Jean-François Faure, fondateur du site AuCoffre.com
Jean-François Faure : Evidemment non. Elles n’étonnent aucun professionnel du secteur des métaux précieux. Les enjeux autour de l'or sont tellement énormes et nombreux qu'il est crucial pour les Etats de faire pression sur les institutions financières qui sont en charge de la tenue des cours. Le contrôle des prix de l'or (et à la marge de l'argent métal) est aussi vieux que l'usage de l'or comme monnaie officielle ou officieuse jusqu'en 1971, date à laquelle la convertibilité du dollar en or a cessé. Suite à cela, l'or est "entré en clandestinité" dans un rôle de monnaie qui ne dit pas son nom. Quasi monnaie puisque tous les grands Etats en détiennent des tonnes dans leurs coffres, comme réserve ultime de valeur, alors qu'en parallèle le FMI a voulu imposer ses DTS (Droits de Tirage Spéciaux) et interdire (depuis 1978) d'adosser une quelconque monnaie au métal jaune. Un tel paradoxe pousse par exemple la Chine et la Russie à renforcer massivement leurs positions sur l'or, voire directement à l'utiliser comme valeur d'échange avec certains de leurs partenaires, de manière à limiter leurs engagements sur des devises classiques et officielles telles que le dollar. En lisant l’Exchange Stabilization Fund du Trésor Américain, on comprend vite qu’ils ont toute la latitude nécessaire pour intervenir librement sur l’évolution des marchés, dont ceux de l'or et de l'argent métal.
J.-F. F : Ces révélations servent à mettre un coup de projecteur sur des pratiques qui illustrent la collusion entre banques systémiques et Etats pour arranger les intérêts des uns et des autres. D’un côté, le cours de l'or doit baisser, spécifiquement en périodes critiques, pour éviter une fuite de capitaux de produits bancaires, plus ou moins structurés, vers de l'or qui ne rapporte rien aux banques. D’un autre point de vue, ces révélations nous font réfléchir à la place que tient l'or dans l'arbitrage global que peuvent faire les Etats et leurs banques centrales. Un cours de l'or durablement à la hausse détournerait par exemple les investisseurs des obligations d'Etat. Cette relation ambigüe d’amour et de haine des Etats pour l’or est donc partiellement révélée par ces scandales de manipulation.
Je reste par exemple interrogatif sur le cours de l'or qui a chuté la veille de la votation proposant aux Suisses d'adosser 20 % des actifs de leur Banque Centrale à de l'or. Quelques semaines avant, le oui était donné gagnant... Nous avions poussé le jeu très loin et avions interrogé les Français sur le même sujet avec l'IFOP. A presque 70 % les Français (non influencés) auraient répondu « oui » pour adosser les actifs de leur Banque Centrale à de l'or. Ce résultat éloquent prouve que tout est permis pour que l'or reste cantonné à son statut de relique barbare alors qu'en même temps il ne tient plus en place et une seule étincelle pourrait en libérer le cours et l'envoyer vers des valeurs stratosphériques. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, la monnaie "open source", la monnaie "libre de droits", ce n'est pas le bitcoin (qui reste marginal) mais bel et bien l'or, véritable monnaie du peuple. Cette constatation a évidemment pour effet d’irriter fortement les Etats et les banques car c’est hors de leur contrôle.
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