Evidemment, l’histoire de chaque entreprise est unique. Néanmoins, quand on interroge des entrepreneurs sur la genèse de leur aventure, on retrouve souvent un mélange de besoins insatisfaits (« si ce service existait, je l’utiliserais ! »), de rencontres, et d’envie de se donner à fond sur un projet porteur de sens.
Bertrand Altmayer de Marcel et son associé ont eu l’idée de créer un service de VTC en cherchant un taxi à 4h du matin sous la pluie pour rentrer à Asnières-sur-Seine, après une soirée arrosée. Au début, c’était une plaisanterie entre eux… Puis le changement de législation en France a été le déclencheur du passage à l’acte : « On a commencé à creuser cette idée au début autour d’une bière, et rapidement plus sérieusement. »
Le rôle de la bière dans la constitution des duos d’associés est certainement injustement méconnu… Plus généralement, une expérience partagée peut être un déclencheur pour s’associer. C’est ce que raconte Manon Durst, co-fondatrice de My Couture Corner : « J’ai toujours été passionnée de mode et d’entrepreneuriat, et j’ai toujours voulu lier les deux. Lors d’un voyage aux Etats-Unis, je me suis renseignée sur les start-up (qui sont devenues de grosses entreprises) qui ont été amorcées par des femmes, et dans ce classement il y avait Net-à-porter et un service de location de robes de luxe. Je m’étais dit que le projet était très intéressant sans me dire que c’était ça que j’avais envie de lancer. Puis j’ai rejoint le Master Innover et entreprendre à l’ESCP où j’ai réellement porté le projet. Avec Charlotte et Annabelle on a eu un mariage en commun où on a ressenti ce besoin et cette difficulté de trouver une robe jolie que l’on ne va mettre qu’une fois et pour peu d’argent. C’est avec cette expérience à toutes les trois que l’on s’est dit que c’était vraiment ça qu’on voulait lancer. »
Pour Benoît Renoul de Sharewizz, la question du sens a été déterminante pour se lancer : « En décembre 2011, quand a surgi l’idée d’un service qui permettrait de créer des liens utiles et de la confiance entre des gens, je me suis dit que cela avait beaucoup de sens pour moi. J’ai vite ressenti que l’adéquation totale de ce projet avec ce que je voulais faire de ma vie me donnerait l’énergie et la force nécessaire pour le mener à bien, malgré les complexités multiples que comporte un tel projet. Et il y a eu beaucoup de péripéties, déjà ! Mais chaque nouvelle journée passée à développer ce beau projet centré sur le partage, me rend toujours plus ravi de m’être lancé dans l’aventure. »
Un besoin d’apporter sa pierre à la société partagé par Caroline Pailloux-Wanecq d’Ignition Program : « Ignition Program est en grande partie une histoire de valeurs : la mission que nous nous sommes donnés est d’aiguiller par la transmission les meilleurs talents vers l’entrepreneuriat. Nous sommes convaincus que c’est par la création d’entreprises que la réussite des jeunes talents contribuera le mieux à la croissance de demain et à la création d’emplois. Etre entrepreneur, c’est toujours d’une certaine manière avoir envie de changer le monde ! »
Dans le parcours d’André Gueziec, c’est la conjonction d’une idée qui le travaillait depuis plusieurs années et de circonstances économiques et personnelles qui lui a donné l’élan décisif pour créer Beat the Traffic : « Je me suis fait licencier deux semaines à peine après avoir découvert que mon enfant avait un handicap. Je me suis alors donné pour mission de créer ma société et de persévérer. Toucher le bas m’a fait rebondir en quelque sorte. J’avais en tête l’image de l’oiseau phénix qui renaissait de ses cendres. »
Enfin, on peut être rattrapé par l’entrepreneuriat sans l’avoir spécialement prévu. C’est plus ou moins ce qui s’est passé pour Mélanie Marcel et Eloïse Szmatula de SoScience! : « Le projet s’est lancé de manière très opérationnelle. C’était un projet qui n’avait même pas de statut juridique, puisqu’il était hébergé par une association de l’école, mais on a voulu se lancer dans l’action et que ce soit utile immédiatement pour les entrepreneurs sociaux. Ça a duré à peu près un an, jusqu’à ce que fin 2013 Éloïse et moi-même finissions nos études. On s’est alors trouvées face à un choix : faire une thèse, aller dans l’industrie classique, ou faire autre chose. Finalement, on a décidé de travailler sur SoScience! parce que ça marchait très bien et que l’on rencontrait beaucoup d’entrepreneurs sociaux qui avaient une problématique de recherche. On s’est dit : si on ne le fait pas maintenant, on ne le fera jamais. On s’est lancées en septembre 2013 à temps plein toutes les deux et là on se structure beaucoup plus tout en restant dans l’action. »
Faut-il en conclure qu’« on ne naît pas entrepreneur, on le devient » ?
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