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Les foudroyés – Paul Harding

Par Moglug @Moglug

Les foudroyés – Paul HardingAprès Mal de pierre de Milena Agus et Le soleil des Scorta de Laurent Gaudé, je continue la série des romans familiaux avec Les foudroyés de Paul Harding que j’ai gagné il y a plusieurs mois sur la page Facebook d’Un dernier livre avant la fin du monde. Je profite donc de l’occasion pour remercier chaleureusement toute l’équipe, et m’essayer à la littérature outre-atlantique.

Objectivement, j’ai toute les raisons d’apprécier ce livre. Publié initialement à 3 500 exemplaires chez Bellevue Literary Press, un petit éditeur américain, il a reçu en 2010 le prix Pulitzer. Très bien écrit, et admirablement traduit par Pierre Demarty, le récit débute dans le salon de George Washington Crosby. Alors que ce dernier est allongé, agonisant, sur son lit médicalisé de location, il se remémore sa vie, celle de son père, celle de son grand-père. Entre folie épileptique, ambiance américaine du début du XXème siècle, mécanismes d’horloges à réparer, vie de famille quelque peu oppressante, et retour à la réalité ultra-moderne, Paul Harding ne cesse de nous transporter d’un temps à l’autre, d’un lieu à l’autre, jusqu’à nous perdre souvent. Les vies des trois hommes s’entremêlent, se ressemblent, divergent en fonction des choix de chacun. Et moi, je m’y perd complètement. Je raccroche le fil de l’histoire au gré du texte, qui au-delà du récit, surprend par sa beauté sombre ou la description crue donnée par des yeux d’enfant. L’auteur alterne avec brio les courts dialogues ou les silences d’un dîner familial et les longues phrases littéraires :

« Achetez ce pendentif, sortez-le des replis de votre robe et glissez-le dans le creux de votre main, et regardez la livide lumière du feu s’y miroiter, tard le soir, tandis que vous attendez que le toit cède ou que votre volonté se brise et que la couche de gel devienne si épaisse que vous ne puissiez plus la casser à coup de hache, debout sur le lac gelé à minuit, chaussée des bottes de votre mari, le fracas sec de la hache sur la glace si infime sous le tournoiement des étoiles glaciales, le sourd couvercle des cieux, que votre mari ne risque pas même de se retourner dans son sommeil dans la cabane de l’autre côté de la glace et d’accourir, alerté par le bruit, à moitié mort de froid, vêtu d’un simple caleçon long, pour vous empêcher de percer un trou dans la glace et d’y glisser comme dans une veine bleue, de glisser jusque dans les ténèbres vaseuses du fond du lac, où vous ne verriez rien, où vous ne sentiriez rien, à part peut-être la présence de quelque poisson somnolent s’ébrouant dans le brouillard, votre plongeon alourdi par la robe en laine et les grosses bottes l’ayant dérangé en sa léthargie hivernale peuplée de songes des mers anciennes. »

La lecture et le rythme du texte sont un vrai délice. Malheureusement pour moi, je n’ai pas su entrer dans le roman, je n’ai pas su comprendre les différentes étapes et époques et retracer tous les liens entre les vies des trois hommes. Ce livre nécessite très certainement une deuxième lecture pour mieux en mesurer toute la richesse. Et je ne manquerai pas, si l’occasion se présente, de lire Enon le deuxième roman de cet auteur, qui tout aussi déstabilisant qu’il soit, n’en vaut pas moins le détour !

Ce livre est chroniqué dans le cadre du Challenge ABC de Babelio.


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