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Mobilité

Publié le 07 mars 2010 par Annepaulerville
Chez les animaux, il y a les oiseaux migrateurs, les transhumances de troupeaux dans les alpages, les migrations en quête de meilleurs pâturages. Chez les humains, la mobilité, c’est soit la liberté, soit la misère. Liberté, car la possibilité de mobilité est une promesse, une respiration loin du quotidien étouffant.  Misère, car la mobilité imposée est une oppression. Symbole du luxe et source de plaisir lorsqu’il s’agit de s’offrir un peu d’exotisme ou de choisir l’automobile de ses rêves, la mobilité devient un cauchemar lorsqu’elle est une contrainte, et que la perspective de retrouver son nid douillet au retour n’existe plus.  Alors, ce n’est plus un voyage, c’est un exil. Certes, l’homme n’est pas un arbre : il ne meurt pas si on le déracine. Mais il y a dans la mobilité forcenée de l’homme moderne une agitation insensée par laquelle il espère compenser son vide intérieur.  Car la mobilité, ce sont aussi les délocalisations mortifères pour le tissu économique et social local, et aussi prodigues en émissions toxiques et gaz à effet de serre que le tourisme de masse. La mobilité, pour le fils cadet d’une mère sahélienne, ça consiste à rejoindre un illusoire Eldorado européen dans la cale polaire d’un avion ou sur la coquille précaire d’un passeur avide au large de Gibraltar ou de l’Eurostar. La mobilité, chez France Télécom, c’est l’impossibilité de construire un foyer : quitter sa maison, sa famille, ou arracher ses enfants à leur école, sa femme à son travail,… La mobilité, pour un yaourt à la fraise, d’après une étude universitaire allemande, c’est un total de plus de 8000 km parcourus jusqu’au supermarché : des fraises de Pologne ou d’Espagne, le lait d’ailleurs encore, le plastique du pot de l’autre bout de l’Europe, etc…  Homme libre, toujours tu chériras ta terre. Publié dans l'Hebdo du Vendredi le 20 novembre 2009

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