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Deux critiques à Abdennour Bidar - 7

Par Plumesolidaire
Deux critiques à Abdennour Bidar - 7

Première critique

Il n’est pas nécessaire d’être croyant ou fidèle d’une religion ou d’une autre, pour vivre les joies d’une vie spirituelle.

Il n’est pas non plus impératif de s’approcher du grand âge, et celui du dernier souffle, pour se poser des questions sur l’avant notre arrivée et l’après notre départ de cette vallée de larmes.

La méditation – bouddhiste ou taoïste par exemples – est une voie d’entrée dans une pratique spirituelle. La philosophie en est l’antichambre, qui peut mener vers la métaphysique, qui elle-même peut conduire à l’adoption d’une religion.

Il n’est pas rare, qu’avant d’être reçu, nous surprenions un homme lisant son Coran dans la salle d’attente, ou une femme en prière, et à voix haute comme jeudi dernier m’a-t-on dit. Peut-être implorait-elle le Prophète d’interagir via notre plume pour la réussite de sa démarche ?

Sporadiquement, certains usagers concluent la relecture d’un courrier par un « si Dieu le veut ça marchera ! ». A à quoi je réponds que ce n’est pas Dieu, ni le Prophète qui a écrit la lettre, c’est moi ; et que je ne me prends pas encore pour Dieu, ni pour le Prophète d’ailleurs. Et que, si une bonne nouvelle parvient dans une enveloppe affranchie ou un chiffre au crédit d’un compte bancaire, j’insiste sur le fait que s’il y a quelqu’un à remercier c’est bien moi qui suis de chair et d’os, et pas Dieu qui est forgé dans l’airain de la croyance.

On n’écrit pas des lettres avec des croyances mais avec un stylo ou une souris d’ordinateur. J’apprécie modérément que Dieu soit loué à ma place, et j’aimerais qu’il me laisse faire mon travail tranquillement sans interférer dans nos relations avec  les usagers ! De plus, moi je ne demande même pas un pourcentage sur les bénéfices ! Alors que Dieu si !

Dieu ou son représentant, s’invite donc souvent à la fête, Inchallah, alors que personnellement je ne lui demande rien, Ainsi-soit-il.

Encore moins dans un lieu public où les appartenances confessionnelles devraient,  en principe, être assignées au silence. Un lieu au service de l’intérêt général, où le seul cadre opératoire est la rationalité de la justice des hommes.

Deux univers mentaux se rencontrent autour d’une action, à laquelle les deux acteurs attribuent des fins différentes.

Dieu est au début et (à) la fin de tout pour l’un; l’homme, pour l'autre, peut être au début de certaines choses mais ne parvient pas toujours à la fin qu’il souhaite.

Voilà une différence qui, à mes yeux nous unit plus qu’elle nous sépare, puisqu’elle donne à connaître de l’autre.

Mais ce qui est intéressant c’est de savoir ce qu’il y a au milieu de la différence, et de mesurer l’écart entre les hommes et la profondeur de ce qui désunit. Car si le fossé peut se franchir comme une crevasse sur un glacier tout ira bien. Mais si la largeur est trop considérable et sa profondeur abyssale, rien ne changera en bien.

- - - - - - - - -

C’est là que je veux revenir à Abdennour Bidar, dont le texte, comme celui de  Mohammed Taleb, n’a rien de circonstance, puisque publiés tous deux avant les 7 et 9 janvier 2015.

Je pourrais aussi revenir à Abdelwahab Medeb, ce grand amoureux de ce soufisme, qui teintait encore la foi discrète de nos chibanis arrivés en France dans les années 60 et 70, que j'ai cotoyés jeunes. Mais ce serait manifester de la nostalgie, qui n’est jamais qu’une façon d’érotiser le passé, quand il faut nous tourner vers l’avenir. Le néo-salafisme, qu’est le wahhabisme d’Arabie Saoudite s’impose et tend à éradiquer les autres expressions de l’islam, comme par exemple en Tunisie depuis la Révolution *.

