À New York, il y a un lieu magique qui invite à la sérénité… Dans Harlem, au cœur d’un parc arboré rempli d’écureuils (même l’hiver !), s’y trouve The Cloisters, un coin de Pyrénées.
The Cloisters. Photo: C.R.
The Cloisters est un musée d’art médiéval se trouvant au cœur de Fort Tryon Park, espace arboré au bord de l’Hudson River, sans doute bucolique dès que l’hiver s’en va. Ce musée est constitué de cinq cloîtres médiévaux allant de l’art roman au début du 16ième siècle. Démontés pierres par pierres en France, ils ont été remontés et assemblés ensemble à New York.
Pour la petite histoire, après la Révolution française, l’état français en pleine crise financière a mis en vente une partie du patrimoine religieux qui avait été confisqué à l'Église. Ce qui constitue les cloîtres a été acquis par le sculpteur américain George Grey Barnard auprès d'antiquaires et particuliers qui avaient acheté ces biens nationaux. Passionné d'art médiéval, il a permis l'accès à cette collection qui a ensuite été acquise par le Metropolitan Museum of Art grâce à la générosité de John D. Rockfeller Jr, ouverture en 1938 dans le Fort Tryon Park.
The Cloisters. Photo: C.R.
The Cloisters permet la visite de cinq cloîtres français : Saint-Michel-de-Cuxa, Saint-Guilhem-le-Désert, Bonnefont-en-Comminges, Trie-en-Bigorre et de Froville et d une abside de la chapelle de Fuentidueña de la province de Segovia (Castilla y Léon, Espagne). Ils sont collés les uns aux autres, la visite se fait de manière chronologique et nous passons d'un cloître à l'autre dans une atmosphère de sérénité préservée. Trois des cloîtres abritent des jardins dans lesquels on trouve des plantes médicinales et des plantes citées dans des traités médiévaux. Ce lieu, grâce à ses deux mille œuvres, présente la plus importante collection d'art médiéval d'Amérique du Nord. En outre, elles sont présentées dans leurs lieux d'origine ce qui en fait un endroit atypique : il est réellement étonnant de visiter des cloîtres pyrénéens à New York !
J'ai eu une émotion toute particulière pour une série de tapisseries que j'ai été (soyons clairs et n'ayons pas peur des mots !) outrée (en même temps qu'enchantée) de découvrir là-bas : La Chasse à la Licorne, série de sept tapisseries exécutées entre 1455 et 1506 (ateliers de Bruxelles ou de Liège). Dans l'enchaînement des tapisseries on découvre un groupe de jeunes nobles partant à la chasse à la Licorne jusqu'à sa capture et sa captivité. Ces tapisseries sont extraordinaires de détails et de précisions, elles rendent compte de ce désir de découvrir et capturer cet animal mythique. Dans un coin de la pièce, se trouve même une corne, prétendument de licorne, mais bon...
L'une des tapisseries de la série La Chasse à la Licorne, 1455-1506. Photo: C.R.
Mon côté « j'aime le patrimoine » a été heureux de découvrir ce lieu, sa richesse, les pièces qui le constituent, les œuvres qui y sont conservées et très bien conservées d'ailleurs. Par contre le "moi" (j'ai l'impression d'être schizophrène quand j'écris cela !) qui travaille dans un musée (et est peut-être un peu chauvin) s'est demandé : mais qu'est-ce que ça fout là ??? Et aussi : pourquoi est-ce que ces pièces ne se trouvent-elles pas à l'hôtel de Cluny / musée national du Moyen Âge à Paris comme les tapisseries de La Dame à la Licorne ???
The Cloisters. Photo: C.R.
Pendant ce séjour new-yorkais j'ai visité des musées que je n'avais pas eu l'occasion de découvrir la dernière fois (article par là) et je me suis donc rendue à The Cloisters mais aussi au Met et, pour résumer, ils ont TOUT. Et quand je dis tout, c'est tout : Monet, Degas, Renoir, Sir Edward Burn Jones (l'un de mes peintres favoris), Rodin, un temple égyptien sous une verrière donnant sur un Central Park enneigé, des chevaliers en armure, etc. Ils ont constitué des collections d'extraordinairement bonne qualité (le Met n'est de loin pas le seul) issues pour certaines de fonds privés. Tout ça pour dire, c'est peut-être étrange d'avoir été visiter des cloîtres pyrénéens à New York alors que j'ai juste la France à traverser pour aller en visiter mais ils ont l'avantage, mis bout à bout de retracer les évolutions de style et de création du Moyen Âge, ils sont conservés et ont été une belle découverte, originale. Il est peut-être dommage que nous nous soyons délestés d'une partie de notre patrimoine, c'était à une époque maintenant (pour l'instant ?) révolue.
Cécile.
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
Pour plus d'infos: http://www.metmuseum.org/visit/visit-the-cloisters