Vous avez certainement connaissance du plot : prisonnière de la "maison des femmes" depuis sa naissance, notre narratrice contemple sa mère, cette femme belle et triste, ne vivant que de l'espérance du pardon. Enfermée avec d'autres pour des crimes, réels ou supposés, contre les lois et la morale des hommes, sa mère attend que son époux vienne la libérer. Et pourtant, la porte est ouverte, chacune pourrait fuir et reconstruire sa vie. Mais non. Écrasées par la tradition et la culpabilité, ces femmes restent entre elles, se guettant mutuellement, se soutenant. A peine oppressant. Et notre jeune héroïne ? Elle nourrit un amour fou pour sa mère...
Sans nom, sans origine, cette jeune femme veut échapper au poids de la loi patriarcale, qui punit même les innocentes, qui se méfie de la femme, qui juge et condamne. Elle seule ose se révolter. Elle seule cherche à se confronter au monde, à l'homme. Elle se lève et s'avance, comme une petite Antigone, à la conquête de sa propre liberté. Il y a d'ailleurs dans ce livre quelques airs de tragédie grecque : le destin et la loi semblent régner en maîtres. Et le monologue intérieur de l'héroïne, direct, clair, parfois sensuel et lourd, nourrit cette impression. De même que l'universalité du texte, sans ancrage dans le temps ou l'espace.
La forme théâtrale aurait peut-être mieux servi cette oeuvre, que j'ai trouvé belle et étouffante, pleine de tensions, mais aussi distante et impersonnelle. Un beau texte, pour un sujet qui est toujours d'actualité, l'oppression des femmes par les hommes, avec le consentement et l'amour de ces dernières.