* “Après la révolution, l’islam a été redécouvert en Tunisie. En même temps, les wahhabites se répandent dans le pays, amenant leur propre vision de l’islam, qu’ils veulent imposer aux Tunisiens. (Source : octobre2012 - courrier international)

Reprenons le paragraphe introductif d’Abdennour Bīdar : « Cher monde musulman, je suis un de tes fils éloignés qui te regarde du dehors et de loin - de ce pays de France où tant de tes enfants vivent aujourd'hui. Je te regarde avec mes yeux sévères de philosophe nourri depuis son enfance par le taçawwuf (soufisme) et par la pensée occidentale. Je te regarde donc à partir de ma position de barzakh, d'isthme entre les deux mers de l'Orient et de l'Occident ! »

Tout est dit : l’auteur est philosophe, de surcroit par profession. Il pense donc par lui-même en homme libre d’exprimer sa pensée en France, de construire une réflexion différente de celle qu’il a hérité de son enfance, sans la renier. Il est nourri de soufisme, et de pensée occidentale, que les salafistes rejettent conjointement.

C’est là que le bât blesse car sa pensée est logique, rationnelle et extérieure à la communauté musulmane, qu’il semble embrasser d’un seul regard.

Pourrait-il l’exprimer aujourd’hui en Algérie sans s’exposer comme Kamel Daoud, journaliste au quotidien d’Oran, à une fatwa qui ordonne son exécution ?

L’argumentation qu’il développe est celle d’un occidental qui s’adresse à l’ensemble du monde musulman. Un monde qui constitue un ensemble imaginaire, mais ne constitue pas un ensemble cohérent réel. C’est un univers qui à l’évidence est profondément divisé comme on le voit à travers les affrontements des deux principaux courants ennemis que sont les sunnites et les chiites;  un monde où s’opposent, par groupes djihadistes interposés, des nations rivales du même camp sunnite, l’Arabie Saoudite et le Qatar, dont les sous-sols regorgent de ressources qui leur procurent une puissance financière immense; un monde enfin, qui comporte de multiples courants théologiques*.

*wikipédia en recense 11, parmi lesquels figurent Les Frères Musulmans, les Druzes, et le soufisme, en dehors des 3 principales que sont le sunnisme, le chiisme et le kharidjisme.

Quel nouveau Prophète, dont la voix s’élèverait au-dessus des onze courants théologiques qui fractionnent le monde de l’islam d’aujourd’hui, et des clameurs de haine qui sèment l’oppression et la mort, serait assez puissant pour faire autorité d’une nouvelle sagesse de concorde universelle ?

Quels hackeurs géniaux et inspirés seraient capables de semer les virus de la paix qui anéantiraient les sites de la propagande guerrière des « nouveaux » totalitarismes d’état sous l’habit religieux ?

Si vis pacem, para bellum…qui veut la paix prépare la guerre.

Une chose est claire : il y a bien une guerre à mener; la guerre à la mondialisation horizontale de la haine virtuelle.

Mais les religions ne se réforment que de l’intérieur, pour le pire ou pour le meilleur. Soit sous l’influence d’un prédicateur charismatique disposant d’une organisation cléricale structurée et efficace, comme le furent des personnalités telles que l’Imam Khomeiny en Iran pour le chiisme, ou pour l’église catholique romaine, de grands papes comme Jean XXIII qui organisa le Concile Vatican II.  

Comment instaurer un islam de France quand les imams sont pour nombre d’entre eux des fonctionnaires de l’état algérien et de la Turquie, que d’autres sont formés dans les écoles coraniques d’Arabie Saoudite, d’autres par le Conseil Français du Culte Musulman, et que chacun est libre d’adhérer à l’une ou l’autre des organisations musulmanes sur notre territoire ?

Qu’en dit le théologien Ghaleb Bencheikh ? (4)

« Il est temps de sortir des enfermements doctrinaux et de s’affranchir des clôtures dogmatiques.

L’historicité et l’inapplicabilité d’un certain nombre de textes du corpus religieux islamique sont d’évidence, une réalité objective. Nous l’affirmons. Et nous en tirons les conséquences.

