Après avoir été confronté à « La Cour des Hiboux » lors des deux premiers tomes et au Joker lors d’un titre qui faisait écho à celui de la saga de Starlin et Aparo (« Un deuil dans la famille« ), le héros de Scott Snyder avait visiblement besoin d’origines plus modernes au sein de ce relaunch de l’univers DC. Revenir sur les débuts du Dark Knight après le cultissime « Batman Year One » de Frank Miller et David Mazzucchelli, tout en nommant l’arc « Zero Year », ressemble cependant plus à une mission suicide qu’à du courage. Si Scott Snyder et Greg Capullo s’en sortaient encore plutôt bien lors de la première partie, cette suite qui reprend les épisodes #25 à #27 et #29 à #33 est déjà beaucoup moins convaincante.
Après avoir affronté le gang du Red Hood, Bruce Wayne doit maintenant faire face à deux nouveaux ennemis. Si le premier se nomme Docteur La Mort et qu’il élimine des scientifiques dans d’atroces souffrances, il se révèle néanmoins vite assez anecdotique face à la seconde menace, mise en place par Edward Nygma. Le Sphinx provoque en effet un black-out qui isole Gotham du reste du monde, tout en la réduisant à l’état sauvage.
En privilégiant l’action et en s’éloignant du polar à l’ambiance mafieuse, les auteurs parviennent certes à proposer quelque chose de radicalement différent de « Year One ». De plus, en transformant Gotham City en cité sauvage, ils sortent également le Dark Knight de son environnement habituel, proposant ainsi quelque chose de nouveau. Le hic, c’est qu’on a du mal à croire à cet Homme-Mystère qui parvient à prendre le contrôle total de la ville et que l’idée d’un « No Man’s Land » n’est pas vraiment neuve. Au fil des ennemis, on finit également par chercher où se trouve la revisite des origines, car le récit se contente surtout d’enchaîner les méchants, tout en s’éloignant du côté réaliste et sombre des histoires dont on a l’habitude.
S’il faut noter une petite baisse de régime au niveau de l’intrigue, tout n’est cependant pas à jeter. Ce récit qui invite à suivre Bruce Wayne à ses débuts, dépeint un héros qui n’est pas encore le fameux Chevalier Noir et qui se construit dans la douleur. Il manque encore cruellement d’expérience et ses actions ne sont pas encore assez réfléchies. Au fil du récit, il semble néanmoins apprendre de ses erreurs et les liens qu’il tisse avec le lieutenant Jim Gordon et Lucius Fox sont la preuve que quelque chose de solide est en train de se construire. Scott Snyder livre d’ailleurs de l’excellent boulot au niveau des personnages de Jim Gordon et d’Alfred.
Visuellement, le dessin dynamique de maître Capullo continue de faire des merveilles. La deuxième partie d’album se déroulant à Cité Sauvage délaisse les couleurs sombres des ruelles de Gotham pour faire exploser des couleurs éclatantes et plonger le lecteur dans un décor ensoleillé et inhabituellement bucolique. Le costume improvisé de Batman est d’ailleurs également très réussi.
Pas mauvais, mais des nouvelles origines que j’aurais néanmoins tendance à qualifier de dispensables…