans les crises de délire.

Dans un moment de délire assez long je me suis senti agressé par tout le quartier.
J’entendais ou semblait entendre tout ce qui se passait derrière les murs, les portes, les fenêtres de tout les appartements.
C’était un peu comme si les murs était devenus de papier. Plus personne n’avait d’intimité.
Les gens se parlaient entre eux par télépathie, s’engueulaient, faisaient l’amour…
Paradoxalement j’affichais un comportement « normal » hors de chez moi devant le public physique bien en chair et en os. Bien que parfois je criais par la fenêtre…
Plus en voiture je m’éloignais de la grande ville ou j’habite, plus les voix, les bruits diminuaient, pour réapparaître la ville, ou la bourgade suivante.
Je commençais d’envisager d’acheter un fourgon pour dormir au calme dans un chemin, dans une forêt, un peu comme les personnes électrosensibles.
Mon internement mis fin au projet…

Un jour par lassitude j’ai été voir mon médecin généraliste tout en continuant à entendre des voix, j’avais encore du discernement…
J’ai suivi son conseil, j’ai été aux urgences psychiatriques du CHU de mon plein gré.
Quand on m’a sanglé sur un brancard, alors que je commençais à m’agiter (ma voiture était garée sur un parking payant et ils ne me laissaient pas sortir pour mettre des pièces dans le parcmètre) j’ai eu de la haine contre les soignants.
Cela pour moi commençait à ressembler à un internement abusif.
Maintenant je les comprends, ils ne savent jamais à qui ils ont affaire. Ils agissaient pour ma sécurité, la sécurité des autres patients et la leur.
Certains de leur collègues avaient été blessés et tués par des cas psychiatrique dans le passé. Ce qui est encore le cas, maintenant et je comprends leur prudence.

Tout ceci est un descriptif assez sommaire de mes délires.
Dans des périodes j’avais même le pouvoir de faire disparaître des objets, de les rendre invisibles.
Moi aussi j’avais le pouvoir de me rendre invisible.
Les voix voyaient aux travers de mes yeux, j’étais une sorte de réceptacle.
Les voix étaient dans ma tête ou peut être dans une autre dimension, un monde parallèle, peut être l’enfer…

Mais tout cela n’est que suppositions. La science n’a jamais démontré physiquement l’existence d’univers parallèles.
Restons dans le cartésianisme, ne partons pas dans un délire…En général une crise commence comme ça…Boostée par l’imagination…On se met à essayer de comprendre ce qui nous arrive, à inventer des concepts, des théories plus abracadabrantes les une que les autres, des tentatives d’explications aux voix qui envahissent votre tête.


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