Ne disons rien sur Blur en 2015, attendons ce qui nous attends. Mais quelle surprise ! Les quatre réunis, après tant d’années, et quelques concerts devant des dizaines de milliers de fanatiques en ébullition, ne l’oublions pas. Tiens, je dis ça mais finalement, c’est moi qui n’avais pas fait attention au fait qu’ils nous avaient un peu prévenus. Retour aux sources en sept albums.
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Personnellement, Leisure reste l’album le plus faible de Blur (même si j’imagine aisément que d’autres groupes rêveraient d’avoir commencé avec un tel album) et n’a, rétrospectivement, que peu d’intérêt si ce n’est celui de nous donner envie d’avancer tout de suite dans leur discographie qui, dès son successeur, est d’un niveau rarement atteint par d’autres.
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À mon humble avis, Modern Life Is Rubbish est assurément l’album-clé de Blur, un résumé parfait de la Brit pop en extase et avec une candeur proche de l’humilité qui ne quittera finalement jamais les quatre membres du groupe.
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Si vous avez de la chance, je vous conseille de chercher la version de « To the end », ici avec Laetitia Sadier au chant, sur laquelle Françoise Hardy nous fait frémir. Et dans ce nous, il faut inclure les membres de Blur, dont Damon Albarn fan inconditionnel de la chanteuse française.
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Ailleurs, c’est du Blur en excellente forme. Avec par exemple un certain Ken Livingstone en narrateur sur « Ernold Same », c’est-à-dire celui qui deviendra le premier maire de Londres quelques années plus tard.
Attention au requin qui nage dans les profondeurs…
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Bref, à mon avis, Blur est l’un des albums de Blur les moins évidents si l’on s’attend à quoi que ce soit. Il faut oublier ce qu’ils ont fait avant, ne pas penser non plus à la suite. Blur doit se suffire à lui-même pour être compris d’abord, apprécier ensuite. Il n’a pas été enregistré en partie en Islande par hasard…
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En effet, 13 est entouré de toute une aura exceptionnelle. De son titre, simplement copié sur le nom de l’un des studios d’enregistrement que Blur squatte depuis un bail déjà. La production de William Orbit est aussi efficace qu’imperceptible quand on connaît la musique de l’artiste électronique qu’il a été. Et la pochette est tout simplement l’œuvre de Graham Coxon (plus exactement, un détail d’une peinture intitulée « Apprentice »), nous montrant que Blur est peut-être un groupe de pop, mais surtout pas un groupe comme les autres pour autant.
Pour ma part, je suis totalement certain que s’il était sorti quelques mois plus tard (i.e. en 2000), 13 serait considéré d’une toute autre façon. À bon entendeur.
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À noter : le dernier titre, « Battery in your leg », est une composition des « quatre » mousquetaires. Par ailleurs, William Orbit a produit l’un des titres, « Sweet song ». Quant à Norman Cook, que certains reconnaîtront plus facilement derrière son pseudonyme Fatboy Slim, a lui aussi aidé à produire des titres, à savoir « Crazy beat » et « Gene by gene ». L’acteur anglais Phil Daniels chante sur le morceau caché « Me, white noise ».
Il est vrai que Think Tank avait, jusqu’à il y a peu encore, tout pour être l’ultime album de Blur.
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Après le premier album solo de Damon Albarn l’an dernier, la nouvelle lancée en janvier d’un nouveau Gorillaz, l’imminence d’un album de Blur fait déjà pâlir du monde. Le visuel choisi est particulier, mais on devine vite que c’est là tout le style de Blur. En attendant, il y a de quoi s’occuper avec leur discographie, histoire de mieux appréhender ce nouveau cru.
(in heepro.wordpress.com, le 27/02/2015)