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Au temps de Klimt, la Sécession à Vienne, exposition à la Pinacothèque, Paris

Publié le 01 mars 2015 par Regardscurieux

1_Klimt_Judith_Belvedere-250Le regard provocateur et lascif de Judith me fixait dans le métro, je n'ai pas pu résister. Klimt exerce encore, malgré le lot de reproductions sur tout support, une fascination enjouée. L'or, les corps diaphanes, le relief de matière de ses oeuvres à mi-chémin entre le symbolisme onirique et le bijou décoratif... Un souvenir du monde d'hier, qui joue les valeurs sûres.

L'annonce de l'exposition à la Pinacothèque, Paris, était donc une formidable promesse. Klimt me donnait aussi l'occasion de visiter une des autres " succursales" de la Pinacothèque, qui semble désormais s'étendre autour du site central. Rue Vignon 8, donc. Une entrée un peu solennelle, une fluidité remarquable pour ceux qui ont pré-acheté leurs billets. Une fois l'entrée de l'expo franchie, je déchante: c'est plein à craquer, le choix des couleurs foncés amplifie cette impression. La lecture de vastes panneaux de texte bloque carrément cette première salle où nous accueille le jeune Francois Josef I, dont le règne (1848-1916) se prolonge à l'infini, dans un conservatisme tranquille.

Dans les salles suivantes, on découvre l'époque, le style classique et bourgeois qui domine, des toiles de bonne facture mais sans éclat. Quelques oeuvres de Klimt, famille et amis, classiques et historiques, des portraits de bourgeoises d'un éclat limpide ou troublant (Freud n'est pas loin). Les explications sont intéressantes et le panorama riche. On apprend beaucoup sur la Sécession, mouvement pour l'art total, un art nouveau en devenir. Mais celui qui recherche la splendeur dorée et la rupture de style des tableaux de Klimt devrait se contenter de Judith.

Le cœur et le résumé de l'exposition est sans aucun doute la reconstitution de la fabuleuse Frise Beethoven (1985) 7 panneaux immenses, disposés dans une sorte de longue salle en courbe. Créée en 1902 pour orner le Palais de la Sécession à Vienne, elle traduit en images le texte et le ressenti de Richard Wagner, en écoutant la 9 symphonie de Beethoven. Le lien entre la musique, le ressenti et le peintre est de prime abord poétique: des corps endormis flottent en apesanteur. Et puis, un chevalier doré, drapé dans la superbe d'un héros mythique fait irruption, entouré de femmes longilignes: on s'y attendait un peu.

Mais la vrai surprise vient de la fresque centrale et des personnages qui la dominent: un immense singe-serpent, cousin du futur King Kong et une femme âgée à l'opposé des belles, mais dominatrice et royale. Une sensation maléfique s'en dégage. Les habitués de l'esthétique lisse de Klimt sont chamboulés, le contraste est vivifiant.

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La fin de la fresque nous donne un sujet plus attendu: un baiser triomphal au son de l'ode à la joie.

J'y reste un temps, en tentant de lutter avec le flot de personnes. Et j'observe avec fascination le nouvel rite des visiteurs d'expositions: ils avancent lentement, en attendant d'être en face d'un tableau, le prennent en photo sur leur smartphone en quelques secondes et continuent. Certains ne regardent pas le tableau autrement qu'à travers leurs appareils.  Ils auront des images, certes, mais que restera-t-il de l'exposition?

 La Pinacothèque de Paris  du 12 février au 21 juin 2015

Au Temps de Klimt, la Sécession à Vienne.

 


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