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Demain – Lise Martin

Publié le 10 février 2015 par Chroniquemusicale @chronikmusicale

Lise MartinOn est en décembre 2014. Il fait sacrément froid. Je suis au festival La teuf s’amuse, à Genève. On est sur un bateau. Sur le lac Léman. Prix d’entrée 20 francs suisse. (19 euros et quelques) pour 3 groupes programmés. Je trouvais le prix cher. J’y allais essentiellement pour un groupe genevois. Ça faisait cher le groupe à découvrir. Mais j’y suis allée. En retard, comme à mon habitude… j’ai donc loupé le premier groupe. Il me restait à voir le groupe pour lequel je m’étais déplacée. Prise entre les bières et les cigarettes, j’en ai loupé leur entrée sur scène. Je me suis énervée. Moi qui trouvais l’entrée cher, je n’étais même pas foutu de suivre, au moins, les groupes sur scène… Je m’en suis voulu. J’ai vu le groupe qui m’intriguait. On va le citer quand même ! Capitaine etc.. Le son est bon, en plus, donc, oui, on va le citer.  Et puis, prise dans les rencontres, les amis, les autres bières, les autres cigarettes, j’en ai zappé le dernier, de groupe. Puis, arrive le moment « prise de conscience » où le prix du billet me revient en tête et où je me dis que quand même, là, ça fait cher la soirée sur un bateau à ne voir qu’un groupe sur trois. Alors, j’y vais. Je pousse la porte. Dans la pénombre, les lumières de la ville se reflètent sur l’eau. C’est beau. Je vois ça de loin. Les fenêtres. La foule. Puis, eux. Il y a une violoniste incroyable, un guitariste qui tambourine sur des pédales et devient percussionniste, au passage. Et puis, et puis il y a cette voix, cette chanteuse de talent. Une partie du public est assis, devant. Les autres, sont calés contre les piliers ou contre les fenêtres embuées. La hauteur sous plafond est de 1m80, maximum et j’ai l’impression soudaine d’entrer dans un autre monde. Quelque part, dans cette soirée mouvementée, tout s’est apaisé, tout s’est calmé. Et moi… moi, je suis restée là, bouleversée. Elle était là, elle, sur la scène, avec cette voix, cette voix incroyablement touchante avec laquelle elle dit des choses un peu tristes mais sacrément belles. Elle, c’est Lise Martin. Elle, c’est une sacrée voix. Une voix sacrée, même. Elle, c’est des paroles incroyables. Elle, c’est de la poésie en musique. Elle, c’est la perle musicale qui me manquait. Un mélange troublant d’accent d’un autre âge et de modernité qui dépoussière le genre sans le décaper. Elle, c’est mon dernier coup de foudre musical de l’année 2014.

Du coup, fascinée, je cherche des infos. Je découvre que Lise Martin existe depuis 2007. Avant ça, elle chantait en duo avec sa sœur. Je découvre un premier EP Gare des silences sorti en 2010. Je découvre que sur scène, en fait il y a un guitariste, Cyrille Aubert, un violoncelliste, Francis Grabisch, une violoniste, Florence Breteau et de temps en temps un percussionniste, Luc Ginieis. Je découvre donc que le concert genevois était en formation réduite. Et puis, je découvre qu’ils ont sorti un album en 2014 titré Déments songes. Un vrai de vrai. Un double album 12 titres x 2 que je peux donc écouté au casque, troublée, émue, fascinée et bouleversée… parce qu’écouter Lise Martin c’est se plonger au-dedans, se blottir confortablement dans un fauteuil et écouter des histoires qu’on nous raconterait au coin du feu, une tasse fumante entre les mains. On la dirait d’un autre temps, d’une autre époque tant cette qualité-là est rare, à présent. Elle a des accents façon Barbara et on la dirait croisée Brel quand, sur scène, elle nous raconte avec une émotion, une énergie qui semble étrangère au bout de femme, là, qu’on voit devant nous. On la dirait sortie des années où la musique avait l’audace de dire, où la musique avait un pouvoir, où les voix avaient de l’importance, une émotion, quelque chose en tout cas. A présent, la chanson francophone comme on l’appelle, comme pour moderniser le terme chanson française, semble plutôt fade, la guitare se gratte, le son devient plus important que le sens et parfois, même souvent, je me demande ce qu’on en a fait, du français, du pouvoir des mots et de cette façon particulière de raconter. Alors, quand je vois débarquer sur scène une personne comme Lise Martin j’ai envie de la remercier de redorer les lettres, de les redécorer, même. Parce qu’elle en a le talent, le pouvoir, la magie. Et parce que je lui donne tous les droits, aussi… il faut l’avouer. Mais c’est tellement mérité !

Je propose à l’écoute le titre Demain tiré de l’album Déments songes pour ces paroles françaises magnifiques, ce son, ces cordes et cette jolie façon de faire de la musique. Et je conseille fortement le titre L’orage pour ce phrasé magique. 

Informations complémentaires

  • Titre: Demain
  • Durée: 3min 18s
  • Artiste(s): Lise Martin
  • Album: Déments Songes
  • Label: Lise Martin
  • Date de sortie: Avril 2014
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