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Things People Do: la lente dérive d'un américain lambda

Par Filou49 @blog_bazart
15 février 2015

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 Célèbre monteur, nominé deux fois aux oscars notamment pour la "Ligne Rouge", un des films cultes de Terence Malick, Saar Klein a récemment réalisé son premier long métrage, "Things People do", qui sort en salles mercredi prochain , et qui a notamment été apprécié lors du dernier Festival du film américain de Deauville,  et que j'ai eu le chance de voir en avant première quelques semaines avant sa sortie.

Le fait qu'il ait travaillé pour Malick se sent assez nettement à la vision de son premier long métrage, car si la narration de celui ci est plus linéaire que les films de Malik,  il y a quand même une vraie influence du maitre qui se ressent, avec un soin énorme apporté au cadrage, aux images, et une voix off élégante posée sur quelques magnifiques plans de nature, comme Malick aime tant à le faire.

Things People Do: la lente dérive d'un américain lambda

On voit que Saar Klein a été formé à la bonne école, tant le type sait  indéniablement filmer et cultive un sens de l'esthétisme et de l'image léchée que n'aurait pas renié son maitre.

Cela étant dit, paradoxalement, cette influence s'avère être un peu pesante, tant on le  sent continuellement  partagé entre la maitrise de sa caméra et celle de son récit, qui aurait certainement été plus judicieuse avec une réalisation moins contemplative qui aurait donné plus de tension et de passion aux scènes fortes jalonnant le récit.

Car cette histoire d'un type qui ment à tout son entourage à la suite d'un licenciement fait évidemment penser à l'affaire Romand et ses déclinaisons littéraires et cinématographiques (par Laurent Cantet et Nicole Garcia), sauf que là notre anti héros ne passe pas sa journée à attendre dans sa voiture, mais se met à faire des braquages avec une arme de poing.

Le film ne lache pas ou très peu  son personnage principal, vite plongé  dans un chaos intérieur profond,  et nous le montre prêt à tout , quitte à tomber dans l'illégalité et la délinquance, afin de sauver les apparences et continuer à rembourser le prêt de sa maison.

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Un type poussé à bout par les dérives de la société capitaliste,  on pense aussi à "Chute Libre"  avec Michael Douglas, sauf que la mise en scène est là totalement à l'opposé du cinéma coup de poing de de Joel Schumacher.

Critiqueà peine voilée du rêve américain, le film ose une intéressante réflexion sur la place des valeurs dans une vie mais cette dernière n'est sans doute pas assez poussée, la faute à cette prédominance contemplative  dans la mise en scène, au détriment du fond.

Toutefois, le film offre une vision sombre  et percutante de l'american dream, et dans le rôle du type qui voit ses idéaux s'effondrer peu à peu, Wes Bentley ( que j'avais un peu perdu de vue depuis son rôle de voisin dérangé dans  "American Beauty"),  offre le profil idéal de type lisse en apparence qui cache au fond des yeux des névroses et autres félures. Son physique à la fois passe-partout et étrange aide beaucoup pour ce rôle plus nuancé que ce qu'il parait au début.

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Bref, malgré ces quelques défauts, "Things People do" fait preuve d'un soin évident, et constitue  incontestablement une des bonnes surprises du récent cinéma indépendant américain.

Bande-annonce : Things People Do - VOST


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