L'histoire: Katniss s'est réfugiée dans le district 13, coeur de la rébellion contre le président Snow. Elle devient le symbole de la résistance des habitants de Panem et espère pouvoir sauver Peeta, retenu prisonnier au Capitole.
Je me suis abstenue pour le premier - qui me semblait être un Battle Royale à la sauce américano grand public. Je n'ai rien dit sur le deuxième - qui me semblait être un reboot du premier, lui-même inspiré de Battle Royale à la sauce etc ... Mais je ne peux plus me taire sur Hunger Games, la plus grande arnaque cinématographique de ces dernières années... Bon d'accord, j'exagère un peu et les livres sont sans doute à mettre en cause aussi mais je ne les ai pas lus. Et puis, adaptation ou pas, cela reste un film et je juge ce film en tant que tel, sans me référer aux bouquins.
Si les deux premiers films se regardent avec un plaisir coupable (et encore...), le troisième opus est une véritable torture. Aucun des clichés dystopiques de films pour adolescents ne nous est épargné. Ni le jeu très inspiré des acteurs, les incohérences scénaristiques, la musique épique au moment épique (ou mélodramatique au moment mélodramatique) ou encore les dialogues ponctués de grands sentiments et de punchlines. Il y a tellement à dire que je ne sais pas par quoi commencer. Et je suppose que je vais encore en oublier la moitié.
A bien y réfléchir, tout le problème concerne le personnage de Katniss. Et comme le film tourne autour d'elle, tout devient foireux. D'une part, cette fille a l'air d'être parfaitement stupide, mis à part quelques moments d'heureuse lucidité. On veut nous faire croire qu'elle est l'héroïne de l'histoire alors que le symbole de la rébellion qu'elle incarne est une image construite par Plutarque et la présidente Coin. Alors oui, de temps en temps elle réussit à imposer sa volonté, mais elle ne reste qu'un pion sur un échiquier qu'elle ne maîtrise pas. Mais le pire, c'est qu'elle ne semble pas s'en rendre compte. Je ne sais pas si elle pense sincèrement que sa petite personne réussira à changer Panem...Surtout que le district 13 ressemble à s'y méprendre à une dictature. Tout le monde porte le même uniforme, les discours de la présidente sont ponctués de l'équivalent d'un salut nazi et son dernier speech sur l'unité de la nation est ultra révélateur. Peut être que Katniss n'est pas bonne observatrice mais il y a bien quelqu'un qui s'en rend compte non?! Haymitch par exemple. Il est alcoolique mais pas débile. Il doit bien se douter qu'il se cache quelque chose de louche derrière la Prohibition. On regarde donc un film qui propose de faire tomber un régime totalitaire et de le remplacer par une "démocratie" qui n'est autre qu'un autre régime totalitaire. Est-ce qu'il n'y a que moi que ça dérange?
D'autre part, je suis consternée par le jeu de Jennifer Lawrence, qui compte deux expressions faciales dans sa palette. 1-(Bouche ouverte et larmes aux yeux) Mon Dieu, regardez comme je suis bouleversée par ce que je vois. Ohlala la guerre, c'est vraiment horrible. 2 - (Sourcils froncés, voix hargneuse) Prends garde à toi vilain monsieur du Capitole, je suis colère et je vais venir te botter les fesses parce que, vraiment, tu n'es pas gentil avec les districts rebelles. Katniss étant présente dans quasiment la totalité des scènes, cela devient assez vite handicapant de cumuler le personnage au charisme d'huître avec un jeu qui laisse à désirer. Mais passons.
Le film en lui-même est assez mal construit et plutôt mou du genou. On s'ennuie très vite, en attendant qu'il se passe enfin quelque chose. La résistance s'agite beaucoup pour rien, et s'occupe principalement de promener Katniss dans les districts (pour lui montrer qu'elle doit être le symbole de la rébellion, puis pour la filmer en tant que symbole de la rébellion, puis pour retourner chez elle, puis...) Entre tout cela, on intercale aussi des moments un peu plus mélodramatiques mais comme c'est déjà pas très remuant, ça plombe encore plus l'intrigue. Je me suis réveillée dans les dernières minutes, où la situation devient (ENFIN!) intéressante lorsque l'on découvre le lavage de cerveau de Peeta. Et ça s'arrête là.
Je ne vais pas m'attarder plus longtemps sur un film qui n'en vaut pas la peine, mais je ne peux pas m'empêcher de parler des autres personnages. Je ne sais pas à quel point cet opus s'approche du livre, mais j'ose espérer que certains des protagonistes sont moins cons dans le bouquin que dans le film. Levez la main ceux qui iraient sauver leur chat pendant un bombardement... J'adore le mien mais je ne suis pas sûre que la pensée d'aller le chercher m'effleure l'esprit si des bombes me tombent sur la tête. Peut-être que la logique à Panem est différente... C'est à se demander comment la résistance va faire pour gagner avec ces bras cassés. Plus sérieusement, tous les personnages qui pourraient avoir de l'épaisseur, comme la présidente Coin ou Plutarque, les véritables leaders, sont éclipsés par Katniss donc on ne peut pas comprendre leurs réelles motivations. Si on y réfléchit bien, je ne pense pas faire partie du public ciblé donc forcément, je suis plus intriguée par les manoeuvres politiques que par les amourettes à la noix de Katniss (je n'aurais jamais pensé écrire ça un jour!) L'autre personnage qui nous intéresse, et qu'on voit à peine dix minutes en tout, c'est Peeta. Tout le monde a bien compris qu'il est manipulé par le président Snow pour contrer les effets de la révolte mais on a envie de savoir comment cela s'est produit. Surtout que la transformation physique de Josh Hutcherson est assez impressionnante et qu'il était plutôt bon le peu de temps qu'il est passé à l'écran. Et non, c'est cette gourde de Katniss qui lui vole la vedette.
Malgré mon manque total d'objectivité dû à un certain agacement d'être prise pour une imbécile, je ne pense pas me tromper en disant que le film manque de panache parce qu'il repose sur une héroïne superficielle. Il y a pourtant une galerie de personnages à fort potentiel autour d'elle (incarné par un casting assez prestigieux) mais qui est totalement ignorée. Au mieux, ils sont bâclés, au pire caricaturés. Il n'y a qu'à voir Gale, pathétique meilleur ami transi d'amour qui a toujours son épaule musclée à proposer dès que Katniss veut verser sa petite larme. Ou Effie, insupportable pipelette conseillère en image de Katniss que personne n'écoute et qui ne sert strictement à rien, pas même dans la progression de l'intrigue. Et faut-il évoquer les dialogues faussement inspirés et transcendants? Juste un pour la route. Katniss accepte enfin de devenir le symbole de la rébellion et Effie lui dit quelque chose comme: "Tu seras la rebelle la mieux habillée de tous les temps." Depuis quand on juge un leader sur ses fringues? (Bon en même temps, quel réseau de la résistance fait de la publicité pour renverser un régime?)
Il y a encore beaucoup de choses à dire mais j'ai épuisé mon quota de mauvaise foi et je pense que je vais m'arrêter sur ce constat édifiant.