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Aimons-nous les uns les autres, Roumanoff à l’Olympia : l’humour consensuel

Par Rémy Boeringer @eltcherillo

Aimons-nous les uns les autres, Roumanoff à l’Olympia : l’humour consensuelLe 2 février 2014, Anne Roumanoff a créé son nouveau spectacle, Aimons-nous les uns les autres à l’Olympia. Le show de la comédienne était retransmis en direct et en haute définition dans les cinémas Pathé-Gaumont. La salle comble, Anne Roumanoff jouait également pour environ 30.000 spectateurs dans toutes la France, en Belgique et en Suisse. Nous étions présents, à Nice, pour assister à cette première expérience dans la métropole.

Aimons-nous les uns les autres met en scène des personnages divers tels qu’une mère perturbée par le mariage de sa fille lesbienne, une femme victime de phobie administrative, une américaine critiquant les Français râleurs, une conseillère municipale Front National amoureuse d’un maghrébin, une femme tentant de relancer sa vie sexuelle ou encore une énarque maniant la langue de bois.

La mise en scène d’Aimons-nous les uns les autres est assez simple. Il n’y a pas de fioritures. Seul cadre aux sketches d’Anne Roumanoff, un décor arborant 3 grands cœurs illustrant le thème du spectacle, une chaise et une table de bistrot, bien entendu. Avant le spectacle, un commentateur l’interroge dans sa loge. Elle confie son trac de devoir jouer d’avant tant de personnes. C’est la première humoriste à tenter l’épreuve en France. Trente mille personnes, ce n’est pas une mince affaire. D’autant plus que la mise en scène minimaliste la contraint à faire preuve d’une forte présence sur scène. L’ambiance feutrée de l’Olympia est trompeuse. Il ne faut pas décevoir les spectateurs des cinémas. Anne Roumanoff s’inquiète des éventuelles erreurs techniques. Rien de cela n’adviendra, la réalisation sera parfaite.

À contre pied du risque technique et artistique d’un tel pari, le spectacle lui-même, prétendument politique, voulant taper sur tout le monde, donne plutôt l’impression de se perdre dans une lecture consensuelle de la société française. Il est très difficile de savoir ce que peut bien réellement penser Anne Roumanoff. La comédienne interprète chacun de ses personnages avec une empathie à peine feinte, les rendant sympathiques bien que leur hypocrisie soit dénoncée. Ainsi, Aimons-nous les uns les autres semble être vraiment le credo d’Anne. Bien sur, on accorde à ce projet de société une certaine estime mais l’humour de Roumanoff manque tout de même de mordant. Quand on frappe là où ça fait mal, allons-y franchement. On dirait que Roumanoff se ménage un public très large qu’elle ne voudrait pas vexer. Parfois, il n’y a pas que dans le sketch du bistrot que l’on a l’impression de s’y retrouver (au bistrot).

Consensuelle, on se rappelle qu’Anne Roumanoff a fait Science-Po. Y aurait-elle appris la langue de bois ? Quelque part, le message de Aimons-nous les un les autres, c’est un peu, tous les politiciens sont des vendus. Roumanoff semble surfer sur l’opinion publique. D’ailleurs, elle ne manque pas de nous offrir un moment d’émotion pour clore le spectacle en déclamant un texte en l’honneur des manifestations post-attentat de Charlie Hebdo. Au final, on a déjà entendu toutes les vannes d’Aimons-nous les un les autres près de chez nous et on est bien content de ne pas être monté à Paris pour ça.

Boeringer Rémy

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