Le temps influence les humeurs
La météo joue avec le coeur humain
Le gentil monsieur en uniforme bleu me demande poliment d’enlever ma chemise et de virevolter. Je ne suis pas dans un bar gay en train de me faire courtiser. C’est la prison. Il veut savoir si j’ai été poignardé.
Colin McGregor dossiers Chroniques d’un prisonnier
C’est un jour bouillant de fin d’été. Je regarde par ma fenêtre couverte de barreaux. Même la marmotte dans l’herbe semble léthargique, alors qu’elle se dirige sans se presser vers son terrier pour se protéger du soleil.
Après le départ du gardien, ma porte s’ouvre. Je marche dans le corridor. Mon voisin m’observe de sa cellule et dit: «La canicule. C’est toujours pareil. La saison des émeutes.»
Pourtant, je me souviens aussi d’incidents terribles, au plus froid de l’hiver. Le genre de journées qui ferait ronchonner et blasphémer le véritable Séraphin de St-Adèle, le tourmenteur de Donalda, dans sa tournée de perception auprès des pauvres colons des «pays d’en haut». Le chaud et le froid semblent faire bouillir le sang. Mais est-ce bien le cas?
Une étude récente rédigée par deux chercheurs de l’Université de York, Ming Dong et Andréanne Tremblay, conclut que les cours de la bourse sont à la hausse lors des températures estivales et hivernales. Lorsque la température devient très chaude ou très froide, les gens deviennent plus agressifs et prennent de plus grands risques à la bourse.
Lorsque la température descend à 7 degrés sous zéro, nous nous sentons aussi hostiles que lorsqu’il fait plus de 27°C, disent plusieurs experts. Les climats tempérés ne génèrent pas de grands casseurs de vitrines, du genre qui sévit lors d’une victoire de hockey.
Le climat influence aussi les arts. En avril 1815, le volcan indonésien Tambora explose. Les débris de son éruption se répandent sur le monde entier: en cinq jours, cela représente assez de lave et de cendres pour recouvrir l’île de Montréal et cacher le mont Royal. Le monde s’est assombri. Ici au Québec, de l’autre côté du globe, il a neigé fortement en juin.
Une jeune femme qui faisait le tour de l’Europe, en amour et partie à l’aventure avec un poète célèbre, se retrouva enfermée pour l’été dans la ville de Genève, dans les Alpes suisses. Il s’agissait de l’été le plus froid et le plus humide que la Suisse romande ait jamais connu.
La morosité affecta la belle et brillante Mary Wollstonecraft, âgée de 20 ans, et son poète enamouré Percy Shelley et les laissa dépressifs et isolés. Il n’y avait rien d’autre à faire que d’écrire, et elle écrivit.
La morosité et le froid l’inspirèrent dans la création de son sombre roman Frankenstein. Le Dr Victor Frankenstein crée un monstre – plus humain et sensible dans le roman que dans les innombrables films et émissions de télé qui suivirent – qui s’échappe et, incompris, cause des ravages.
Cette histoire triste et troublante est le précurseur des Twilight et Harry Potter. En tant que première œuvre de science-fiction, elle est aussi l’ancêtre de Star Treck.
Mais des troubles climatiques, il ne résulte pas que de grandes œuvres d’art. Après l’éruption du Tambora, les fermiers du sud de la Chine ne pouvaient plus procéder à leurs cultures habituelles. Alors, ils se sont tournés vers une plante moins exigeante et plus profitable – l’opium.
Les Britanniques prirent rapidement le contrôle du marché de cette drogue, puisqu’ils maîtrisaient déjà les villes de la côte chinoise.
Les empereurs successifs de Chine furent affligés par ces 15 millions de toxicomanes qu’ils devaient aux seuls trafiquants britanniques.
Par deux fois, le gouvernement chinois confisqua tout l’opium vendu par les «pushers» britanniques et les expulsa hors du pays; par deux fois, les Britanniques revinrent avec des navires de guerre, s’emparèrent de territoires chinois toujours plus étendus et reprirent le commerce de l’opium.
Les deux Guerres de l’opium (1839-1842, 1856-1860) ne sont pas tellement enseignées dans nos classes – sauf en Chine, où elles symbolisent la cruauté et l’avidité des étrangers.
Un écrivain d’une petite ville du Minnesota, Garrison Keillor, croit que les durs hivers de son État natal «… enlèvent une octave supérieure à la passion humaine. Chez nous, notre registre émotionnel s’étend de la résignation à l’acceptation.»
Selon l’auteur canadien Robertson Davies: «L’hiver est le grand niveleur. On ne peut jamais se sentir plus grand que Dieu.» Pour beaucoup d’entre nous, «mon pays, c’est l’hiver».
Pendant que l’activité humaine change la baie d’Ungava en marais et le Texas en désert, nous ne devrions pas oublier que les changements climatiques touchent aussi le cœur des humains.
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Les livres de Colin McGregor
Journaliste dans divers médias à travers le pays; Halifax Daily News, Montreal Daily News, Financial Post et rédacteur en chef du Montreal Downtowner. Aujourd’hui, chroniqueur à Reflet de Société, critique littéraire à l’Anglican Montreal, traducteur et auteur aux Éditions TNT et rédacteur en chef du magazine The Social Eyes.
Parmi ses célèbres articles, il y eut celui dénonçant l’inconstitutionnalité de la loi anti-prostitution de Nouvelle-Écosse en 1986 et qui amena le gouvernement à faire marche arrière. Ou encore en Nouvelle-Écosse, l’utilisation répétée des mêmes cercueils par les services funéraires; scoop qui le propulsa sur la scène nationale des journalistes canadiens.
Love in 3D.
Enjoy our tale of the quest, the human thirst, to find light from within the darkness.
This is a tale for everyone, young and old, prisoner and free.
Love in 3D. Une traduction de L’Amour en 3 Dimensions.
Teammates
Three teenage friends on a college rugby team in the shrinking community of English Montreal – three friends each facing wildly different fates.
This is the story of Bill Putnam, whose downward trajectory we first begin to trace in the late 1970s, and his friends Rudy and Max.
Teammates, their paths will cross in ways they never dreamt of in the happier days of their youth.
Quebec Suicide Prevention HandbookLe suicide dérange. Le suicide touche trop de gens. Comment définir le suicide? Quel est l’ampleur du suicide? Quels sont les éléments déclencheurs du suicide? Quels sont les signes avant-coureurs? Comment intervenir auprès d’une personne suicidaire? Comment survivre au suicide d’un proche?…
Ce guide est écrit avec simplicité pour que tout le monde puisse s’y retrouver et démystifier ce fléau social. En français. En anglais.
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