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La fin d’un roman de famille – Péter Nádas

Par Moglug @Moglug

La fin d’un roman de famille – Péter NádasPour la petite histoire, ce livre-ci était mis à l’honneur sur les étals de L’Esprit Livre – plus précisément sur le petit tabouret en bas à droite de la table du fond, mon endroit fétiche <3"><3"><3"><3 – je l’ai acheté sur un coup de tête, cela m’arrive parfois avec les éditions Le Bruit du Temps, surtout depuis que j’ai lu Sur Anna Akhmatova de Nadejda Mandelstam. Bref, je m’égare…

Péter Nádas, comme son nom ne l’indique pas, est un auteur hongrois. J’ai cru pendant plusieurs semaines qu’il était argentin – je m’étonne parfois moi-même des étranges associations d’idées qui se forment dans ma caboche – j’ai dû ouvrir le livre au hasard et tomber sur les mots « espion argentin » pour me recréer tout un monde.

Quoiqu’il en soit l’auteur est hongrois, La fin d’un roman de famille est son premier roman, publié initialement en 1977, traduit pour la première fois par Georges Kassai en 1997 pour les éditions Plon et remis ici au goût du jour par Le Bruit du Temps. A travers les yeux d’un enfant, on suit le quotidien de cette vie de famille, les grand-parents, le père absent, les voisin.e.s plus ou moins excentriques. J’ai lu La fin d’un roman de famille comme une succession de souvenirs d’enfance. L’écriture de Péter Nádas est riche et fluide, jouant des répétitions, abandonnant une anecdote pour mieux y revenir au moment opportun, tissant un fil rouge indicible mais certain. Incontestablement, j’ai retrouvé dans cette lecture le plaisir de lire un beau texte. Les dérives verbales du grand-père, auxquelles notre petit garçon – qui ne sera nommé que très tard dans le roman – est particulièrement attentif, sont prétextes à de très nombreuses digressions faisant la richesse du roman, alternant épisodes triviaux et leçons de vie mémorables. En voici un exemple, à propos d’un dentier égaré derrière un radiateur :

Quand il n’avait pas de dent, il parlait comme s’il mastiquait en même temps. « Chacun doit vivre la vie qui lui est donnée. Malheureux sont les impatients. Retiens-le bien ! Mais qu’est-ce que le bonheur ? Qui le sait ? Le bonheur, s’il vous plaît, est semblable à la plus belle femme. Si tu le désires, si tu t’emploies à l’obtenir, il fait la coquette, remue le popotin, mais ne se donne pas. Quand tu veux son âme, il veut donner son corps, et si tu désires son corps, c’est son âme qu’il met à tes pieds. Toujours ce que tu ne veux pas. Parfaitement. Les impatients sont malheureux, car ils veulent toujours quelque chose et obtiennent toujours ce qu’ils ne veulent pas. C’est pourquoi le bonheur est comparable à la plus belle des femmes. (…)»

Quand le grand-père ne partage pas ce qu’il a appris de la vie, il revient sur l’histoire de la famille. Et c’est là que le bât blesse… Le grand-père est obsédé par la question de Dieu, et sur ce point je le lis certainement tout aussi attentivement que son petit-fils l’écoute. Cependant, lorsqu’il reprend toute la généalogie familiale, jusqu’à l’Ancien Testament – heureusement réadapté par ses soins – qu’il reprend toute l’histoire familiale pour identifier lesquels de ces ancêtres étaient juifs, lesquels parmi les convertis au christianisme avait ou non pu maintenir la foi juive dans la lignée, etc. , là, j’ai dû m’accrocher – mais pas capituler ! – et j’avoue avoir hésité à abandonner le livre avant son dernier tiers. Sur un roman de 200 pages, je n’ai pas su apprécier ces « vies parallèles » – pour reprendre le titre d’un autre roman de Péter Nádas. Si j’ai compris le lien, je n’en ai pas moins perdu plus d’une fois le fil de ma lecture – certes, je n’aurais peut-être pas dû le lire dans les transports en commun, certains auteurs nécessitent un minimum de concentration…

Je n’ai pas abandonné. J’ai continué, laissé passer les épisodes bibliques, médiévaux et que-sais-je-encore pour revenir à notre petit homme et à la conclusion du roman… que je ne vous dévoilerai pas, mais qui a largement su me faire oublier mes déceptions de mi-roman !

Pour conclure cet article, Péter Nádas est un auteur à découvrir. Je n’ai pas lu ses autres romans, et j’avoue que je les appréhende un peu : les quelques 1500 pages de ses Vies parallèles risquent de m’être un peu indigestes. Cela dit La fin d’un roman de famille étant son premier roman, les « digressions » de ses autres écrits sont peut-être mieux réussies ou sauront me parler d’avantage. A ce propos, si vous les avez lu, je veux bien lire vos avis et conseils…

Ce livre est chroniqué dans le cadre du Challenge Tous Risques d’Aaliz – que je remercie d’ailleurs, j’adore ce challenge qui bouscule un peu mes habitudes. ;)

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