L’ancrage dans la modernité ne saurait se faire sans une modernité intellectuelle fondée sur l’esprit critique.

Je regrette que nous ne l’ayons pas fait dans notre pays, en France. Aucun colloque de grande envergure n’a pu se tenir, aucun symposium important n’a été organisé en vue de subsumer la violence «inhérente» à l’islam; pas la moindre conférence sérieuse n’a été animée pour pourfendre les thèses islamistes radicales. Nous avons vécu sur la défaite de la pensée et l’abrasement de la réflexion. Il est vrai que la pusillanimité et la frilosité de nos «hiérarques» nous ont causés beaucoup de torts. Leur incurie organique nous laisse attendre, tétanisés, la tragédie d’après. Or, face à la barbarie, il vaut mieux vivre peu, debout, digne et en phase avec ses convictions humanistes que de végéter longtemps en louvoyant, en étant complice, par l’inaction, de ce qu’on réprouve.

Encore de nos jours, dans de nombreux pays à populations majoritairement musulmanes, des régimes politiques sévissent sans légitimité démocratique. Ils gouvernent en domestiquant la religion et en idéologisant la tradition. Ils manipulent la révélation pour des fins autres que spirituelles.

Quel crédit peut-on accorder à leur participation à la coalition qui bombarde le prétendu «Etat islamique» alors que les criminels fous furieux du califat de la terreur appliquent leurs doctrines et soutiennent leurs thèses? La monstruosité idéologique de l’EIIL, dénommée Daesh, c’est le wahhâbisme en actes, rien d’autre. C’est le salafisme dans les faits, la cruauté en sus. »

(4) Théologien, docteur en sciences et physicien site : slate.fr

Que pense et affirme publiquement Ahmet Ogras, président du comité de coordination des musulmans turcs de France (CCMTF), vice-président du bureau du CFCM, dont il deviendra président en 2017 ?

« Il est inadmissible (à propos de la couverture du premier numéro de Charlie Hebdo publié après les attentats ndlr) dans la conjoncture actuelle, de persister des signes de troubles de l’ordre, en provoquant les personnes, en humiliant deux milliards de personnes aujourd’hui. (…) Vous êtes (les médias ndlr) complices et vous persistez. Je ne comprends pas que vous admettez que c’est possible qu’au nom de l’islam qu’on peut égorger, qu’on peut tuer des personnes ! Il n’y a pas d’islam radical. » (regarder la vidéo :Ahmet%20Ogras,%20">
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Le citoyen qui s’intéresse aux religions en France, ne voit pas actuellement comment le Conseil Français du Culte Musulman (CFCM), et l’ensemble des organisations musulmanes de France (5) (FGMP, RMF, UOIF, CCMTF, FFAICA, Mosquée Saint Denis de l’lle de la Réunion, CIMG France), seraient en mesure de trouver un consensus pour apporter d’une même voix des réponses pertinentes aux questions des deux philosophes dont j’ai publié les textes.

(5) Site du Conseil Français du Culte Musulman, page de l’appel aux musulmans à manifester le 11 janvier 2015

Terminons ce premier d’analyse critique en rappelant l’exhortation d’Abdennour Bidar :

« Il faut que tu commences par réformer toute l'éducation que tu donnes à tes enfants, dans chacune de tes écoles, chacun de tes lieux de savoir et de pouvoir. Que tu les réformes pour les diriger selon des principes universels (…) : la liberté de conscience, la démocratie, la tolérance et le droit de cité pour toute la diversité des visions du monde et des croyances, l'égalité des sexes et l'émancipation des femmes de toute tutelle masculine, la réflexion et la culture critique du religieux dans les universités, la littérature, les médias. Tu ne peux plus reculer, tu ne peux plus faire moins que tout cela ! C'est le seul moyen pour toi de ne plus enfanter de tels monstres, et si tu ne le fais pas, tu seras bientôt dévasté par leur puissance de destruction. »

Cette puissance de destruction qui s’est manifestée moins de trois mois après la publication de sa Lettre ouverte au monde musulman.

