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Transpirant à la fois d’un hédonisme le plus débridé et d’une exubérante science du mélange et du métissage, le groupe basque Polygorn composé de Panda Valium, Pollux, Elorn et M.# vient de sortir en décembre dernier un premier disque éponyme via Moï Moï Records, dégoisant sans autre calcul autre que le plaisir une sorte de space-kraut mutant, empruntant aussi bien aux divagations électroniques du vénéré James Holden qu’à la mythologie rythmique d’une motorik Allemande emmanchée par Neu! et consorts, en passant par quelques pirouettes mélodiques africanisantes. A la fois ramassée et luxuriante, leur prose à la cosmicité lysergique est symbolisée par l’entêtant morceau d’ouverture Peter Monkey dropant Polygorn quelque part sur l’autoroute du Soleil reliant Zombie Zombie à Fairmont. Ceux avec qui le producteur Hollandais Mattheis nous a déclaré avoir hâte de travailler (lire), ont accepté de répondre à quelques-unes de nos questions, en plus d’offrir une mixtape à écouter et télécharger ci-après.
Polygorn l’entretien
Polygorn est un groupe basque issu du collectif MoïMoï. Même si l’on se doute que le groupe est né de jams enfumées, quelle est votre histoire commune ?
Pollux : On se connait en effet depuis longtemps et on jouait tous (sauf Peio ‘Elorn’) du funk instrumental dans le même groupe ; le groupe est pas né de jams, c’est plutôt des jams qui ont succédé à la création du groupe ; à la base on voulait ajouter des instruments au setup de Txomin ‘Panda Valium’ et donc voila y’a eu des jams oui, enfumées oui…
Txomin ‘Panda Valium’ : Igor, Pollux et moi avons joué dans le même groupe de funk il y a quelques années et avec Peio nous sommes depuis le début dans MoïMoï. Et on se connait presque tous du gaztetxe (maison des jeunes en basque), un local auto géré où nous avons tous fait nos premiers concerts.
Votre musique fait le pont entre électronique contemplative et krautrock hypnotique. Comment situez-vous votre démarche et quelles sont vos principales influences ?
P. : y’a forcément plein d’influences, mais après perso je le vois plus comme atteindre le ou les sons qui nous plaisent aux quatre d’entre nous à la fois, et comme on est assez pointilleux c’est plutôt intéressant comme démarche.
Tx. : Je sais pas si on peut parler vraiment d’UNE démarche. Sur chaque morceau on essaie de faire un truc qu’on aime, parfois ça sera une base un peu afro, instrumentale, une autre fois plutôt electro avec des gros synthés ou alors plutôt rock mais dans chaque cas on essaie de faire en sorte que les autres instruments ramènent une cohérence – un fil conducteur quoi – dans les morceaux.
L’aspect synthétique, avec une basse omniprésente, ressort, tout comme la guitare, qui confère des intonations plus pop. Comment composez-vous, quelle est votre méthode ?
P. : Certains thèmes sont prévus dès le début pour le jeu en live, d’autres ont été fabriqués plus dans le sens de la production de l’album – chacun participe mais on veut évidemment éviter de se répéter, c’est toujours embêtant de se répéter quand on joue des choses comme du kraut ou des patterns répétitifs n’est ce pas.
Tx. : Au début il n’y avait pas vraiment de méthode ( ce n’est toujours pas très clair d’ailleurs). De manière assez classique on faisait tourner des thème puis on montait des structures et on se retrouvait avec un morceau à peu près potable. Ensuite au fur et à mesure des concerts on essayait de comprendre ce qui marchait ou ce qui ne marche pas tant au niveau du son que des thèmes et on améliorait le morceau en répétition jusqu’à avoir une version finie ( encore aujourd’hui on modifie des morceaux créés il y a un an ou deux). Le fait d’enregistrer les morceaux aussi nous a pas mal aidé à y voir plus clair. Et pour ce qui est de la place des machines ou des autres instruments, au début on partait généralement des machines et on construisait le reste autour mais maintenant on peut tout aussi bien partir d’un riff de basse, de guitare ou même d’un rythme de batterie, il n’y a pas vraiment de règle. Et plus récemment on a passé pas mal de temps à essayer d’aérer un peu plus les morceaux qui étaient très denses et chargés.