Je l'avais dit la semaine passée lors du billet concours consacré au film, parmi les 3-4 films qui sortent au mois de février et que j'ai eu la chance de voir en avant première, Félix et Meira, qui sort mercredi prochain en salles ( mais a priori dans un nombre restreint de salles), fait incontestablement partie des plus beaux, de par son histoire que par son traitement.
Il faut dire que j'entends parler de ce "petit"film depuis quelques mois déjà , depuis qu'il a été sélectionné au Festival International du Film de Toronto en 2014, où il remporta le prix du meilleur film canadien face aux fameux "Mommy" de Dolan ou au "Maps to the stars" de David Cronenberg , évidemment à la surprise générale ( c'était un peu David contre Goliath), et fut admirablement bien accueilli par de nombreux autres festivals où il fut projeté.
Les spectateurs francais n’ayant jamais entendu parler des deux premiers long-métrages du réalisateur Maxime Giraud (deux films inédits en France), ce "Felix et Meira" est donc une vraie curiosité qui ne peut qu’intriguer les cinéphiles. Quant aux cinéphiles comme moi qui n’aiment rien autant que les belles histoires d’amour impossibles entre deux êtres que tout oppose, la curiosité en est forcément décuplée…
Alors, évidemment vous pourrez me rétorquer que ce thème ( ces histoires d'amour entre deux personnes que tout oppose) a été déjà mille fois ( au moins) rebattu au cinéma, mais personnellement ca ne me fait rien du tout, bien au contraire, d'autant plus que, cette fois ci, le cinéaste apporte quelques petites variations à cette histoire de romance a priori impossible, celle tout d'abord de la situer se déroule à l'intérieur d'une communauté juive-hassidique de Montréal, et l'autre de mélanger le romanesque de l'histoire à une approche très naturaliste, presque documentaire du quotidien de cette communauté que le cinéaste connait bien pour avoir longuement vécu dans le quartier hassidique de Montréal.
Si cette approche naturaliste peut entrainer une certaine lenteur dans l'installation des situations, c'est aussi ce qui apporte du crédit à la crédibilité de cette histoire. La confrontation de ces deux univers a priori totalement opposés (une jeune mère mariée de cette communauté et un type pas religieux pour un sou et un peu paumé après la mort de son père) touche par la justesse des silences et des regards qui se jouent entre eux.
On croit à cette histoire car on y devine aisément sur quel fondement elle s'y repose : chacun y trouve ce qui leur manquait cruellement pour exister, à savoir l'essentiel, une raison valable pour donner un sens à leur vie..
Si on compare le long métrage de Maxime Giraud au film "Le coeur a ses raisons" qui se passait déjà au sein de la même communauté hassidique et qui possède la même actrice principale, la très talentueuse Hadas Yaro, l'histoire est moins aride, plus romanesque, et l'on sent plus le trouble et le souffle de vie qui irrigue Meira lorsqu'elle découvre des choses pourtant anodines qu'elle ignorait jusqu'à présent comme le simple geste d'enfiler un jean...
Alors certes, mais c'est sans doute mon petit coeur de midinette qui parle, j'aurais sans doute aimé encore plus de passion, de lyrisme, de déraison, pour être totalement emporté et bouleversé par cette belle histoire d'amour (presque) impossible, mais la belle pudeur de la réalisation, la solide distribution et l'élégance de la photographie (presque cotonneuse) et le fait certains personnages (comme celui du mari trompé) gagnent en subtilité au fil du film, tout ceci font de ce "Felix et Meira" un fort joli film qu'il serait dommage de bouder lors de sa sortie en salles qui sera certainement très confidentielle...
Comme je vous le disais en début d'article, "Felix & Meira" a certes battu une fois "Mommy" ( plus d'un million d'entrées France quand même), et cela serait miraculeux s'il renouvellait une nouvelle fois cet exploit..
Bande-annonce : Félix et Meira - VOST
Et ajoutons pour conclure ce billet que, comme le thème de son ciné club de février était consacré au film d'amour ( elle a été sympa avec moi sur ce coup là), c'est tout naturellement que Felix et Meira soit ma contribution du mois au Ciné Club de Potzina.