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L'Homme de la Saskatchewan de Jacques Poulin

Par Venise19 @VeniseLandry
L'Homme de la Saskatchewan de Jacques PoulinJe le dis en partant, ce billet ne mérite pas de s’appeler “critique”. C’est vraiment un commentaire et, même un commentaire incomplet.
L’auteur, je peux l’avancer sans crainte de représailles, puisqu’il est notre fantôme national, ne m’en voudrait pas. Vous le savez, puisqu’il le clame aussitôt qu’on lui en donne l’occasion ; il n’a pas besoin que l’on parle de lui. De ses écrits ? Beaucoup plus, j’imagine, car il doit aimer vivre de sa plume. Même s’il est maintenant à l’âge de la retraite, ça reste le chouchou littéraire du Québec.
À chaque fois que je le lis, je me cale dans un moment de détente et de tendresse… disons, fruitée. De la tendresse fruitée, c’est ça.  Cette fois, l’intrigue est mince, plus mince encore, tellement qu’il m’en reste que des images et quelques sensations. On dirait que cet auteur s’amuse au jeu des situations inquiétantes.  "S’amuse" est le mot à retenir dans cette phrase. La menace dans ce roman est un personnage qui ressemble à Mad Dog Vachon, un boxeur maintenant décédé. Son spectre ne ferait même pas mal rêver un enfant hyper sensible à toute matière cauchemardesque. C’est de la prose inoffensive et, j’imagine, qu'elle fait du bien de temps en temps. Un genre de tonique à l’eau de rose.
Cependant, comparés à ceux de la littérature à l’eau de rose, les thèmes ne sont pas vides : la lecture, l’écriture, les bibliothèques, les librairies, la langue. Cette fois, on rajoute un thème populaire au Québec ; le hockey.
Le personnage écrivain, Jack Waterman de son grand nom, n’a pas le temps, ou n’est pas inspiré, je vous laisse choisir, d’écrire la bio d’un joueur d’hockey célèbre. Il refile le travail d'écriture au noir (ou fantôme) à son petit frère, Francis qui devra se mettre dans la peau du hockeyeur. Le hockeyeur en question est un métis dont les ancêtres ont été décimés par la milice anglaise en Saskatchewan. Il a des idées sur la place que la langue française devrait occuper dans ce club. L’auteur a saisi ce prétexte pour parler de la sauvegarde de la langue française dans le milieu du sport.
Le lecteur assiste de près à la rédaction de cette bio, par-dessus l’épaule du petit frère qui, bien entendu, panique de temps en temps, va chez son frère et lui demande conseil. Celui-ci, comme une  éminence grise, préfère ne pas être déranger, il a d’autres chats à fouetter.
Francis est subjugué par une jolie demoiselle surnommée sauterelle pour ses longues jambes. Elle conduit et réside dans une Westfalia. Elle y habite avec son chat. Voilà où est le chat, car il en faut toujours un. D’où vient-elle ? Que fait-elle ? Eh bien, vous allez être déçus, je ne m’en souviens plus. Une vague amie, j’imagine, puisque cela reste vague dans ma tête. Si Jacques Poulin n’était pas une sommité avec sa cour de lecteurs, j’aurais été relire certains chapitres pour me remémorer de quoi il en retourne mais, cette fois, et j’espère que vous me le pardonnerez, j’ai opté pour laisser parler mon amnésie. Celle-ci s’exprime : c’est l’ambiance qui prime, non pas les faits. La jeune femme est une marginale, on peut l’appeler une « granola », une bohème, une nomade qui entrainera Francis dans une escapade mémorable.
Mais n’oublions pas l’homme menaçant, celui qui ressemble à Mad Dog Vachon. Il guette et se profile parfois dans les parcs. Il semble surveiller le petit frère. Il aurait un rapport avec la biographie, il représente un genre de comité qui prend au sérieux le fait que l’on dévoile ou critique le Grand Club de hockey. Mais, je n’y ai pas cru. Pas du tout. Cet espionnage m’a semblé facile, comme dans un conte où l’imagination se débride.
J’imagine que maintenant, avec le cœur de plus en plus bon enfant de l’auteur, c’est l'attitude qu’il est bon d'adopter ; lire comme si c’était un conte. Est-ce que les contes ont besoin d’être plausibles ? Non. Est-ce que l’on s’empêche d’en lire et d’en aimer parce qu’ils ne sont pas plausibles ? Non.
Tout ce que j’avais à en dire est dit. Ceux qui ont lu ce titre, ne vous gênez surtout pas de rajouter votre grain de sel, sinon même la salière entière.
N.B. : Dieu m’en garde, ce n’était pas un service de presse !

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