Alors qu’il est en service, Rick Grimes, policier, reçoit une balle dans la poitrine et sombre dans le coma. Lorsqu’il se réveille, deux mois plus tard, à l’hôpital, les lieux sont déserts. Il explore les couloirs, mais ne rencontre que des cadavres, qui visiblement sont là depuis longtemps puisqu’ils en sont déjà à la décomposition. Terrifié, il cherche quelqu’un de vivant: qu’a-t-il bien pu se passer pendant ces deux mois? C’est alors qu’il se rend compte que ces cadavres en putréfaction qui jonchent le sol se mettent à bouger. Ils se relèvent et marchent vers lui! Comprenant qu’il s’est passé quelque chose de grave et qu’il ne croise plus un seul être vivant, Rick décide de partir à la recherche de sa femme et de son fils, dans les rues infestées de cadavres ambulants. Plus de radio, plus de télévision, des magasins pillés, … Et des morts qui, malgré leur démarche mal assurée, sont prêts à déchiqueter de leurs dents les rares survivants.
Depuis des années, j’entends parler de cette BD qui serait une des meilleures actuellement. Je me méfie un peu des scénarios qui cultivent le gore. Et ce qui m’a surtout plu dans cette série, c’est que si les zombies sont effectivement un contexte particulièrement racoleur, il apparaît très vite que ce ne sont pas eux le vrai sujet de ce comics. Ce qui est surtout développé, c’est la solitude de Rick dans un monde complètement dévasté et son organisation pour survivre: l’électricité, les soins, la nourriture, le chauffage, l’hygiène, tout devient problématique lorsque la ville se transforme en piège à grande échelle. Plus que le fantastique ou l’horreur, c’est donc le post-apocalyptique qui fait le véritable intérêt du scénario. Et très vite, c’est aussi ce que ce nouveau monde provoque comme changement chez les humains qui prend le dessus: jusqu’où est-on prêt à aller pour protéger ceux que l’on aime, pour survivre, à qui faire confiance, est-on encore capable de solidarité …?
De là, la BD se fonde sur une galerie de personnages particulièrement attachants. Personnellement, je n’ai pas spécialement aimé Rick, le héros, que je trouve justement un peu trop héros, un peu trop emblématique de cet univers. Mais tout autour de lui, on va de surprise en surprise: des pourris, des désaxés, des paniqués, des meurtriers, tout cela coexiste par la force des choses sans avoir d’autre point commun que de s’être trouvé vivant au même moment. J’ai tout particulièrement apprécié le discret Glenn, débrouillard et bonne poire, ou Andrea la fine gâchette qui n’a rien à envier aux plus badass de ses camarades masculins.
Le gros point fort de la BD est paradoxalement aussi son défaut selon moi. En effet, l’intrigue permet de fonctionner par orbes, et de ne pas tendre vers une fin: on rencontre des nouveaux survivants, on arrive dans un nouveau lieu qui a sa propre intrigue, son fonctionnement particulier, ça finit par tourner mal et quelques morts plus tard on repart vers un autre lieu. Au passage, les relations entre les personnages évoluent, on a des arrivées, des départs, des morts. L’avantage: c’est très addictif. L’inconvénient: on en voit jamais le bout et on peut avoir le sentiment de tourner un peu en rond. J’ai toujours un peu de mal avec ça.
La note de Mélu:
Une très belle découverte.
Un mot sur les auteurs: la série a été créée par Robert Kirkman, auteur, et Tony Moore (dessin), rejoints par Charlie Adlard.
La série: Depuis 2010 est diffusée une série télévisée adaptée de la BD, adaptation faite par Frank Darabont et Robert Kirkman. On peut donc tabler sur une relative fidélité puisque le créateur de la BD est sur le coup. Là où la série est bien sûr très attendue, c’est sur l’esthétisme gore qui était déjà celui de la BD. Et c’est justement le point sur lequel elle est particulièrement connu: des zombies visuellement bien travaillés, des viscères apparentes, une décomposition soigneusement mise en scène. J’avais peur de la gratuité du sanglant, mais finalement, c’est assez bien dosé.Déjà culte à cause de ça, elle l’est aussi grâce au bal de ses acteurs. Andrew Lincoln, dans le rôle de Rick, ne me fait pas plus d’effet que ça, mais je pense que ça vient surtout du personnage à la base. Comme beaucoup, j’ai été très vite agacée par le personnage de Lori, la femme de Rick, jouée par Sarah Wayne Callies: elle se plaint, elle donne des leçons, elle fait des cachoteries. J’ai aussi eu du mal avec le personnage de beau gosse obscur qu’est Shane (Jon Bernthal) qui est un vrai cliché du militaire américain. J’ai en revanche beaucoup aimé Glenn, incarné par Steven Yeun, avec son petit côté fragile, ingénu, sympa. Il est réellement touchant. Mon seul regret: la série vire parfois franchement au sexisme, lorsqu’on a de très longues conversations entre femmes en larmes parce que oh-mon-dieu-mais-quel-homme-reste-t-il-pour-nous-protéger. Heureusement, il y a Laurie Holden, qui incarne une Andrea aussi belle que forte. Mais leur marque de fabrique, c’est surtout de disparaître au moment où on commence à s’y attacher: la série n’hésite pas à tuer ses protagonistes, prenant à contrepied l’idée que dans une série, les héros ne peuvent pas mourir sauf si l’acteur décide de claquer la porte.
L’intrigue prend le parti de dilater, d’ajouter des événements, et de multiplier les cliffhangers en fin d’épisodes. Et ça marche: on avale les quelques épisodes de la première saison à toute vitesse. Mais dès la deuxième saison, j’ai pu remarquer une nette tendance à faire durer la moindre intrigue. Un personnage disparaît, une porte se ferme, et on y passe trois épisodes. Il m’est arrivé d’en terminer un en me demandant à quoi il avait bien pu servir, parce qu’il ne s’y était vraiment pas passé grand-chose. Du coup, on a le temps de repérer toutes les petites incohérences, comme le fait qu’il ne pleuve jamais (pratique quand on campe sur la route en permanence), qu’ils ne mettent jamais deux fois les même vêtements alors qu’ils n’ont pas de dressing, ou que les cheveux de Lori soient toujours propres, brillants avec brushing. Un bon divertissement, donc, bien américain, bien scénarisé, bien filmé, à prendre avec une bonne dose de second degré quand même.