Bienvenue dans ce premier numéro de Runtrospective, chronique faisant la rétrospective au run d'un auteur sur une série, personnage ou univers. Dans ce premier numéro nous allons donc nous intéresser au run de Mike Baron sur Flash....
Il y a soixante quinze ans, Gardner Fox et Harry Lampert créait le personnage de Jay Garrick dans Flash Comics #1 en janvier 1940. Après être tombé dans l'oublie, le personnage de Flash est relancé seize ans plus tard avec le personnage de Barry Allen, cette fois-ci créé par Robert Kanigher, John Broome et Carmine Infantino. Cette nouvelle version du personnage devient le symbole du Silver Age, celui qui va réussir à lancer une nouvelle ère pour les comics books de super-héros en introduisant le Multivers et le héros ordinaire. Mais en 1985, Crisis on Infinite Earths frappe et parmi les victimes se trouve Barry. C'est la première fois qu'un héros aussi important meurt au combat, mais la popularité du personnage fait que DC relance la série solo du personnage avec un nouveau porteur du costume : Wally West. Cette nouvelle série, intitulée Flash, est confiée à Mike Baron qui va écrire au total quatorze numéros et un annual entre 1987 et 1988.
Le run de Baron fait directement suite à deux œuvres majeures des années 1980 de chez DC, ayant les mêmes auteurs : Marv Wolfman et George Pérez. En 1980, les auteurs avaient relancé les Teen Titans en créant une nouvelle équipe puis en 1985, Crisis on Infinite Earths. Dans cette deux séries, les auteurs avaient respectivement mis en avant les personnages de Wally West et Barry Allen. Créé en 1959 par John Broome et Infantino, Wally est au départ présenté comme Kid Flash, side-kick de Barry, jusqu'en 1986 dans Crisis on Infinite Earths #12 où Wolfman et Pérez font de Wally le nouveau Flash. Wally devient donc le premier side-kick a devenir un héros à part entière. Reprenant cette base, Baron va développer la mythologie de West en élevant ce jeune héros encore débutant au rang de mythe super-héroïque.
Baron souhaite d'abord mettre en avant la double vie de Wally : être super-héros au quotidien. Contrairement à Batman, Superman ou même son prédécesseur, la véritable identité de ce nouveau Flash est publique, tout le monde la connaît, ce qui permet d'introduire de nouvelles possibilités scénaristiques parmi lesquels de nouvelles menaces. En plus de cela, Baron va mettre en avant la jeunesse du personnage principal. Lorsque Wally devient Flash, le jeune homme a vingt ans et on sent que le jeune homme a dû mal à se rendre compte qu'il n'est plus un acolyte mais bien le protecteur d'une ville. Cela est explicité dès les premières pages du premier numéro du run où Wally retrouve ses amis membres des Teen Titans et on voit directement une différence entre les personnages : alors que Wally est devenu Flash, Dick n'est pas encore devenu Batman, de même que Donna Troy n'est pas devenue Wonder Woman. Wally reste donc encore attaché à son étiquette d'acolyte, de peur de jouer dans la cours des grands sans doute.
Mais Baron ne s'arrête pas là. Dès son premier numéro, l'auteur change complètement le statut-quo de Wally. Dans les premières cases Wally achète un ticket de loto pour nous dévoiler dans les dernières cases que Wally a gagné, qu'il est désormais millionaire. Cette nouvelle fortune va permettre à Baron de présenter une facette qui jusqu'alors avait été absente du personnage car elle n'était pas dans sa nature : Baron va faire de Flash un playboy. Finis le jeune homme vivant que vous et moi, désormais Wally habite dans une maison de luxe, possède une voiture de sport et est accompagné de conquêtes féminines à la manière d'un Tony Stark ou d'un Bruce Wayne, chose qui n'aurait jamais eu lieu sous l'ère de Barry Allen. Mais Baron ne cherche pas non plus à rendre son personnage trop irréel, ainsi ce nouveau Flash est moins rapide que son prédécesseur et a besoin de manger beaucoup plus de nourriture, de même, Wally ne peut plus enchaîner des courses à la suite à cause de la fatigue. Baron présente ainsi les problèmes de santé auxquels notre héros est confronté.
Mais que serait un héros sans des adversaires capables de rivaliser avec lui ? Dans son premier arc, Baron se contente de ramener un des plus anciens vilains de l'univers DC : Vandal Savage, vilain qu'il fera revenir plus tard, à la toute fin de son run. Mais le reste du run va être composé de vilains originaux, créés de toutes pièces et correspondant aux peurs du héros et du lecteur, quelque chose déjà fait dans les comics : les nouvelles technologies, un être possédant lui aussi une super-vitesse, ect... En plus de créer des vilains, Baron va également créer des personnages secondaires attachants comme Tina McGee, une scientifique de S.T.A.R. Labs qui va devenir une des petites amies de Wally, ou encore la Red Trinity, une équipe de speeders Soviétiques. Autre chose importante que Baron va développer : la relation parents/enfant entre Wally et ses parents qui contrairement à ceux de Bruce Wayne ou d'Hal Jordan sont encore vivants et savent les risques que prend leur fils. Une relation forte, touchante et crédible.
Le seul défaut que je peux trouver à ce run est qu'il ne comporte pas d'histoires marquantes. Chaque arc/histoire s'étendait entre deux et quatre numéros ne permettant ainsi pas d'offrir quelque chose de marquant. D'un autre côté le fait que ces histoires soient courtes permettent d'entamer facilement la série. On pourrait autrement voire que les quatorze numéros ne forment qu'une seule et même histoire : celle de l'évolution de Wally dans sa vie d'adulte et ses relations avec ses amis et les membres de sa famille.
Au final, en quatorze numéros, Mike Baron aura réinventé la mythologie de Flash en faisant de Wally un véritable héros et en proposant des histoires courtes aura réussi à s'éloigner de ce que les auteurs avaient fait précédemment. Baron quitte la série au numéro quatorze et est remplacé par William Messner-Loebs. Ce dernier va s'efforcer de continuer le travail de son prédécesseur et fera ça jusqu'au numéro 62 où il est remplacé par Mark Waid qui débute ainsi son run acclamé sur le personnage. Mais ça, c'est une autre histoire...