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Foxygen - ...And Star Power (2014)

Publié le 17 février 2015 par Oreilles
Foxygen - ...And Star Power (2014)
D'entrée, ça partait mal : un duo échevelé psyché US adulé de tous - mince, le monde avait-il vraiment besoin de nouveaux MGMT ?
Un titre d'album ampoulé ("Nous sommes les Nouveaux ambassadeurs de la paix et de la Magie", ben voyons !"), par ailleurs une nouvelle fois un peu trop encensé - quelques bons titres, mais pas de quoi non plus se relever la nuit...
Un nom de groupe ridicule, des noms de membres qui ne l'étaient pas moins - Sam France (?), Jonathan Rado ? Radio ? Radeau ?
Bref..... les poubelles de l'histoire étaient tout proches, et notre crise urticante envers tout ce qui touche de près ou de loin au rock blanc indé même yankee ou de la côte Ouest, qui n'était pas près de s'apaiser !
Donc, voila que paraît un nouveau long format, double celui-là : 80 minutes d'auto-production pour lequel les Foxygen se feront immanquablement éreinter, y compris par les apôtres du bon goût (les Inrocks, chouette !) ; il est vrai que le tableau s'y prête : fumeux concept autour d'un groupe de punk embarqué sur une station radio et nommé Starpower. Celui-ci fait évidemment écho au génial "Starpower" - ça et le "What are we good for ?" des Kinks, grande influence du duo californien. "Starpower" qui fustigeait les dérives du star-system, son formatage.
On doute que les deux gamins de Foxygen aient jamais le dixième de l'acuité sociologique de Ray Davies, mais who cares ? Là où d'aucuns souligneront la vaine et auto-indulgente tentative du binôme, là où d'autres nombreux pousseront des cris de vierge effarouchée devant cette production qui laisse la part belle aux micros branchés n'importe où, aux guitares qui frisent ou au souffle perceptible sur la bande, on préfèrera relever le défi du grand délire hippie du 3ème long effort de Foxygen.
Qui, et c'est heureux, ne s'est pas cru obligé de refaire un "Nous sommes les ambassadeurs machin", le retour, et ce faisant même s'ils ne nous épargnent pas - cette pénible face C du vinyle dont ils eussent pu aussi bien faire l'économie - démontrent ici une saine émancipation, une affirmation de leur liberté créatrice.
Alors les sons qui chuintent, on s'en fout tant de disques sont mal (ou bien produits) sans qu'on en fasse toute une histoire, mais au contraire des caisses !
La musique étonnamment n'est pas tant ici cet assemblage tant décrié d'ébauches de chansons mal dégrossies qu'une collection de morceaux pop, souvent imparables, portant haut et fort l'étendard laid-back californien.... dont on peut parfois légitimement regretter la brièveté.
Et alors que la musique du duo n'a jamais sonné aussi anglaise ni tant évoqué les Rolling Stones ("Everybody Needs Love") ou les Kinks encore et toujours d'actualité (toute la face A, princière !), ces magnifiques "Cosmic Vibration", "You and I", où le fantôme Daviesien est plus que présent.
Foxygen avec ce disque, semble reprendre le flambeau des ex-grands malades d'Olivia Tremor Control, autrefois adoubés par la critique, et qui pourtant n'avaient pas leur pareils eux aussi pour noyer des joyaux sous des torrents de bou(s)e. Mercury Rev qui dans ses deux premiers (et de loin meilleurs) efforts, savaient manier - avec sans doute plus d'inventivité - le bordel foutraque et les accroches mélodiques à tomber.
Songeons aussi à la folie débridée du Their Satanic Majesties Request des Stones qui n'a jamais gagné sa place au Panthéon quand une moindre série B aurait été félicitée et pistée pour le même genre d'entreprise.
Alors l'avenir donnera peut-être raison au duo californien. Ou pas. Mais pour l'heure, nous nous poserons en voix discordante et affirmerons haut et fort, qu'il y a ici, quelques intros au piano roboratives ("Star Power - Overture", "I dont have anything- The gate"), comme autant de mouvements "à l'ancienne" qui tapissaient les disques 70"s ambitieux dans leur forme, à défaut de l'être parfois dans leur contenu.
Et que ce qui ressemble à une longue jam où on aurait laissé les magnétos tourner, possède une certaine fulgurance dans ses choix, et contre toute attente, se révèle bien moins chiante que prévue !
Et se trouve être l'un des rares coups de trique d'une année sinistrée.
En bref : un disque d'asociaux qui ont enfin compris ou fait mine de comprendre comment sortir du moule. Parfois terriblement vain, mais ci et là des chansons qui font mouche et permettent d'y croire à nouveau. Olivia Tremor Control ou les Stones ont été vilipendés pour moins que ça ; réfléchissons là-dessus...Foxygen - ...And Star Power (2014)
"Star Power - Overture"
 
la sronienne "Can't Contextualize My Mind" live
 

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