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Magic, ou le succès accidentel d’une non-innovation

Publié le 27 février 2015 par Pnordey @latelier

Par Guillaume Scifo

Surprenante de simplicité, un brin accidentelle, une start-up américaine veut rendre tous les services possibles à ses clients par SMS. Un système qui prend le contre-pied des innovations actuelles dans sa technologie et dans sa philosophie.

Le service que propose depuis quelques semaines la start-up californienne Magic est tellement étrange qu'on a du mal à le qualifier de prime abord. Pas d'application, pas de magasin, aucune présence sur les réseaux sociaux, un site minimaliste et pourtant l'entreprise promet de faire tout ce qu'on lui demande (dans la limite de la loi). Réserver des billets, se faire livrer une pizza, du papier toilette un guidon de vélo, voire un animal, Magic entend relever tous ces défis. Ambitieux et un peu effrayant.

C'était au départ un test, un essai pour voir ce qu'on peut faire avec un service par SMS lancé par les concepteurs du application de santé connectée. Conçu en un week-end, Magic a cependant vite dépassé ses fondateurs avec 17 000 requêtes dans les premières 48h selon TechCrunch, à tel point que désormais les nouveaux utilisateurs sont sur liste d'attente. Un succès que n'attendaient pas vraiment les fondateurs. Sans doute y a-t-il un effet nouveauté et beaucoup, notamment parmi les journalistes américains, se sont amusés à tester les limites de la "magie".

Disponible sur le seul territoire des États-Unis pour le moment, le service fonctionne uniquement par SMS. Concrètement, l'utilisateur envoie un message commençant par "Magic" au numéro indiqué puis demande à peu près n'importe quoi. Les conseillers (humains et non robotique) à l'autre bout de la ligne tentent alors d'accomplir la mission " as soon as possible" en passant par des entreprises tierces. En fait, Magic se contente de faire le lien. Un homme de main virtuel pour résumer mais disponible 24h sur 24 et 7 jours sur 7. Le règlement se fait ensuite via le service de paiement Stripe. C'est tellement simple que c'en est déconcertant.

Magic, ou le succès accidentel d’une non-innovation
Magic, ou le succès accidentel d’une non-innovation
Magic, ou le succès accidentel d’une non-innovation

Après un court échange de SMS avec un conseiller pour déterminer heure de livraison, adresse et prix par exemple, on peut donc recevoir un peu n'importe quoi (nourriture, écouteurs, poisson rouge, etc). La startup avoue même être parvenue, après plusieurs tentatives à livrer des sushis sur un bateau et se dit prête à livrer un tigre si la chose devient légale ! Moyennant finance Magic peut tout faire. Un outil qui se destine donc principalement à des gens capables de payer assez cher pour assouvir une envie ou une folie passagère. En cela Magic prend le contre-pied des innovations récentes qui tentaient de démocratiser des services (en santé connectée par exemple) : la startup vient en aide aux flemmards - quand ils peuvent payer.

On était en effet jusqu'ici habitué aux start-ups avec leurs idéaux, leur envie de rendre plus de services, de démocratiser des objets, d'aider les pays émergents. Avec Magic on en est loin même si son fondateur, Mike Chen, avouait à Re/code vouloir rendre accessible à tous les services d'un majordome ou d'un concierge, le fait est que le principe de sa startup est d'employer des hommes de main pour assouvir les envies de ceux qui peuvent payer. Seule la technologie employée permet une plus grande accessibilité alors que le prix reste exactement le même, proportionnellement aux services demandées. Se faire livrer des sushis sur un bateau ne sera donc pas plus accessible qu'avant.

Au niveau technologique aussi, Magic prend le contre-pied des innovations récentes : l'idée n'est pas nouvelle (la start-up reprend la fonction d'homme de main), le canal utilisé est loin d'être novateur (le SMS est installé depuis plusieurs décennies) et les services rendus ne sont pas nouveaux (la livraison de pizza ou la réservation de billets ne date pas d'hier non plus). Mais ça marche ! Pour l'instant tout du moins. Pas sûr en effet que la startup passe le cap du buzz dans la presse américaine, tant son business model n'est pas encore défini.


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