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Solitude de l'audionaute de fond (4)

Publié le 08 février 2015 par Novland

1 février 2015. Trees – Sleep Convention (1982) J’ignore tout de Dane Conover (aka Trees), mais j’imagine qu’au début des années 80 il devait être un drôle de croquignolet. Il suffit de la voir gigoter sur quelques vidéos très amateurs qui traînent sur Internet (réalisées par Kim Fowley !) pour s’en convaincre. Son seul et unique album est vraiment très bien, sautillant et gigotant lui aussi. Produit par Earle Mankey (20/20, Runaways, Concrete Blonde, The Long Ryders, The Three O'Clock, Adicts…) il regorge « d’idées musicales futées » et a tout pour réjouir l’auditeur. Imaginez de petits bidules west-coast enrobés de sucre et chantés par un Gary Numan décongelé et vous ne serait pas loin du compte. Mélodies ramenardes, paroles rigolotes en bien et utilisation astucieuse de l’électronique, que du bon ou presque.Archie Shepp mériterait bien plus que les quatre lignes ânonnées dans la notule bâclée qui vous êtes en train de lire. Sa carrière est considérable, des débuts avant-gardistes et plus free que mon omoplate gauche, un retour vers le classicisme et Coltrane, plus tardivement un travail admirable sur les standards (des blues à bout de souffle, des ballades dans le velours). Pour vous faire une idée écoutez Blasé un titre de 1970 avec la grande Jeanne Lee une merveille répétitive, tendue et pleine de crudité féministe ( Blasé…. Ain’t you Daddy? / You shot your sperm into me, / And never set me free. / This ain’t a hate thing …). Écoutez cet autre titre enregistré en 1998, le Que reste-il de nos amours de Charles Trenet chanté avec toute la tendresse du monde.

2 février 2015. Andy Roberts – Nina and the dream tree (1971) Vous cherchez un disque discret et doux ? Celui-ci est peut-être fait pour vous. Un peu à l'image des premiers efforts d'Elton John (le primo Elton John est mine de rien assez conséquent), des chansons folk-rock, mais composées au piano ce qui fait toute la différence. Pour en revenir à la douceur et à la discrétion ce titre I' ve Seen The Movie, le second, assez beau il faut bien l'avouer. 3 février 2015. Patty Waters – College tour (1966) Le second album de Patty Waters pour ESP. Enregistré live quelques mois après les sessions de Sings. Pour qui aime les bidules avant-gardistes pleins d'éclat et les voix qui hésitent entre chuchotement et gémissements, c'est une sorte de must imparable. Les autres passeront leur chemin et ils auront bien tort (écoutez It nover enterred my main avec Ran Blake au piano, c'est une merveille exténuée). Quelques hippies égarés écoutés au débotté. Bobby Brown un aérolithe hawaïen qui pourrait faire penser au récemment déterré Lewis Baloue. Même asthénie apparente, mais une voix bien plus chamarrée puisqu'elle couvre pas moins de six octaves (ce qui n'est pas peu). Quant à la musique, c'est une jolie tambouille psychédélique préparée à partir d'instruments que Bobby Brown aurait lui-même inventés. Tim Down un chevrotant dans les pas de Tim Buckley, jolis violons, jolie chanson, mais pas plus que jolie. Alzo un moins chevrotant toujours dans les pas de Tim Buckley, jolie chanson encore, jolis violons, mais un peu plus de corps, d'épaisseur, d'âme (de Soul?). Pour finir avec nos hippies égarés, Bob Brown (et non Bobby Brown), encore des violons, encore une jolie chanson, un peu Wild Oldham avant l'heure légale, vraiment pas mal. 4 février 2015. Je me souviens avoir vu (et entendu) les Comateens au Palais d’Hiver de Lyon au début des années 80, peut-être 1983. Le groupe était habillé en rouge et noir et l’assistance peu attentive était quant à elle plus occupée à se regarder pied et mèche que la scène pourtant pas si loin que ça. Après le concert buvant une bière au comptoir du Palais je m’étais retrouvé accoudé à côté du groupe, nous avions partagé une bière tout en devisant un peu. Les frères North étaient très sympathiques et Lyn Byrd charmante dans le genre singulière. Oliver North est mort quelques années plus tard d'une sale maladie, c’est ainsi et c'est très triste. Sur la vidéo que je partage là un peu plus haut vous pourrez entendre et voir le groupe interpréter l'un de ses titres les plus connus Ghosts , basse tournoyante, orgue échappé d'une fête foraine, petit riff martial et cette façon un brin post-moderne de tournoyer autour de quarante ans de rock. Parmi les quelques perversités qui m'assaillent de temps à autre il y a cet intérêt sournois pour la musique progressive italienne. Je dois par exemple avouer beaucoup aimer ce titre du groupe Picchio Dal Pozzo (Napier). Une première partie pleine de flûtiaux et quasi primesautière, une seconde partie (aux environs de 4mn16s) frôlant le sublime forcement sublime qui ferait sangloter un pangolin (ces gens ont visiblement beaucoup écouté Rock Bottom de l'ami Wyatt). 5 février 2015. Molly Drake – Molly Drake (2013) J'écoute Molly Drake et je rosis instantanément, mon cœur s'emballe et me voilà presque amoureux. Molly Drake était la mère de Nick Drake, elle est, morte en 1993 à l'age de 77 ans près de vingt ans après son fils. Une mère que l'on imagine douce et aimante et qui dans l'intimité de la maison familiale aura enregistré en amateur quelques bandes musicales avec l'aide de son mari. Ce sont ces bandes qui ont été rassemblées en 2013, des chansons sobres et pensives fragiles comme des porcelaines posées en équilibre sur une commode bancale. Des lyrics élégants, sophistiqués et profonds  où Molly Drake cristallise les regrets, la crainte et le sublime comme seul un poète conséquent pourrait le faire. Voilà peut-être une partie du « mystère » Nick Drake révélé, tout ce qui faisait son charme était déjà chez sa mère. Une belle filiation, dans la douceur6 février 2015. Je n'ai pas encore écouté le nouveau disque de Dylan, vous savez celui où il chante Sinatra. Il y a cet extrait qui traîne sur YouTube. Magnifique, une colonne d'air essoufflée qui se fiche bien de savoir si elle s’élève dans la justesse (old age). Une autre voix singulière Blossom Dearie qui chante toujours comme une petite fille rattrapée par la patrouille. On parlant de voix singulière Robert Wyatt chante la plus belle chanson d'Epic Soundtracks. Un piano, un duo improbable, encore une merveille. 7 février 2015. Pour finir cette semaine en beauté, regardez et écoutez Françoise, cette étrange orchidée que l'on aimera toujours plus que tout ; pour la sustentation il faut savoir se nourrir de fleurs.  



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