C’mon Tigre, c’est un puzzle auquel il manque plein de pièces. On sait que le cœur du collectif vient d’Italie, qu’il est – par définition — de taille variable, mais aussi que l’album est le produit de deux ans de voyages et de rencontres. Pas de visages, simplement une liste de noms définie comme une « dear extended family ». Un choix à prendre comme un jeu : pas une contrainte, mais une invitation à l’imagination.
On a pu voir en juin dernier la belle vidéo du single Fédération Tunisienne de Football, lancée à l’occasion de la Coupe du Monde 2014. Des personnages élancés, frêles comme des flammes y jouent une partie de foot dans le sable, dans un stade bondé de supporters. Animaux sauvages, footballeurs et supporters se rejoignent dans une danse endiablée au moment où les cuivres-éléphants débarquent, enrichissant d’envoûtants accords de quarte la partition sobre de guitare électrique et le chant à la Thom Yorke. On est passés, en l’espace d’un morceau, de la Tunisie à l’Ethio-jazz en passant par le rock anglais. C’est assez fort.
Ces grands écarts définissent cet album apatride, coloré, impérialiste de la mer, qui refuse de s’attarder et préfère s’exiler d’un morceau à l’autre vers de nouveaux horizons. C’mon Tigre n’est même pas un nom à prononcer en anglais, mais en anglo-italien (C’mon Ti-grè), comme on l’entend dans le morceau du même nom. Une voix rauque scande l’appel au tigre, rejointe rapidement par une batterie minimaliste et un chant nonchalant, téléphonique, qui viendrait de loin : « don’t you know that I’m lost ».
On pourrait tenter de saisir l’essence de ce disque, mais ce serait encore un exercice d’imagination. Accordons-nous simplement sur ceci : l’album est un voyage, une invitation à la rêverie, à la paix peut-être ? Les morceaux de l’album se suivent sans vraiment se toucher, comme les îles d’un archipel, définies autant par la terre qui les porte que par la mer qui les sépare. Peut-être que c’est ce que l’album propose : une lettre d’amour à la Méditerranée, bassin maternel autant que fratricide – mais une lettre écrite dans une langue universelle, ancestrale, qui parle de chacun de nous.
Tracks à écouter pour se faire une idée : Rabat, A World of Wonder, December, le diptyque Building Society – The Great Collapse, suivi de Building Society—Renovation.
C’mon Tigre est sur Facebook et Twitter/ L’album est en vente sur iTunes et Amazon
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C'mon Tigre, Ethio-jazz, Funk, indie rock, Italie, Jazz, Méditerranée, voyage
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