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Fresque Ramadanesque

Publié le 09 février 2015 par Le Journal De Personne
Parmi les causes perdues, j'ai toujours retenu les plus dignes d'être défendues.
Je sais que pour la plupart le devoir n'a plus de sens. Surtout pour ceux qui n'ont jamais eu le sens du devoir qui consiste à rendre à César, ce qui appartient à César sans s'en prendre à son Dieu.
À chacun selon son dû... Faisons au moins comme si nous pouvions nous rendre une justice que personne ne nous a rendue.
Je ne vais pas refaire le procès que l'on fait à l'islam, parce que nul n'a intérêt à se mesurer à la force d'un préjugé.
Je compte juste vous rendre sensible la distinction entre une mystique et une mystification.
J'ai choisi, sans y être autorisée, l'histoire d'un musulman pour illustrer un malaise contemporain.
Il s'appelle Tariq Ramadan.
La France n'en veut pas, n'en a jamais voulu. La France lui en veut. Elle lui en veut d'être musulman. Elle lui en veut surtout d'être capable d'exprimer en bon français, ce que c'est que d'être un bon musulman.
Depuis l'incident avec Sarkozy, Tariq Ramadan est présenté ou représenté comme le malin génie qui nous vend ou nous vante la religion de tous les dangers.
L'homme du double langage, autrement dit un hypocrite professionnel, un sophiste confessionnel, un extrémiste sensationnel.
De quoi le soupçonne-t-on au juste ?
Parce qu'il faut faire attention : à force de prêter la mauvaise intelligence à l'ennemi, on finit par devenir ennemi de la bonne intelligence.
Pour prendre un exemple amusant ou terrifiant c'est selon... rappelons celui de l'ex-président : Faut-il ou non lapider les femmes... les salopes ? Désolée pour ce langage un peu cru, un peu cruel pour ne pas appeler chat un chien.
Mais c'est ce que les merdias font tous les 4 matins : ils stigmatisent Tariq Ramadan qui n'hésiterait pas, selon eux, à nous jeter la pierre lorsqu'il est avec ses frères musulmans et à retenir sa main lorsqu'il s'adresse à nous autres païens.
Toute la mauvaise réputation de Tariq Ramadan a été bâtie sur ce genre d'allégations. Il ne faut pas l'écouter. Il ne faut pas l'inviter et quand on l'invite il faut toujours lui couper l'herbe sous les pieds en le présentant comme un agent double : le radical qui cherche secrètement notre aval. Surtout pas avaler, ça nuit gravement à la santé des français... de souche.
Parce que le Malin maitrise la langue de Tartuffe autant sinon plus que Molière.
C'est ainsi que la France se prive ou s'est toujours privée du bon interlocuteur, de celui qui fait plus que quiconque le lien entre orient et occident, entre transcendance et contingence.
Toute chose a deux sens : celui qu'elle a et celui qu'on lui donne. Mais la France ne veut pas l'entendre de cette oreille mais de l'autre, qui a toujours été sourde aux nuances.
Je ne dis pas que la France n'entend rien à l'islam... je dis qu'elle ne veut pas entendre les musulmans... ni comprendre, l'un des rares qui peut le lui expliquer dans sa langue.
Refus idéologique parce que la France ne veut surtout pas d'un échange philosophique parce qu'elle a peur de perdre la main et la face.
Un sens pour Charlie. Deux sens pour celui qui réfléchit...

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