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Batman est une femme

Par Suzybishop @DLACDI

Radio Tehran - Tatilat

Aujourd'hui, je me sens privilégiée. Privilégiée d'avoir pu voir un film très curieux et qui malheureusement a été diffusé dans moins de 20 salles en France. A Girl Walks Home Alone At Night de Ana Lily Armipour est une drôle de curiosité géniale qui est passé inaperçue. Et je fais une spéciale dédicace pour quelqu'un qui se reconnaîtra, sans qui j'aurais jamais entendu parlé de ce film ! 

Batman est une femme

De quoi ça parle ? Dans la ville étrange de Bad City, lieu de tous les vices où suintent la mort et la solitude, les habitants n’imaginent pas qu’un vampire les surveille. Mais quand l’amour entre en jeu, la passion rouge sang éclate…

Une vraie petite merveille ce film. En plus de mon cycle Jim Carrey, je dois aussi être dans un cycle vampire. Qui sait, un jour peut-être Jim Carrey en vampire ? non, je plaisante bien sûr. 

Le mythe du vampire remastérisé ici et emmené dans les contrées lointaines de l'Iran. Dans une ville imaginaire, pas si loin d'une Sin City, où les prostituée côtoient les dealers et vermines en tous genres. Une ville crasseuse et paradoxalement froide, alors qu'elle est située en plein désert, dans laquelle rôdent des ombres. 

Batman est une femme

Un film vraiment curieux, parce qu'un film qui oscille à la fois entre western, fantastique et romance. Un drôle de mélange, mais un mélange qui fonctionne parfaitement. Tout ça accompagné d'une musique un peu rock. Faut croire que les vampires d'aujourd'hui sont des fans de musiques qui aiment les vinyles, comme dans Only Lovers Left Alive . Une bande son un peu décalée, qui rappelle un certain Mr. Tarantino. Mais si le film y fait écho, c'est aussi pour mieux s'en défaire. 

L'image est absolument sublime. J'avais rarement vu un noir et blanc aussi travaillé et maîtrisé. Le film lorgne presque vers l'expressionnisme allemand. Les visages sont scrutés, analysés; leurs émotions sont embellies, autant que leur yeux noirs charbonneux. Ils n'ont pas besoin de parler, tout est inscrit sur leur visage. Le noir et blanc vient prononcer le côté un peu surréaliste et nous entraîne dans un univers bizarre. Un univers mystique, accentué par la langue, qui nous est étrangère, mais musicale dont chaque son nous pénètre sans qu'on s'en aperçoive. 

Batman est une femme

Et le vampire. LA vampire. Car oui, les vampires, c'est pas qu'un truc de garçon. Elle n'a pas de nom, et erre dans les rues comme une ombre, à la recherche de sa nouvelle proie. Avec ses grand yeux noirs hypnotiques, ses grands yeux de chat, elle rôde sur son skateboard, image surréaliste mais cool. Son voile, loin de l'emprisonner, l'embellit. Son voile, c'est son costume, sa cape. Car oui, cette vampire, c'est une justicière de l'ombre qui surgit dans les rues pour venger les opprimées, victimes de la bêtise des hommes. Une vampire qui fait sa loi dans une ville qui n'en a pas, qui revêtit son costume d'héroïne de la nuit pour s'attaquer aux criminels. Et ces criminels ne sont pas n'importe qui, ce sont ceux qui utilisent les femmes comme des objets. Elle les fait saigner et vient les venger. 

C'est un film de femmes. Réalisée par une femme, c'est pas non plus très courant. Qui met en scène une héroïne de la nuit, qui triomphe du mal, alors qu'elle est paradoxalement considérée comme le mal. Une femme qui sait faire sa loi toute seule, se débrouiller toute seule, sans être la potiche du mâle viril. D'ailleurs le mâle viril n'est que son alter égo. Et se ballade avec une voiture qui en envoie. 

Batman est une femme

Un film féministe, parce qu'il utilise intelligemment le mythe du vampire pour montrer une réalité elle qui n'est pas mythique. Et le film porte bien son nom, c'est bien une fille qui rentre chez elle la nuit toute seule, et qui doit affronter toutes les vermines tapies dans les rues. Et pour une fois ce n'est pas un justicier masqué, mais une héroïne qui vient crier  vengeance à toute l'actualité morbide qu'on peut entendre tous les jours. C'est lent, c'est beau, c'est mystérieux, c'est cool et c'est maîtrisé. Ca serait dommage de passer à côté d'une telle merveille non ? 


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