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[Critique] Réalité

Publié le 24 février 2015 par Pauline R. @Carnetscritique

de Quentin Dupieux.

Sorti le 18 février 2015.

[Critique] Réalité

     Pour qui se souvient de ses rêves au réveil, Quentin Dupieux est probablement le seul cinéaste à révéler à l’écran les dispositifs qui interviennent dans un songe.

  A Los Angeles, Jason (interprété par un excellent Alain Chabat) propose à Bob (Jonathan Lambert) un scénario improbable . Après l'entretien qu'il a eu avec le producteur, Jason va naviguer entre rêves et réalité, qui se mêlent, se confondent et nous embrouillent. Il croisera sur sa route de nombreux personnages charismatiques, dont la très jeune Réalité (Kyla Kenedy), qui sera la passerelle entre les séquences soi-disant rêvées et la réalité !

  Tout comme dans un rêve, le fil conducteur s'accroche à un personnage, pour ensuite bifurquer et suivre un autre personnage croisé au hasard, tel un témoin qui passe de main en main. Comme dans un rêve, des personnes apparaissent on ne sait pourquoi pour dire des choses incongrues. Réalité est constitué d'échangeurs qui nous emmènent dans un voyage original et poétique. Le film est drôle, parfaitement construit sous des dehors farfelus. La caméra est souvent fixe, capte intensément, avec une photographie claire, à l’opposé des palettes qu’on propose dans les films californien. Certaines scènes sont ahurissantes, sans queue ni tête mais toujours avec un sens précis du dialogue et de la mise en scène. Le puzzle se met petit à petit en place et plus rien ne nous étonne, si l’on adhère au principe du film : se laisser aller sans savoir où l’on nous entraîne. On se surprend même à trouver à un rebondissement abracadabrantesque une logique toute naturelle. Dupieux nous entraîne dans son monde et dans les méandres de ce rêve, ponctué d’un orgue lancinant qui semble vouloir nous hypnotiser et/ou nous inquiéter. Le cinéaste français réussit le tour de force de matérialiser à l'écran des mécanismes intimes et irréels, que l'on n’expérimente qu'en rêvant. Beaucoup de personnes ne se souviennent pas de leur rêve. Pour les spectateurs qui y sont sensibles, Réalité les projettent dans des sensations connues, parfois tues au risque de passer pour un éberlué. Ici, chers rêveurs, nous sommes en terrain ami. Le film donnera je n'en doute pas envie aux autres spectateurs d'être plus attentifs aux aventures nocturnes que notre cerveau peut nous faire vivre. Comme avant goût, il y a Réalité.

                                            Pauline R.


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