Plume Solidaire

Deux critiques à Abdennour Bidar - 7

Première critique

Il n’est pas nécessaire d’être croyant ou fidèle d’une religion ou d’une autre, pour vivre les joies d’une vie spirituelle.

Il n’est pas non plus impératif de s’approcher du grand âge, et celui du dernier souffle, pour se poser des questions sur l’avant notre arrivée et l’après notre départ de cette vallée de larmes.

La méditation – bouddhiste ou taoïste par exemples – est une voie d’entrée dans une pratique spirituelle. La philosophie en est l’antichambre, qui peut mener vers la métaphysique, qui elle-même peut conduire à l’adoption d’une religion.

Il n’est pas rare, qu’avant d’être reçu, nous surprenions un homme lisant son Coran dans la salle d’attente, ou une femme en prière, et à voix haute comme jeudi dernier m’a-t-on dit. Peut-être implorait-elle le Prophète d’interagir via notre plume pour la réussite de sa démarche ?

Sporadiquement, certains usagers concluent la relecture d’un courrier par un « si Dieu le veut ça marchera ! ». A à quoi je réponds que ce n’est pas Dieu, ni le Prophète qui a écrit la lettre, c’est moi ; et que je ne me prends pas encore pour Dieu, ni pour le Prophète d’ailleurs. Et que, si une bonne nouvelle parvient dans une enveloppe affranchie ou un chiffre au crédit d’un compte bancaire, j’insiste sur le fait que s’il y a quelqu’un à remercier c’est bien moi qui suis de chair et d’os, et pas Dieu qui est forgé dans l’airain de la croyance.

On n’écrit pas des lettres avec des croyances mais avec un stylo ou une souris d’ordinateur. J’apprécie modérément que Dieu soit loué à ma place, et j’aimerais qu’il me laisse faire mon travail tranquillement sans interférer dans nos relations avec  les usagers ! De plus, moi je ne demande même pas un pourcentage sur les bénéfices ! Alors que Dieu si !

Dieu ou son représentant, s’invite donc souvent à la fête, Inchallah, alors que personnellement je ne lui demande rien, Ainsi-soit-il.

Encore moins dans un lieu public où les appartenances confessionnelles devraient,  en principe, être assignées au silence. Un lieu au service de l’intérêt général, où le seul cadre opératoire est la rationalité de la justice des hommes.

Deux univers mentaux se rencontrent autour d’une action, à laquelle les deux acteurs attribuent des fins différentes.

Dieu est au début et (à) la fin de tout pour l’un; l’homme, pour l'autre, peut être au début de certaines choses mais ne parvient pas toujours à la fin qu’il souhaite.

Voilà une différence qui, à mes yeux nous unit plus qu’elle nous sépare, puisqu’elle donne à connaître de l’autre.

Mais ce qui est intéressant c’est de savoir ce qu’il y a au milieu de la différence, et de mesurer l’écart entre les hommes et la profondeur de ce qui désunit. Car si le fossé peut se franchir comme une crevasse sur un glacier tout ira bien. Mais si la largeur est trop considérable et sa profondeur abyssale, rien ne changera en bien.

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C’est là que je veux revenir à Abdennour Bidar, dont le texte, comme celui de  Mohammed Taleb, n’a rien de circonstance, puisque publiés tous deux avant les 7 et 9 janvier 2015.

Je pourrais aussi revenir à Abdelwahab Medeb, ce grand amoureux de ce soufisme, qui teintait encore la foi discrète de nos chibanis arrivés en France dans les années 60 et 70, que j'ai cotoyés jeunes. Mais ce serait manifester de la nostalgie, qui n’est jamais qu’une façon d’érotiser le passé, quand il faut nous tourner vers l’avenir. Le néo-salafisme, qu’est le wahhabisme d’Arabie Saoudite s’impose et tend à éradiquer les autres expressions de l’islam, comme par exemple en Tunisie depuis la Révolution *.

