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Billet de Maestitia, par Myriam Ould-Hamouda…

Publié le 24 février 2015 par Chatquilouche @chatquilouche

J’ai juste besoin qu’on me fiche la paix et vous me demandez si je la veux sur place ou àchat qui louche maykan alain gagnon francophonie emporter, en menu XL avec une frite et un coca.  Après, faut pas s’étonner si les types comme moi n’osent même plus vous demander de leur prêter une oreille, une épaule et un peu de votre temps.  Ils ont toujours peur que vous leur répondiez que vous ne rendez pas la monnaie.  Les types comme moi, ça fait bien longtemps qu’ils n’empruntent plus rien ; que des paradoxes qu’ils ne rendent jamais, que des chemins de traverse où vous ne foutrez jamais les pieds parce que marcher dans la forêt la nuit c’est plein de bruits qui vous font flipper.  Les types comme moi n’ont une ardoise que dans le troquet du coin, parce que le patron est un copain.  Et même si les types comme moi ont un compte Facebook pour y fourrer leurs 5000 amis, ils n’auront jamais que leurs cinq doigts pour y compter leurs copains.  Un copain, c’est un mec qui te fait du bien au moment où tu t’y attends le moins.  Un mec qui, quand tu te regardes dans le miroir de la salle de bain, que t’as juste envie de te flinguer tellement tu ne te supportes plus, se moque de ton gros pif et de ta calvitie et que, le con, il te fait rire.  Y’a des mecs en l’absence desquels t’oses même pas te curer le nez parce que, même s’ils ne sont pas là, ils font déjà trop de bruit avec leurs gros sabots et leur habitude d’entrer sans frapper pour répandre sur ton bureau leur sac de c’est pas bien.  Y’a des mecs en la présence desquels tes pensées prennent leur pied, et même si souvent c’est pas vraiment joli joli, ils sont déjà là à tendre les bras pour accueillir leurs gosses et leur trisomie.  Y’a des mecs qui te manquent avant même d’être partis.

La nostalgie, c’est le revers de la médaille de ceux qui ont de la mémoire.  De ceux qui ont les poches assez larges pour y fourrer tout un tas de souvenirs avant de les déposer sur l’étagère du salon où ils prendront la poussière.  La nostalgie, c’est le revers de la médaille de ceux qui ont de la mémoire ; et beaucoup d’imagination.  Parce que, qu’on se le dise : la nostalgie n’est rien d’autre qu’un mirage dans un désert aride, un trompe l’œil sur les murs gris d’une grande ville, un paquet cadeau qui brille sous le sapin mais qui ne cache rien d’autre qu’une boîte en carton toujours vide.  La mémoire est un cours que j’ai toujours séché, un devoir à la maison que je n’ai jamais fait.  Et, ouais, la nostalgie ne devrait être rien d’autre qu’une médaille qui tombe du mauvais côté, pour tous ceux qui se la pétaient en récitant par cœur des poèmes qu’ils ne comprenaient pas, pour tous ceux qui me parlent d’une môme qui me ressemble mais qui ne me dit rien.  Et pourtant, chaque matin je me réveille avec ces chaînes à la cheville qui me murmurent de rester là, de me tenir sage et ne pas faire trop de bruit.  Et pourtant, chaque soir je crève de froid sur le canapé du salon à regarder passer les nuits en écoutant les histoires d’une dame qui radote sous ses dentelles grises et noires.  J’ai le mal d’un pays que je n’ai jamais connu, je suis veuve d’un type qui ne m’a jamais passé la bague au doigt.  Y’a des histoires auxquelles on devrait interdire de commencer par il était une fois.  Quand la foi s’éteint, que le pain se divise et que le vin ne coule plus.  J’ai juste besoin qu’on me fiche la paix et, putain les copains, vous n’êtes même plus là pour préparer la guerre avec moi.

Notice biographique

Chat Qui Louche maykan alain gagnon francophonie
Myriam Ould-Hamouda (alias Maestitia) voit le jour à Belfort (Franche-Comté) en 1987. Elle travaille au sein d’une association pour personnes retraitées où elle anime, entre autres, des ateliers d’écriture.  C’est en focalisant son énergie sur le théâtre et le dessin qu’elle a acquis et développé son sens du mouvement, teinté de sonorités, et sa douceur en bataille — autant de fils conducteurs vers sa passion primordiale : l’écriture. Elle écrit comme elle vit, et vit comme elle parle.  Récemment, elle a créé un blogue Un peu d’on mais sans œufs, où elle dévoile sa vision du monde à travers ses mots – oscillant entre prose et poésie – et quelques croquis,  au ton humoristique, dans lesquels elle met en scène des tranches de vie : http://blogmaestitia.xawaxx.org/

(Une invitation à visiter le jumeau du Chat Qui Louche :https://maykan2.wordpress.com/)


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