Anxieuse ou très enthousiaste à l’idée de rencontrer ses lecteurs, c’est avec une demi heure d’avance qu’Anouk Ricard est arrivée à la première Rencontre Internationale de ce FIBD 2015. Heureusement que la jeune auteure est patiente, vu qu’un petit souci d’emploi du temps, a décalé le début de cette rencontre de 30 minutes.
Après un Bac L option dessin, deux ans aux Beaux-Arts d’Aix (qu’elle a fui car elle se sentait déphasée par rapport aux autres obsédés d’art abstrait) et les Arts Décos de Strasbourg, elle commence à faire parler d’elle avec ses petits personnages monstrueux et rigolo. Ses animaux aux yeux tordus attirent l’attention d’Astrapi qui lui propose son premier boulot dans la presse jeunesse. Une commande quelque peu paradoxale, vu que le rédac chef insiste pour qu’elle fasse des dessins moins effrayant pour les enfants en traitant la thématique de la mort.
Lors de sa quatrième année aux Arts Décos, elle remporte le concours Fluide Glacial et voit ses strips publiés en quatrième couverture. Elle poursuit pendant un temps sa collaboration avec le magazine à l’humour corrosif, mais finit par choisir un autre chemin.
C’est à ce moment là que sort Anna et Froga, sa première BD tout-public. S’inspirant de Mafalda ou Snoopy, elle y dévoile un dessin simple et enfantin avec un niveau de lecture plus adulte.
Anouk Ricard y démontre l’importance de la représentation des animaux qui est présent dans ses dessins depuis ses débuts. Pour elle dessiner des animaux permet une reconnaissance plus immédiate des personnages. Elle s’amuse à faire du « Disney mal dessiné ». Ces strips mettent en scène des situations foireuses qui font écho à la vie de l’artiste. Si au début, ses histoires étaient un peu surréaliste, elles deviennent de plus en plus terre à terre avec le temps. Elle regrette un peu la magie de ses débuts.
C’est ensuite avec Coucous Bouzons qu’elle passe à un registre encore plus adulte avec ce récit sur le monde du travail dans une entreprise de coucous suisse. Cette oeuvre, qui a obtenu le dBD Awards 2012 du meilleur livre d’humour, devait au départ se passer dans le milieu psychiatrique. Cependant la sortie au même moment de HP signé Lisa Mandel, l’a poussé à changer son fusil d’épaule.
Avec Faits Divers, elle exploite la dimension absurde du fait divers. En parlant de l’avant ou l’après en se basant uniquement sur les titres lus dans la presse. Son travail est d’ailleurs visible chaque semaine sur le site Personne ne bouge d’Arte.fr où elle choisit un fait en fonction d’une thématique imposée.
La jeune dessinatrice se demande toujours ce qui va faire rire ses proches quand elle exécute une planche ou un strip. Elle travaille avant tout pour les autres et précise qu’elle ne dessinerait pas si elle devait faire cela que pour elle. Elle n’aime pas travailler et ne dessine que quand elle a une commande. Elle a d’ailleurs consulté une psy pour parler de son rapport très compliqué au travail. Elle se sent en décalage avec ses collègues car elle ne prend pas son pied en dessinant, mais vit cela comme une corvée.
Anouk Ricard change complètement de registre à la demande des éditions Requins Marteaux avec la BD érotique Planplan Culcul. Une expérience qu’elle aimerait renouveler. C’est d’ailleurs dans cet objectif qu’elle travaille actuellement avec un marionnettiste belge. Elle voudrait développer un projet d’animation pour une BD érotique avec des marionnettes.
Un projet qui pique ma curiosité, mais en attendant vous pourrez retrouver mon avis sur sa BD, Les Experts prochainement sur ce site.
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