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[anthologie permanente] Ulrike Draesner

Par Florence Trocmé

La collection « Passeurs d’Inuits », au Castor Astral publie Reste d’hirondelle d’Ulrike Draesner, dans une traduction de Jean Portante (édition bilingue).  
 
mort d’une souris 
 
rugosité du cou rien qu’un rien de fauconnerie & 
battement nous l’avons vu d’un œil saccadé (dans 
le souvenir) nous tenions déjà ouvertes 
(les mains) une souris des champs au brigand 
échappée dans son doux brun poilu 
avons vu son émouvante agitation (souris-moi) 
le zèle du souriceau et sa dévotion comment 
il cherchait protection refuge se retournait dansait 
jusqu’à ce que nous nous penchions consolants 
au-dessus de la petit flaque où il s’était posé 
déposé se livrant ave tout le dévouement d’un animal 
qui meurt, comment se pouvait-il que nous 
ne comprenions rien ni à sa fin ni ne nous 
regardions dans les yeux c’était le jour du mariage 
que nous ne fêtions pas oubliions regrettions 
c’était, enfin, terminé 
si poilu si doux et si rigide 

 
tod einer maus

rauheit des halses nur kleines falken & 
schlagen sahen ruckenden auges (in 
der erinnerung) hielten schon auf 
(die hände) eine feldmaus dem räuber 
entkommen in ihrem süßen felligen braun 
die rührenden bewegungen sahen (mausich) 
des mäuschens eifrigkeit und hingabe wie 
es schutz suchte zuflucht sich drehte tanzte 
bis wir tröstend auf es herabblickten über 
der kleinen pfütze in die es sich gelegt 
abgelegt mit der ergebenshut des sterbenden 
tiers sich gebettet. wie konnte es sein dass wir 
nichts verstanden weder ihr ende noch uns 
in die augen sahen es war der hochzeitstag 
den wir nicht feierten vergaßen bereuten 
es war endlich und vorbei 
so haarig so süß und so starr 

./
 
sureau à plusieurs voix 
 
sureau à plusieurs voix, au-dessus 
du portail bleu éclatant, après 
le premier fauchage le fleuve est naturellement 
d’un vert si laiteux ?, bénédiction chimique 
déversée sur un paysage 
entretient la SURNATURE, en fleur 
tout un chacun a droit à une âme 
alma, malga, madena s’appellent les vaches 
encore et toujours des mots distordus, vrilles vertes 
dans le pré qui se remet à pousser, un parler 
scintillant qui enfle et désenfle en un clin 
d’œil sera quiconque est assis ici 
fondu dans l’herbe se balancent 
des ombelles blanches au portail, nos souhaits 
flottants : sont d’aujourd’hui  
d’hier, ce qui pourrait les combler, passé 
 
 
mehrstimmiger holunder 
 
mehrstimmiger holunder über blau  
knallendem tor, nach 
der ersten mahd ist der fluss natürlich 
so milchgrün?, über eine landschaft 
ausgegossener chemie-segen 
pflegt die ÜBERNATUR, blühend 
hat jeder ein recht auf eine seele 
alma, malga, madena heißen die kühe 
noch immer verzerrte wörter, grüne ranken 
in der wiedersprießenden wiese, ein 
sekundenschnell auf- und abschwellendes 
flimmerndes reden wird wer hier sitzt 
ins gras verschmolzen schwanken 
weiß dolden am tor unser 
treibenden wünsche: sind von heute 
von gestern, was sie erfüllen könnte, vorbei 
 
Ulrike Draesner, Reste d’hirondelle, traduit de l’allemand par Jean Portante, édition bilingue, « Les passeurs d’Inuits », Le Castor Astral, 2015, pp. 68-69 et 92-93 
 
 
Ulrike Draesner dans Poezibao :  
bio-bibliographie, ext. 1


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