* “Après la révolution, l’islam a été redécouvert en Tunisie. En même temps, les wahhabites se répandent dans le pays, amenant leur propre vision de l’islam, qu’ils veulent imposer aux Tunisiens. (Source : octobre2012 - courrier international)

Reprenons le paragraphe introductif d’Abdennour Bīdar : « Cher monde musulman, je suis un de tes fils éloignés qui te regarde du dehors et de loin - de ce pays de France où tant de tes enfants vivent aujourd'hui. Je te regarde avec mes yeux sévères de philosophe nourri depuis son enfance par le taçawwuf (soufisme) et par la pensée occidentale. Je te regarde donc à partir de ma position de barzakh, d'isthme entre les deux mers de l'Orient et de l'Occident ! »

Tout est dit : l’auteur est philosophe, de surcroit par profession. Il pense donc par lui-même en homme libre d’exprimer sa pensée en France, de construire une réflexion différente de celle qu’il a hérité de son enfance, sans la renier. Il est nourri de soufisme, et de pensée occidentale, que les salafistes rejettent conjointement.

C’est là que le bât blesse car sa pensée est logique, rationnelle et extérieure à la communauté musulmane, qu’il semble embrasser d’un seul regard.

Pourrait-il l’exprimer aujourd’hui en Algérie sans s’exposer comme Kamel Daoud, journaliste au quotidien d’Oran, à une fatwa qui ordonne son exécution ?

L’argumentation qu’il développe est celle d’un occidental qui s’adresse à l’ensemble du monde musulman. Un monde qui constitue un ensemble imaginaire, mais ne constitue pas un ensemble cohérent réel. C’est un univers qui à l’évidence est profondément divisé comme on le voit à travers les affrontements des deux principaux courants ennemis que sont les sunnites et les chiites;  un monde où s’opposent, par groupes djihadistes interposés, des nations rivales du même camp sunnite, l’Arabie Saoudite et le Qatar, dont les sous-sols regorgent de ressources qui leur procurent une puissance financière immense; un monde enfin, qui comporte de multiples courants théologiques*.

*wikipédia en recense 11, parmi lesquels figurent Les Frères Musulmans, les Druzes, et le soufisme, en dehors des 3 principales que sont le sunnisme, le chiisme et le kharidjisme.

Quel nouveau Prophète, dont la voix s’élèverait au-dessus des onze courants théologiques qui fractionnent le monde de l’islam d’aujourd’hui, et des clameurs de haine qui sèment l’oppression et la mort, serait assez puissant pour faire autorité d’une nouvelle sagesse de concorde universelle ?

Quels hackeurs géniaux et inspirés seraient capables de semer les virus de la paix qui anéantiraient les sites de la propagande guerrière des « nouveaux » totalitarismes d’état sous l’habit religieux ?

Si vis pacem, para bellum…qui veut la paix prépare la guerre.

Une chose est claire : il y a bien une guerre à mener; la guerre à la mondialisation horizontale de la haine virtuelle.

Mais les religions ne se réforment que de l’intérieur, pour le pire ou pour le meilleur. Soit sous l’influence d’un prédicateur charismatique disposant d’une organisation cléricale structurée et efficace, comme le furent des personnalités telles que l’Imam Khomeiny en Iran pour le chiisme, ou pour l’église catholique romaine, de grands papes comme Jean XXIII qui organisa le Concile Vatican II.  

Comment instaurer un islam de France quand les imams sont pour nombre d’entre eux des fonctionnaires de l’état algérien et de la Turquie, que d’autres sont formés dans les écoles coraniques d’Arabie Saoudite, d’autres par le Conseil Français du Culte Musulman, et que chacun est libre d’adhérer à l’une ou l’autre des organisations musulmanes sur notre territoire ?

Qu’en dit le théologien Ghaleb Bencheikh ? (4)

« Il est temps de sortir des enfermements doctrinaux et de s’affranchir des clôtures dogmatiques.

L’historicité et l’inapplicabilité d’un certain nombre de textes du corpus religieux islamique sont d’évidence, une réalité objective. Nous l’affirmons. Et nous en tirons les conséquences.

