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Best of Live

Publié le 14 juin 2007 par Stéphane Kahn

L'autre jour, en rangeant, je m'attardais sur les tickets de concert que je garde scrupuleusement depuis une petite vingtaine d'années. Ça m'a donné l'idée de dresser une liste des concerts m'ayant laissé la plus forte impression, les meilleurs souvenirs, au fil des ans. Quand on ne sait plus trop quoi raconter, rien de tel qu'une liste, n'est-ce pas ?

Si vous étiez avec moi - ou sans moi - et si vous fréquentez ce blog, n'hésitez pas à me dire si vous gardez un aussi bon souvenir de ces quelques concerts. Et pour accompagner tout ça, je promets de réactualiser d'ici quelques jours la playlist de la radio ci-contre...



Jacques Higelin à La Grande Halle de La Villette (10 décembre 1988)

Le premier d'une longue série.

Higelin, à l'époque, c'est surtout le souvenir du triple album Higelin à Mogador écouté au walkman, en voiture, avec ma grande soeur pour les départs en week end ou en vacances. C'est elle, justement, qui m'emmène voir Higelin à la Grande Halle de la Villette en 1988. C'est une révélation même si, rétrospectivement, l'album pour lequel il se produisait (Tombé du ciel) est loin d'être l'un de ses meilleurs. C'est en tous cas le premier concert où, encore aujourd'hui, je sois fier d'être allé (ben oui, parce qu'alors les quelques concerts auxquels j'avais assisté, c'était Les Forbans ou Jean-Jacques Goldman...).

Depuis ce premier concert, Higelin, je l'ai revu une quinzaine de fois, dans des salles, dans des festivals, dans des fêtes politiques... Il y aura le Cirque d'hiver où il joue en 1994 pendant plus de 3 heures, un show-case Fnac complètement barré qui dure à peu près aussi longtemps, un concert foiré à La Cité de la Musique en 1998 où Higelin à la crève, s'empêtre et se relève finalement grâce à la ferveur du public, puis le Bataclan il y a peu où il tint la scène encore une fois plus de trois heures. Mais là, à La Villette, ça reste la seule fois où je l'ai vu avec ma grande soeur...  


Bruce Springsteen au Zénith (21 février 1996)

Lui, depuis quinze ans, je vais le voir chaque fois qu'il passe à Paris. Je n'y peux rien. C'est dans mes gênes, comme dirait l'autre. Découvrir l'album Born in the USA à 11 ans, c'est difficile de s'en remettre ensuite. J'ai grandi avec Springsteen. Tout simplement. La première fois que je le vois, donc, c'est le soir du bac, en juin 1992. Pourtant, ce n'est pas là qu'il fut le plus mémorable. Non, c'est plutôt en 1996, lorsqu'il se produit en solo pour accompagner The Ghost of Tom Joad, son plus bel album depuis Nebraska. Depuis, il a reformé le E Street Band (concert mémorable à Bercy en 1999) puis je l'ai vu en 2003, sous une pluie battante, au Stade de France, entamant le concert avec la reprise de Creedence Clearwater Revival, Who'll Stop the Rain. Beau souvenir, n'est-ce pas, Mister K ?

Il y a deux ans, en 2005, Springsteen est revenu en solo à Bercy pour l'album Devil and Dust. J'y étais encore, toujours avec Mister K. L'album, lourdement produit, n'était pas très bon. Mais quand Springsteen se réapproprie seul, à la guitare et à l'harmonica, les chansons d'un album moyen, celles-ci se hissent sans problème au niveau des splendeurs de Nebraska.


Zebda à La Cigale (2 mai 1996) et à l'Olympia (9 novembre 1998)

Pour Zebda, il y a deux concerts qui m'ont plus particulièrement marqué. C'était avant que le tube Tomber la chemise ne crée un malentendu sur le compte de ce groupe qui manque aujourd'hui cruellement.

Le premier concert, c'est en 1996, à l'époque du Bruit et l'odeur, leur meilleur album, le plus engagé, le plus rock. Ça doit être aussi le premier concert auquel j'assiste avec Mr J. Et je découvre là un groupe doté d'une énergie incroyable, faisant passer des messages clairs et essentiels avec morgue, générosité et intelligence.

Pour l'autre concert, deux ans plus tard, je me souviens surtout du samedi matin où nous nous rendons dans une annexe du magasin Tati, à Barbès, avec Mr J et Mister K, pour acheter des billets à 10 francs. C'était un beau concept marketing, ça, les billets à 10 balles vendus exclusivement à Tati. C'était un beau billet d'ailleurs, reprenant le visuel de l'album. Quelle tristesse de n'en avoir plus de tels aujourd'hui !


FFF à l'Olympia (27 novembre 1996)

Avec Mr J encore. Avec Mister K aussi. Décidément ! Entre ce concert de l'Olympia et celui du Bataclan dans la foulée, les souvenirs se mélangent (auquel des deux était John Steed ?). FFF est alors au meilleur de sa forme avec un troisième album truffé de perles fusion (Barbès, Act Up). Ça commence par Silver Groover, morceau d'ouverture du deuxième album et, au bout de cinq minutes, secoué en tous sens par la foule en furie, je me souviens avoir lâché un truc du genre « Putain ! Et ce n'est que le premier morceau ! ». Finalement, je m'en suis sorti vivant... Vivants, c'est d'ailleurs le titre de l'album live indispensable de ce groupe qui a malheureusement bien mal fini...


Dominique A à La Cigale (14 avril 1999)

En solo, avec sa guitare et son sampler, ou en groupe, Dominique A ne m'a jamais déçu sur scène. En 1999, il a les idées noires et il publie Remué. À la Cigale, avec A., je le découvre habité, accompagné par un groupe nerveux. Le concert est court, sec, sombre, intense. Par la suite, il retrouvera un sourire qui lui sied bien aussi, comme à L'Européen en 2001, pour l'album Auguri, quand il termine son concert par une reprise des Enfants du Pirée de Dalida.

