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Des capteurs pour nourrir les poissons d’élevage et optimiser les coûts

Publié le 16 février 2015 par Pnordey @latelier

eFishery, start-up finaliste du Seedstars XWorld 2015, a mis en place un système qui permet de nourrir les poissons automatiquement, afin de réduire sensiblement les coûts.

L’innovation est partout, y compris là où on l’attend le moins. C’est ce que prouve la start-up indonésienne E-Fishery, finaliste du Seedstars world 2015, qui propose un système destiné à faciliter l’existence et soulager le porte-monnaie des éleveurs de poisson. « Le principal problème, pour un éleveur, a trait au coût de la nourriture. Celui-ci représente entre 70 et 80% des coûts totaux. Or, la manière dont on nourrit les poissons aujourd’hui, dans les élevages de petite et moyenne taille, est inefficace. Le travail est fait par des humains, qui ne peuvent pas connaître avec précision l’appétit des poissons, et les nourrissent ainsi toujours beaucoup trop. Non seulement le gaspillage représente un manque à gagner, mais une partie de l’élevage risque également d’y laisser la vie, l’excès de nourriture dans l’eau entraînant une pollution de celle-ci. J’ai pensé que la technologie pourrait résoudre ce problème. » explique Gibran Huzaifah Amsi El Farizy, cofondateur de l’entreprise. Son idée ? Automatiser l’ensemble de l’opération, à l’aide d’une machine qui détecte quand les poissons ont faim ou non. Un premier type de capteur sonde leurs mouvements et libère de la nourriture lorsqu’ils se mettent à s’agiter, signe qu’ils ont faim. Ensuite, d’autres capteurs détectent le bruit émis par les mâchoires des poissons. Lorsqu’ils arrêtent de mastiquer, preuve qu’ils sont repus, la nourriture cesse automatiquement d’être déversée.

Des capteurs pour nourrir les poissons d’élevage et optimiser les coûts

Efishery, un système automatisé et intelligent pour nourrir les poissons

Jusqu’à 1 200 dollars économisés par mois

Cet ingénieux système est le fruit de l’expérience de Gibran, ancien éleveur, et de l’expertise de son cofondateur, ingénieur de formation. Un site internet et une application permettent à l’éleveur de garder un œil sur la situation à distance. Petite difficulté technique : le système doit être adapté à chaque espèce…. Pour l’heure, il fonctionne sur les quatre types de poisson les plus répandues en Indonésie, ainsi que sur l’espèce de crevette la plus commune.  Le système mis au point par le tandem permettrait, selon Gibran, de réduire de 20% les coûts liés à la nourriture des poissons. Soit en moyenne une économie de 800 à 1200 dollars par ferme et par mois, une somme très importante pour un petit élevage indonésien. L’appareil est vendu autour de 700 euros, un tarif raisonnable d’après son créateur, surtout comparé aux systèmes d’automatisation que l’on trouve dans les pays développés, vendus à plus de 5 000 euros. La somme reste malgré tout importante pour un petit éleveur, c’est pourquoi eFishery envisage de les mettre également en location. Un peu plus de 200 éleveurs se sont pour l’heure laissé tenter, le produit fêtant tout juste sa première année sur le marché.

Des capteurs pour nourrir les poissons d’élevage et optimiser les coûts

10 millions d'Indonésiens travaillent dans l'industrie du poisson.

Des données commercialisables

Avec ses nombreuses petites îles, son importante surface aquatique et ses multiples élevages, l’Indonésie compte 10 millions de personnes travaillant dans l’industrie du poisson. Un marché juteux auquel Gibran compte s’attaquer en priorité avant de s’exporter progressivement. « Nous ne voulons pas simplement vendre le produit sans nous soucier de la suite : nous tenons à assurer un bon service après-vente auprès de nos clients. C’est pourquoi nous tenons d’abord à nous concentrer sur l’Indonésie, d’autant que le marché est énorme. Mais nous avons déjà eu des demandes venant de Chine, de Thaïlande, du Viêt-Nam, et même du Brésil. A long terme, nous avons vocation à nous exporter à l’international, mais principalement là où cette technologie peut répondre à un vrai besoin,  ce qui est surtout vrai pour les pays émergents. En Europe, par exemple, l’aquaculture est soit trop peu répandue, soit de trop grande taille et trop avancée technologiquement. Notre solution est pour l’heure adaptée aux petits élevages avec peu de moyens. »
Mais eFishery est également un appareil intelligent, capable de connecter des données dans le temps sur les quantités nécessaires pour nourrir chaque espèce de poisson, ou encore sur la reproduction de ces derniers. Pour consolider son modèle économique Gibran prévoit de vendre ces données à des grands groupes industriels ou aux fabricants de nourriture pour poisson.
 


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