Magazine Culture
Je le dis tout de go, 1981 est pour moi la moins bonne année de la décennie des eighties : pas de chefs d'oeuvres incontournables - encore que, le Durutti Column n'en est pas loin - et une réelle difficulté à rassembler 10 disques qui tiennent encore la route aujourd'hui. Pourtant, je pense que chacun pourra trouver son compte dans la liste ci-dessous.
10. Klaus Nomi - Klaus Nomi
Un chanteur lyrique allemand chipe les fringues de Bowie et orne ses arias de "froufrouteries" new-wave et kitsch. Dis comme ça on pourrait rester circonspect voire s'enfuir en courant. Mais c'est fait avec un tel aplomb et sans aucune retenue, que la curiosité finit par l'emporter. Toujours aussi unique en son genre.
9. Taxi Girl - Seppuku
Daniel Darc, j'ai longtemps cru que c'était un vulgaire poseur, comme beaucoup de chanteurs de ces années-là. Alors qu'il était tout l'inverse de ça, la simplicité et la gentillesse même. A la lumière de ce constat et de sa triste disparition, la musique de Taxi Girl résonne de douloureux échos mélancoliques, bien plus matures qu'il n'y paraît.
8. The Cure - Faith
"Faith" est un peu considéré comme le parent pauvre de la fameuse trilogie des Cure, coincé entre les classiques "Seventeen Seconds" et "Pornography". Si vous venez régulièrement ici, vous savez déjà que je préfère largement le premier au dernier de la trilogie. "Faith" se situe entre les deux, entre la sobriété de "Seventeen Seconds" et les grosses basses de "Pornography". Il ne sait pas toujours où aller mais garde au final une parfaite cohérence. C'est ce qui s'appelle la foi, sans doute.
7. The Sound - From The Lion's Mouth
Groupe anglais injustement mésestimé dont le chanteur, Adrian Borland, aura une triste fin : suicide en passant sous un train. Déprimé par la perpétuelle indifférence générale ? Peut-être. "From The Lion's Mouth" est leur deuxième disque et conserve un son qui n'a pas vieilli - ou si peu. On pense évidemment à Joy Division, mais contrairement à beaucoup d'autres, The Sound n'a pas à rougir de la comparaison.
6. Wipers - Youth of America
Pour certains, les Wipers sont l'un des groupes plus sous estimés de l'histoire du rock. A l'écoute des 6 titres de ce "Youth of America", on entend déjà les vingt prochaines années du rock américain, grunge y compris. Tant pis si le chant est parfois lourdaud, avec de telles guitares, on pardonne tout. Un titre comme "When It's Over" est une pure merveille.
5. Orchestral Manoeuvre in the Dark - Architecture & Morality
Non, OMD, ce n'est pas seulement "Enola Gay" ou "Souvenir" - ceux qui ont vécu pendant les années 80 connaissent forcément ces deux tubes planétaires - c'est une pop synthétique plus large encore. La preuve avec ce "Architecture & Morality", probablement leur plus belle réussite et qui contient son lot de divines mélodies. "Joan Of Arc" par exemple.
4. This Heat - Deceit
Des anglais cintrés triturent la pop et le rock pour en faire une improbable mixture. On pense à Robert Wyatt, Bowie, Joy Division, la liste pourrait être longue, mais rien qui ne s'en rapproche totalement. "Deceit" reste toujours une énigme. Déchiffrer cette musique n'est sans doute pas à la portée de toutes les oreilles - de toute façon, encore faut-il le vouloir -, mais ceux qui s'y risquent ont des heures et des heures d'écoute passionnante devant eux.
3. Josef K - The Only Fun In Town
Je l'ai déjà dit, le label écossais Postcard Records a fait un bien fou à la pop d'alors, nous faisant découvrir des formations aussi importantes qu'elles sont restées méconnues, de Orange Juice à Aztec Camera en passant de Josef K. "The Only Fun In Town" est le seul vrai disque de ces derniers. En l'écoutant aujourd'hui, on se dit que c'est là que les Franz Ferdinand ont trouvé l'essentiel de l'inspiration de leur brillant premier album.
2. Television Personalities - ... And Don't The Kids Just Love It
J'ai un peu honte aujourd'hui mais je n'ai réellement découvert Television Personalities qu'en préparant ces classements. Depuis, ce groupe est devenu un de mes chouchous. Pour moi, une formation incontournable des années 80. Cet album est leur premier. Le meilleur ou pas, peu importe, j'aime chacun de leurs disques. Le Velvet qui rencontre Syd Barrett. L'humour et la modestie en plus. Que demander de plus ?
1. The Durutti Column - LC
Une musique qui ne ressemble à nulle autre. Une guitare planante, reconnaissable entre mille, celle de Vini Reily et ce disque, "LC", sans doute le meilleur de son groupe, The Durutti Column, qui continue de subjuguer plus de trente ans après. Même le sieur Brian Eno est jaloux de ce disque, c'est dire.