La preuve sans équivoque d’une dysfonction immunologique et des biomarqueurs de diagnostic, c’est ce qui manquait pour diagnostiquer précisément la maladie. Car cette affection mystérieuse que reste le syndrome de fatigue chronique (SFC), bien que reconnue par l’Organisation mondiale de la santé depuis 1992, n’avait pas encore ses marqueurs diagnostiques biologiques. Cette étude, présentée dans la revue Science Advances, confirme, avec l’identification de signatures immunitaires, quele SFC est donc bien une maladie biologique et non un trouble psychologique. Avec des étapes pathologiques distinctes.
Le syndrome de fatigue chronique (SFC) ou encéphalomyélite myalgique est une affection de longue durée qui provoque une fatigue persistante et handicapante. Ses causes restent largement inconnues, il n’existe pas de traitement » radical » et le SFC a longtemps été considéré comme » indiagnostiquable « . Il est pourtant responsable d’un lourd fardeau sanitaire avec ses symptômes de fatigue persistante, faiblesse musculaire, douleurs, troubles de la mémoire et du sommeil. Sa prévalence est estimée, très globalement, entre 0,1% et 3%. A ce jour, aucun marqueur biologique ou organique n’avait été retenu pour détecter ou diagnostiquer ce syndrome. Or des anomalies cérébrales identifiées récemment par une étude de Stanford. Son diagnostic restait donc complexe.
Les chercheurs de l’Université Mailman School of Public Health (New York), de Stanford, de la Nova Southeastern University (Miami) et de la Harvard Medical School (Boston) se sont dit que cette incapacité à identifier des biomarqueurs reflétait des variations dans les critères de diagnostic et les méthodes d’analyse de laboratoires. Ils ont donc entrepris 2 études de cohortes multicentriques portant sur 298 patients atteints de SFC et 348 témoins en bonne santé, afin d’évaluer la relation de signatures immunitaires avec le diagnostic, la durée de la maladie, et d’autres variables cliniques. Par méthodes de dosage immunologique, les chercheurs ont ainsi précisé les niveaux de 51 biomarqueurs immunitaires dans les échantillons de plasma sanguin des participants et pu identifier des signatures immunitaires plasmatiques spécifiques aux patients atteints et selon le stade de la maladie :· les cas de SFC précoce (symptômes depuis moins de 3 ans) présentent une activation importante des 2 cytokines pro- et anti inflammatoires, dont, particulièrement, une cytokine appelée interféron gamma déjà liée à la fatigue et à l’origine de nombreuses infections virales.
· avec la durée et la sévérité de la maladie, une corrélation plus forte des altérations de ces cytokines,
En conclusion, l’immuno-pathologie du SFC n’est pas statique, elle varie au fil de la maladie.
« Nous avons maintenant des preuves confirmant ce que des millions de personnes atteintes de cette maladie savent déjà, le SFC n’est pas psychologique ! « , confirme l’auteur principal, le Dr Mady Hornig, de l’École Mailman de Columbia. Des implications importantes donc, pour le diagnostic précoce mais aussi la prise en charge adaptée de la maladie, dont les symptômes, encore une fois très handicapants, vont de la fatigue extrême et des difficultés de concentration à des maux de tête et des douleurs musculaires sévères.
Un rappel des symptômes cliniques : Rappelons, que tout récemment, un Comité d’experts de l’Office on Women’s Health soutenu par les US National Institutes of Health (NIH) a élaboré de nouveaux critères diagnostiques du SFC comprenant 5 principaux symptômes. Ces nouveaux critères de diagnostic ont également pour objectif, de faciliter le diagnostic en routine des cliniciens afin de permettre au plus grand nombre de patients actuellement non diagnostiqués d’avoir accès aux soins appropriés. Le diagnostic du SFC nécessite que le patient présente
· les 3 principaux symptômes suivants:
1. Un affaiblissement de la capacité à s’engager dans des activités, persistant pendant plus de 6 mois et accompagnée d’une fatigue chronique et sévère, qui n’est pas le résultat d’un effort ponctuel excessif et ne s’atténue pas avec du repos,
2. l’aggravation de ce symptôme après tout type d’effort, physique ou cognitif, ou après un stress émotionnel,
3. un sommeil non réparateur.
· Et, au moins 1 de ces 2 symptômes :
1. Des troubles cognitifs,
2. l’incapacité de rester debout, avec des symptômes qui s’améliorent en position couchée (intolérance orthostatique).
Source: Science Advances 27 Feb 2015 DOI: 10.1126/sciadv.1400121 Distinct plasma immune signatures in ME/CFS are present early in the course of illness (Visuel” Comparison of plasma cytokine levels in short-duration ME/CFS, long-duration ME/CFS, and control subjects”)
Committee on the Diagnostic Criteria for Myalgic Encephalomyelitis/Chronic Fatigue Syndrome; Board on the Health of Select Populations; Institute of Medicine Beyond Myalgic Encephalomyelitis/Chronic Fatigue Syndrome: Redefining an Illness
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