En première partie, en 1999, c'était Calexico. L'an dernier, Dominique A a sorti un album intitulé L'horizon. Mais ce soir-là de 1999, l'horizon, il était incarné par le groupe de Joey Burns et John Convertino, pas par le sombre Dominique Ané...


Jon Spencer Blues Explosion + Yeah Yeah Yeahs au Trabendo (6 avril 2002)

Au début, il s'agit d'aller voir le Blues Explosion et ça, déjà, c'est énorme. Avec A., on use Orange et Acme depuis des mois, et, là, on va enfin voir en vrai et en cuir l'icône du rock d'avant « le retour du rock » (cette blague !).

La salle du Trabendo est formidable. Sa configuration, très particulière, permet aux spectateurs d'être, s'ils le souhaitent, presque derrière la scène, tout du moins sur le côté quand ils vont au bar. On y entoure littéralement les groupes et ça crée souvent une ambiance très chaleureuse (Jesse Hugues des Eagles of Death Metal, hilare, s'en réjouissait ouvertement lors du concert que le groupe donna dans cette salle de la Porte de Pantin en août dernier).

Mais ce qu'on n'avait pas prévu en allant voir Jon Spencer, c'était qu'il allait se faire voler la vedette (dans nos coeurs en tout cas) par la furie Karen O et par ses deux comparses des Yeah Yeah Yeahs. À l'époque, pas d'album, pas de hype sur ce groupe new-yorkais et une claque absolue. Le lendemain, je déniche le mini-album 5 titres au Virgin Megastore des Champs-Elysées. Depuis, ce groupe sous-estimé me fascine. Il me fera même faire l'an dernier un aller-retour Cannes-Paris pour ne pas rater - même pendant le festival où je suis supposé voir des films - leur concert parisien... À la fin du concert de 2002, après avoir acheté deux tee-shirts que je porte encore, Yarol Poupaud, toujours guitariste d'un FFF déjà au creux de la vague, discutait avec Russell Simmins, le batteur du Blues Exposion. Ça m'a plu. Presque autant, deux ans plus tard dans la même salle, que de voir Dominique A s'entretenir au bar avec Rodolphe Burger à l'issue d'un concert de Jeanne Balibar.


Supergrass au Trabendo (20 novembre 2002)

Supergrass, pour moi, c'est le rock. Tout simplement. Le groupe le plus généreux qui soit, des mecs qui ne sont absolument pas dans la pose. Les écouter, les voir sur scène, c'est une sorte d'évidence. Un plaisir total. L'énergie, les mélodies, l'attitude, le charme. Ils ont tout ce que les autres n'ont pas. Et B. qui, malgré mes exhortations répétées, ne les a toujours pas vus sur scène !


Beck au Grand Rex (22 avril 2003)

À l'époque, Beck n'est plus trop en odeur de sainteté dans la presse rock. Et ça ne s'est pas arrangé depuis. Moi, je conserve toute mon affection au californien et j'ai même un faible pour ses deux albums intimistes d'alors (Mutations et Sea Change) où des cordes gainsbouriennes le disputent à un chant et à une mélancolie fortement influencés par Nick Drake. Au Grand Rex, Beck se produit seul, passe de la guitare au piano, revisite son répertoire de façon inspirée. Et c'est magnifique.


The White Stripes à l'Olympia (22 mai 2003)

Encore merci à Meg et à Jack pour Ball and Biscuit ce soir-là. Et une question en quittant la salle. Mais comment, à deux seulement, réussissent-ils à sortir ce son ?! Je me poserai peu ou prou la même question ces derniers mois au sortir de deux concerts de The Black Keys, un autre duo guitare/batterie...


The Stooges au Zénith (8 juillet 2004)

Bon, je ne les ai pas vu au Bol d'or pour leur fameux concert de reformation (qu'est-ce que je serais allé foutre au Bol d'or ?!), mais seulement quelques mois plus tard pour leur première date parisienne. La première de leur histoire, en fait, car les Stooges n'ont jamais joué à Paris. Iggy Pop que j'avais déjà vu en solo est une extraordinaire bête de scène, tout le monde le sait, et les deux premiers albums qu'il a enregistrés avec les frères Asheton, y passent en 1h15 de concert abrasif. Raw Power, le troisième album, est laissé de côté car Ron Asheton ne souhaite pas jouer les parties de guitare de James Williamson, celui qui, à l'époque, l'avait relégué à la basse. Pas grave. Le meilleur moment de ce concert fut l'entrée en scène des musiciens, lumières encore allumées et dans l'indifférence générale (je l'ai déjà raconté ici). Par charité, je ne parlerai pas du nouvel album des Stooges. Et d'ailleurs je n'irai pas, dans quelques jours, les revoir au Palais des sports.



Eagles of Death Metal au Bataclan (30 janvier 2007)

C'est, sur le papier, un projet parallèle de Josh Homme, le leader des Queens of the Stone Age. Mais quand on les a vu deux fois en concert (au Trabendo puis au Bataclan) et que Josh Homme y est remplacé par un autre batteur, on se rend compte que, finalement, son absence nous importe peu. La vraie star, c'est Jesse « The Devil » Hugues. Une rock star « bigger than life », un vrai héros de film. Il en fait des tonnes certes (des bises aux garçons et aux filles des premiers rangs dès l'entrée en scène, des oeillades aux groupies), mais en même temps on le sent sincère, vraiment heureux d'être là, venant, 30 minutes après la fin du concert, remercier, torse nu, les spectateurs encore attardés près du vestiaire. La classe.


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