C’est au sein même de la famille qu’Ibsen inscrit le drame, toujours. La société, autour, est un danger, peut-être, mais la vraie menace est à l’intérieur. Celle qui ronge. L’attirail des contes peut se mettre en branle et la machinerie se dérégler. On aura la sensation que la magie, irrationnelle, va subvertir le réel. Un requin qui flotte dans les airs, un enfant qui parle dans l’aquarium ou se suspend à un mur, près de la tête d’un cerf. On s’étonne que le chien près de la porte n’aboie jamais. Ce que Julie Berès donne à voir m’écarte parfois du texte d’Ibsen mais serais-je autrement inquiété par la fantomatique femme vêtue de blanc jouant avec des rats, instrument de la justice (divine ?), venue punir un couple dans le corps de son enfant ? Le punir d’une faute originelle, d’une faute liée à l’enfance, voire contractée dans le liquide amniotique. Il y a tant d’eau sur la scène du théâtre. L’eau qui nourrit, l’eau qui noie, l’eau qui nettoie.
Et même si le jeu des acteurs nous rappelle sans cesse que nous sommes au théâtre, nous en sortons troublés. Et je me souviens du titre d’une autre pièce mise en scène par Julie Berès, Notre besoin de consolation. Il y était (aussi) question du suicide d’un enfant…
J'ai vu ce spectacle au Théâtre des Abbesses, à Paris.