Ça faisait bien longtemps qu'on attendait ça, maman et moi : retourner à un concert. Pour notre retour aux affaires, malgré le côté dandy crooner de la tête d'affiche de la soirée, c'est bien moi qui avait décidé du déplacement. Car, si maman avait participé à la mise au point du classement, jamais "Happy Soup" n'aurait figuré en première place des meilleurs disques de 2011. Poser cela, elle apprécie quand même, hein. Disons juste que ce n'est pas le disque qu'elle met d'elle-même à la maison. Heureusement, il y avait deux autres concerts prévus le même soir, c'était dans le cadre du festival Fireworks-A Nous Paris. En tout cas, ça n'est pas Marie-Flore qui justifiera non plus le déplacement. Pour moi non plus, d'ailleurs. Pas que sa musique soit désagréable, juste qu'elle manque de consistance, de personnalité. Chanter en anglais dans un style et un son déjà entendus des milliers de fois, c'est un pari risqué. Il faut faire preuve d'une prestance scénique et disposer d'un rendu sonore bien au-dessus de la moyenne pour s'en sortir. Malgré un évident savoir-faire, Marie-Flore ne se détache pas du lot, pas aidée en cela par le tract de jouer devant tant de monde dans la mythique salle de l'Olympia.
De tract, il sera encore question pour ses successeurs sur scène, Aline, dont le nouvel album devrait sortir peu avant l'été prochain. Ayant un temps limité à trente minutes, le groupe avait prévu de jouer presque uniquement des nouveaux morceaux, terminant seulement par le classique "Je bois et puis je danse". Risqué là aussi d'autant que le groupe n'est pas connu pour être des bêtes de scène. N'empêche les quelques titres entendus sont prometteurs, notamment l'excellent "Promis Juré Craché" et bien sûr le single "La vie électrique".
Quand le "crandy" - comme il se nomme, contracté de crooner et de dandy -
entre en scène, on est par contre tout de suite en terrain connu. L'anglais
enchaîne les titres de son avant-dernier disque, "Happy Soup" - mon préféré. Les
versions sont plus rock et même meilleures que celles de l'album. Les
musiciens - une sorte de Bernard Butler à la basse, de Jeff Buckley à la
guitare, et la française Fabienne Debarre, très classe chanteuse de We Were
Evergreen -, tous jeunes et excellents transcendent les morceaux. Très
peu de titres antérieurs à "Happy Soup" seront joués hormis le morceau final "Cocaïne Man" et le foufou "Love in the Garden". Bref, ce fut pour moi un sans faute, Dury restant aussi fidèle à son personnage décalé. Ce n'est sans doute pas ça qui fera
changer d'avis maman, même si elle reconnaît que lui et son groupe
assurent un max' sur scène. C'est déjà ça.