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Ton amitié (atelier d'écriture)

Publié le 09 février 2015 par Antigone

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 Si j'avais choisi l'amitié, tu serais resté. Si la neige n'avait pas recouvert tout ce matin, brisé net toute effervescence par son silence, quelque chose aurait pu être sauvé. Collée à ma fenêtre, j'ai peur que tu ne reviennes pas. Les deux mains sur le verre froid, je laisse ma crainte embuer l'image de ton départ. Levée après toi, je t'ai vu disparaître au coin de la rue, là en bas de mon immeuble. J'ai vu ton dos pressé, tes pas sombres, encore visibles, créer une guirlande de traces de toi sur le trottoir. Où es-tu allé ? Entre nous deux, cela a toujours été un peu fou, évident, des rires sous cape partagés. Tu étais enfant mon double masculin, ma moitié fraternelle, mon moi plus affûté. Je me souviens comme nous aimions ensemble plonger nos deux mains dans la rivière, chercher des bestioles, nous taire, et puis marcher entre les arbres, essayer le cloche-pied. Hier, tu as toqué à ma porte, parce que tu étais loin de chez toi, que je pouvais être le bon plan d'une nuit canapé pour dormir, et parce qu'il y avait eu autrefois l'amitié. Comme d'habitude, j'ai sauté dans tes bras, et tu m'as rattrapé, même taille, même bouclettes sombres, et presque le même visage. Je n'ai pas compris à quel moment ma main a caressé ta joue, à quel moment exactement nous nous sommes embrassés, à quel moment l'évidence a encore fait sa loi. Je n'avais pas défait le canapé. Je crois qu'au bout de la nuit nous étions simplement un peu plus heureux et saouls, plus désinvoltes. Et puis la lumière crue du jour n'était pas encore là. Tout à l'heure, elle a j'imagine tout aplati, tu as vu nos verres sales, mon chez moi de fille, notre amitié par terre. Je ne suis pas forcément celle dont tu as envie de croiser le regard brouillé au petit déjeuner, après l'effervescence. Si c'était cela, je pourrais comprendre, je crois, le silence tout autour, et puis le blanc et le froid.
Je n'ai pas entendu la porte de mon appartement s'ouvrir, mais soudain j'entends tes pas, je sens tes bras entourer ma taille, et aussi ton haleine se perdre dans mon cou. Tu es revenu, tu es là. Pourquoi avoir douté de nous ? Je sens l'évidence coller ton corps contre le mien, mêler tes boucles aux miennes, je pourrais même deviner ton sourire et ton étonnement de me surprendre le nez contre la vitre, auréolée de buée. Je me retourne, et je crois mon chéri que pour la première fois de notre vie je suis en train d'éclater de rire dans ta bouche.

Une photo (de Romaric Cazaux), une inspiration, et au final un texte... tout ça pour l'atelier d'écriture de Leiloona [clic]. J'avais envie d'être très Saint Valentin cette fois-ci. ;)


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