La femme, sujet o combien complexe à traiter et à déchiffrer, sensible qui peut très vite se vexer à la moindre contrariété, que ce soit au cinéma ou dans la vie (et je sais de quoi je parle). François Ozon l’a bien compris depuis un moment en la mettant plusieurs fois en avant dans ses films et il en rajoute une couche en adaptant la nouvelle A new girlfriend (qu’il s’était amusé à adapter en court métrage). Et pour enfoncer le clou, il a choisi un acteur des plus virils, adoré du public féminin, aux antipodes de la féminité : Romain Duris. Résultat : plus que réussi.
J’ai toujours eu cette méfiance avec les films d’Ozon, une fois sur deux je n’aime pas, du coup, grosse crainte avec celui-ci. C’était non-fondé et ça me rassure.
Avant tout, et cela n’engage que moi, Une nouvelle amie honore la femme dans ce qu’il y a de plus pur, de plus profond, de plus émotionnel tout ça retranscrit à travers le corps et l’esprit d’un homme. C’en est incroyablement troublant et terriblement émouvant. Romain Duris laisse tomber les masques pour faire ressortir sa part de féminité et bien au-delà. On le regarde de la tête aux pieds, au fond de ses yeux, de son regard, et on n’y voit qu’une femme, oubliant totalement l’homme et l’acteur.
Mais ce n’est pas tout, le film n’est pas qu’une ode à la femme, à la féminité, c’est aussi une histoire d’identité en tant que soi dans la société en assumant sa différence, son originalité, en repoussant ses doutes et ses peurs vis-à-vis du regard des autres. Également d’identité sexuelle, essayer de comprendre les changements quand ils ne sont pas « logiques » ou pas naturels par rapport à ce qu’on suivait dès le départ. Accepter les bifurcations que nous opérons avec nous-mêmes, ce qui demande une grosse remise en question.
Une nouvelle amie c’est prendre conscience de son identité, face aux autres et face à soi-même. Se libérer des clichés et des conventions trop ancrés dans la société. Accepter l’amour et l’amitié différemment. Se sentir femme, dans un corps d’homme, dans un corps de femme, dans la tête d’un homme, dans la tête d’une femme.
Le film fera certainement jaser avec cette histoire stupide de genre et de parentalité peu ordinaire. N’ayant pas l’esprit étriqué, j’ai laissé l’émotion parler d’elle-même par la justesse de la sensibilité de Romain Duris (qui était une évidence pour ce rôle) et la délicate réalisation de François Ozon.
Bonus (85 minutes) :
- Making of : Transformation de Romain Duris en actrice. Essais maquillage, coiffure, prothèses et démarche. Préparation minutieuse des scènes, des décors et des raccords, la difficulté de tourner avec un bébé.
- Scènes coupées
- Entretien avec Anaïs Demoustier : explications sur le casting et le travail sur son personnage de Claire, beaucoup plus complexe et mystérieux qu’il n’y paraît. Le travail avec François Ozon, un réalisateur plein de malice. Elle nous dévoile beaucoup d’enthousiasme pour un tournage et film qui l’ont passionnée.
- Entretien avec Romain Duris : pourquoi a-t-il choisi ce rôle, comment a-t-il appréhender sa transformation radicale, ses références, l’analyse du personnage de David et l’impact de ce rôle sur sa vie.
- Entretien avec Virginia : le travail sur le maquillage, la place de Virginia en tant que femme. Comment s’est passé le tournage et le travail avec François Ozon.
- Essais costumes et lumière
- Essais pour l’amazone
- Projets d’affiches : les premières affiches autour de la transformation sont vraiment superbes.
- Bande-annonce
Note : prenez le temps de regarder Romain Duris en Virginia durant et entre les prises, l’importance qu’il accorde notamment à son vernis à ongles, la beauté de ses mains et sa gestuelle, au point d’en devenir un automatisme. Il aime admirer ses mains vernies, les mettre en valeur, ses jambes également. Ce sont des détails qui font toute la différence et qui son absolument fascinants.
Sortie en vidéo le 11 mars