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EBOLA: Détecter et isoler, les clés d'un meilleur contrôle de l'épidémie – The Lancet

Publié le 07 février 2015 par Santelog @santelog

EBOLA: Détecter et isoler, les clés d'un meilleur contrôle de l'épidémie – The LancetEBOLA: Détecter et isoler, les clés d'un meilleur contrôle de l'épidémie – The LancetA ce stade où l’épidémie Ebola a fait en un peu plus d’une année plus de 22.000 victimes et près de 9.000 décès, ces chercheurs américains tentent de mieux comprendre l’épidémiologie et mieux cerner les facteurs de contrôle possibles du virus Ebola afin d’être en mesure, de réduire la transmission et les conséquences d’une nouvelle épidémie. Ainsi, leurs travaux, publiés dans le Lancet Infectious Disease, modélisent l’impact d’un diagnostic plus précoce du virus sur sa propagation. Ils nous apportent une meilleure compréhension de la diffusion de l’épidémie et des techniques de gestion possibles.

Le dernier bilan de l’Organisation Mondiale de la Santé, au 30 janvier, fait état de 22.136 cas confirmés, depuis décembre 2013, dont 8.833 décès, dans les 3 pays encore touchés (Guinée, Libéria et Sierra Leone) et les 5 pays précédemment touchés (Mali, Nigeria, Sénégal, Espagne et Etats-Unis).

Selon l’OMS toujours, la réponse à l’épidémie est passée à une seconde phase de ralentissement de la transmission. En effet sur la dernière semaine, 99 cas auraient été confirmés.

EBOLA: Détecter et isoler, les clés d'un meilleur contrôle de l'épidémie – The Lancet
Un bilan des facteurs aggravants :

·   La nature du virus Ebola est à prendre en compte en premier lieu soulignent les auteurs. Car il fait peur par sa contagiosité et son caractère mortel, mais aussi en raison de symptômes  » cauchemardesques  » sous sa forme fièvre hémorragique, dont les vomissements de sang, les saignements des yeux, des oreilles, du nez, de la bouche, du rectum, l’hémorragie interne, d’atroces douleurs et la désintégration progressive des organes internes.

·   Ensuite, les 3 pays d’Afrique de l’Ouest principalement touchés (Guinée, Libéria et Sierra Leone) n’étaient pas du tout préparés à la crise. Les centres de traitement ont été rapidement submergés, les ressources ont manqué, l’isolement des patients infectés n’a pas été respecté et même des moyens de base de protection et stérilisation ont été rapidement épuisés. Ces faiblesses ont entrainé aussi de nombreuses victimes chez les professionnels de santé.

·   D’autres facteurs aggravants sont également invoqués : L’activité forestière et minière qui a renforcé la proximité des chauves-souris, réservoir très probable du virus, la consommation de viande d’animaux sauvages et les conflits dans la région qui ont affaibli les infrastructures de santé et entrainé des déplacements de population eux-mêmes propices à la propagation du virus.

·   Enfin, la réponse trop tardive et souvent inadéquate de la part des pays développés et des organisations mondiales de santé.

Une course contre la montre : Briser la chaîne de transmission, écrivent les auteurs, c’est dès l’apparition des symptômes, éviter tout nouveau contact propice à la propagation de la maladie. Alors que lors de cette épidémie et probablement lors de la prochaine, il était et sera impossible de suivre et isoler tous les contacts des personnes infectées, en l’absence de vaccin ou de thérapeutique fiable, le diagnostic de la maladie à un stade pré-symptomatique et l’isolement rapide des personnes infectées sont les mesures les plus sûres d’arrêter la transmission de la maladie. Car la détection précoce donne le temps d’isoler et de traiter avant que le sujet ne soit contagieux.

La nécessité d’une détection précoce du virus : Les chercheurs de l’Arizona State University et de la Georgia State University ont donc modélisé l’effet d’une détection précoce du virus Ebola, évalué les niveaux de détection ainsi que les mesures d’isolement des patients nécessaires pour arrêter la transmission du virus.

Ils aboutissent à 2 conclusions :

·   l’impact des tests de diagnostic précoce dépend des mesures de santé publique existantes ;

·   il existe un seuil, où le diagnostic précoce des personnes à risque élevé, combiné avec l’isolement peut réduire considérablement le nombre de personnes infectées, en réduisant une valeur critique connue comme le rapport de reproduction ou nombre de nouvelles infections générées par un seul cas.

Ensuite, la technique d’analyse PCR (polymerase chain reaction) permet l’identification présymptomatique du virus Ebola. La nécessité de ce diagnostic précoce du virus Ebola est soulignée par l’un des auteurs qui rapporte, qu’au cours de l’épidémie actuelle, la plupart des patients touchés sont restés non diagnostiqués dans leurs communautés avec un délai moyen de 5 jours entre l’apparition des premiers symptômes et le diagnostic. Une aubaine pour le virus.

Une réponse adéquate serait donc le recours au diagnostic pré-symptomatique par PCR et l’isolement des patients infectés dans les trois jours suivant l’apparition des symptômes, soit, en pratique, l’identification rapide des cas avant qu’ils initient de nouvelles chaînes de transmission en milieux communautaires ou de santé.

La modélisation montre également que de petites différences dans la mise en œuvre de l’isolement peuvent avoir un impact important sur la propagation de l’épidémie. Enfin, elle met en évidence l’interconnexion indispensable des deux mesures pour être efficaces.

Alors que l’épidémie est toujours active, les auteurs rappellent qu’il n’est pas trop tard pour mettre en œuvre cette stratégie du diagnostic pré-symptomatique et de l’isolement rapide, en ciblant les groupes à risque élevé dont les professionnels de santé. Ils alertent sur le fait que la prochaine épidémie d’Ebola pourrait être bien plus dévastatrice encore, si les ressources nécessaires ne sont pas mises en œuvre. Bref, la vigilance reste de mise et de nouveaux outils sont donc nécessaires.

Sources:

The Lancet Infectious Disease February 2015 DOI: 10.1016/S1473-3099(14)71084-9 Modelling the effect of early detection of Ebola

The Lancet Infectious Diseases February 2015 DOI: 10.1016/S1473-3099(14)71086-2 Controlling Ebola: key role of Ebola treatment centres (Comment)

The Lancet February 2015 DOI: 10.1016/S1473-3099(14)71035-7 Ebola control: rapid diagnostic testing (Visuel Carte@En ZeLonewolf [CC0], via Wikimedia Commons)

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