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L’économie et le marché informel : Des spécialistes plaident pour des solutions structurelles

Publié le 05 février 2015 par Ouadayazid1

Véritable gisement d’emplois et de richesses à travers le monde, l’économie informelle, de par sa nature, échappe aux règles et lois du marché. Aussi, son étendue qui s’amplifie au regard d’une conjoncture mondiale, de plus en plus difficile, contrarie lourdement les efforts des États tendant à canaliser et intégrer les activités parallèles ou non structurées dans la sphère régulière. L’Algérie, qui ne fait pas l’exception, a entrepris une démarche multisectorielle visant à encadrer, d’une manière progressive, le secteur informel, à la faveur d’actions visant l’amélioration du dispositif de contrôle économique, la régulation du marché national, la facilitation du registre du commerce, la lutte contre le commerce informel, le renforcement des structures commerciales, la réorganisation des marchés de gros, mais aussi, l’amélioration du climat des affaires, a souligné le secrétaire général du ministre du Commerce, M. El-Hadi Mekboul, à l’ouverture des travaux de la journée d’étude sur «l’économie et le marché informel», organisée par le ministère du Commerce, en collaboration avec l’École des hautes études commerciales (EHEC), hier, à l’hôtel El-Aurassi. Une rencontre devant contribuer à dégager des pistes de réflexions pour lutter efficacement contre le phénomène. Selon le Dr Rachid Alliouche, maître de conférences à l’EHEC, le concept de l’économie informelle est apparu, pour la première fois, au Kenya, en 1972, selon une étude du BIT sur l’emploi et le travail. L’intervenant retrace l’évolution des terminologies pour rappeler que, l’informel a représenté 41,3% du PIB, entre 2000 et 2007 (emplois informels du total des emplois non agricoles) pour le cas de l’Algérie, en référence aux statistiques de l’OCDE. Une autre étude de l’ONS, datant de 2012, cette fois-ci, place ce taux à 45,6% pour l’année 2010, soit 45,3% dans le commerce et services, 37,4% dans le BTP et 17,3% dans l’industrie. Aussi, le Dr Rachid Alliouche admet que «le poids de l’informel sur le système économique est considérable», et que les chiffres sont loin d’être «fiables». Dans sa lancée, il explique que l’informel «est une solution aux difficultés économiques» générées, en particulier, par les injonctions du FMI, et qu’il «a un rôle essentiellement social». Aussi, «la faiblesse des offres d’emplois, la surfiscalisation, les revenus salariaux indécents, et la faiblesse de la couverture sociale», figurent parmi les causes essentielles qui encouragent l’émergence des activités informelles, affirme l’intervenant.


Le phénomène, qui «n’est pas nouveau en Algérie, s’est accentué après la crise de 1986 soldée par l’intervention du FMI et le programme des privatisation qui a échoué», dit, pour sa part, le Dr Farid Allaouat, maître de conférences, à la même école. Aujourd’hui, «les importations, tous azimuts» ont élargi la sphère de l’informel, qui regroupe plusieurs activités pas essentiellement dans le commerce, a-t-il ajouté. Dans le même ordre d’idées, il dit ne pas se fier aux estimations sur les taux de l’informel du fait de l’absence d’un système permettant une collecte permanente de l’information».


À propos de la démarche à suivre, l’intervenant écarte la logique de la répression, car «à problème structurel, une solution structurelle». Autrement dit, il «faut créer les conditions économiques et sociales d’extinction de ces actions par des mesures incitatives qui rapprochent les populations vulnérables ou réfractaires vers l’économie officielle». Néanmoins, «l’économie doit également respecter les règles de la concurrence», conclut le Dr Farid Allaouat. L’intervention de M. Hadj Abdenour, directeur central au ministère du Commerce, révèle toutes les difficultés à lutter contre le phénomène, en dépit des actions colossales engagées à ce niveau. Passant en revue la contribution de l’État en matière de résorption de l’économie informelle, et de lutte contre son impact négatif, il a rappelé, que cette contribution a axé sur le renforcement de la législation, des infrastructures commerciales, du contrôle économique et sur la facilitation du registre du commerce. S’appuyant sur les résultats de cette démarche jusqu’au 31 décembre 2014, il fera savoir que 872 marchés informels ont été éradiqués sur 1.368 existants soit 64%.


 L’opération a permis l’insertion de 18.878 commerçants informels sur 41.945 soit un taux de 45%. Il a tenu à souligner que 103 marchés éradiqués sont réapparus. Dans sa lancée, M. Hadj Abdenour indique que, d’ici 2016, 8 marchés de gros (fruits et légumes pour une capacité de 3,6 millions de tonnes) seront réalisés pour un montant de 19,3 milliards de dinars. Ces infrastructures contribueront à la création de 20.000 à 24.000 emplois, a-t-il affirmé. Un autre programme de 12 mds de dinars est prévu pour la réalisation de 768 marchés de proximité. L’intervenant, qui a mis en avant la nécessité d’une démarche multisectorielle dans le cadre de cette action, a insisté sur la nécessité de l’amélioration du climat des affaires, l’accroissement de la compétitivité de l’économie, la régulation des opérations du commerce extérieur, la création d’emplois suffisants pour absorber le chômage, et sur le renforcement des dispositifs de contrôle économique pour opérer une intégration graduelle du commerce informel dans le circuit formel. Il y a lieu de rappeler que le ministre du Commerce avait insisté, lors d’une rencontre nationale des cadres du secteur, organisée récemment, sur la réhabilitation de l’acte de commercer, et sur la nécessité de faciliter l’exercice de l’activité pour contrer l’informel dont la proportion était devenue inquiétante, avait admis M. Amara Benyounès.

http://www.elmoudjahid.com/fr/actualites/72827


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