L’ancrage dans la modernité ne saurait se faire sans une modernité intellectuelle fondée sur l’esprit critique.

Je regrette que nous ne l’ayons pas fait dans notre pays, en France. Aucun colloque de grande envergure n’a pu se tenir, aucun symposium important n’a été organisé en vue de subsumer la violence «inhérente» à l’islam; pas la moindre conférence sérieuse n’a été animée pour pourfendre les thèses islamistes radicales. Nous avons vécu sur la défaite de la pensée et l’abrasement de la réflexion. Il est vrai que la pusillanimité et la frilosité de nos «hiérarques» nous ont causés beaucoup de torts. Leur incurie organique nous laisse attendre, tétanisés, la tragédie d’après. Or, face à la barbarie, il vaut mieux vivre peu, debout, digne et en phase avec ses convictions humanistes que de végéter longtemps en louvoyant, en étant complice, par l’inaction, de ce qu’on réprouve.

Encore de nos jours, dans de nombreux pays à populations majoritairement musulmanes, des régimes politiques sévissent sans légitimité démocratique. Ils gouvernent en domestiquant la religion et en idéologisant la tradition. Ils manipulent la révélation pour des fins autres que spirituelles.

Quel crédit peut-on accorder à leur participation à la coalition qui bombarde le prétendu «Etat islamique» alors que les criminels fous furieux du califat de la terreur appliquent leurs doctrines et soutiennent leurs thèses? La monstruosité idéologique de l’EIIL, dénommée Daesh, c’est le wahhâbisme en actes, rien d’autre. C’est le salafisme dans les faits, la cruauté en sus. »

(4) Théologien, docteur en sciences et physicien site : slate.fr

Que pense et affirme publiquement Ahmet Ogras, président du comité de coordination des musulmans turcs de France (CCMTF), vice-président du bureau du CFCM, dont il deviendra président en 2017 ?

« Il est inadmissible (à propos de la couverture du premier numéro de Charlie Hebdo publié après les attentats ndlr) dans la conjoncture actuelle, de persister des signes de troubles de l’ordre, en provoquant les personnes, en humiliant deux milliards de personnes aujourd’hui. (…) Vous êtes (les médias ndlr) complices et vous persistez. Je ne comprends pas que vous admettez que c’est possible qu’au nom de l’islam qu’on peut égorger, qu’on peut tuer des personnes ! Il n’y a pas d’islam radical. » (regarder la vidéo :Ahmet%20Ogras,%20">
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Le citoyen qui s’intéresse aux religions en France, ne voit pas actuellement comment le Conseil Français du Culte Musulman (CFCM), et l’ensemble des organisations musulmanes de France (5) (FGMP, RMF, UOIF, CCMTF, FFAICA, Mosquée Saint Denis de l’lle de la Réunion, CIMG France), seraient en mesure de trouver un consensus pour apporter d’une même voix des réponses pertinentes aux questions des deux philosophes dont j’ai publié les textes.

(5) Site du Conseil Français du Culte Musulman, page de l’appel aux musulmans à manifester le 11 janvier 2015

Terminons ce premier d’analyse critique en rappelant l’exhortation d’Abdennour Bidar :

« Il faut que tu commences par réformer toute l'éducation que tu donnes à tes enfants, dans chacune de tes écoles, chacun de tes lieux de savoir et de pouvoir. Que tu les réformes pour les diriger selon des principes universels (…) : la liberté de conscience, la démocratie, la tolérance et le droit de cité pour toute la diversité des visions du monde et des croyances, l'égalité des sexes et l'émancipation des femmes de toute tutelle masculine, la réflexion et la culture critique du religieux dans les universités, la littérature, les médias. Tu ne peux plus reculer, tu ne peux plus faire moins que tout cela ! C'est le seul moyen pour toi de ne plus enfanter de tels monstres, et si tu ne le fais pas, tu seras bientôt dévasté par leur puissance de destruction. »

Cette puissance de destruction qui s’est manifestée moins de trois mois après la publication de sa Lettre ouverte au monde musulman.

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